Dès lors, allons-y gaiement et apportons notre modeste pièce à l’édifice, que dis-je au piédestal sur lequel chaque élément féminin exige d’être placé, faute de quoi on hurle à la victimisation…
Cet ensemble m’avait beaucoup frappé, car c’était déjà, au premier abord, un véritable tour de force : à propos de scènes rigoureusement identiques, les deux époux, tour à tour, réagissaient de façon diamétralement opposée, les certitudes bien ancrées en chaque spectateur en prenant un sacré coup !
Plus modestement, le document (souriant) que je mets en ligne (et beaucoup plus récent, car il date de 1980) permet à tout un chacun de constater, une fois encore, que qui n’entend qu’une cloche, n’entend qu’un son. Ainsi, les sempiternelles jérémiades féminines peuvent-elles, éventuellement, être remises à leur place réelle… Mais pour autant, qu’on se le dise : je suis plutôt gynophile. Mais jusqu’à un certain point.
⁂
24 heures de la vie d'une femme.
Vous allez trouver dans cette les 24 heures de la vie d'une femme de vingt-six ans, que l'on trouve au travail pleine de vitalité, souriante, heureuse de vivre, car elle chantonne souvent...
Cette femme pourtant sent que la vie passe à côté d'elle, comme beaucoup de femmes qui travaillent, d'ailleurs.
La semaine, c'est le boulot, le week-end, c'est le ménage, raccommodage, repassage, courses, et la visite du dimanche après-midi aux parents pour montrer la gamine de huit mois.
Le mari, c'est le pacha ! C'est lui qui se lève à midi, puis qui regarde la télé du début d'après-midi à la fin du programme (quand les horaires de travail le permettent, car il travaille en feu continu), qui boit l'apéritif, bien calé dans le fauteuil, le digestif allongé sur le canapé et qui ne participe en rien aux corvées du ménage, mais qui se permet de faire des réflexions du genre :
"Tu ne sais plus faire à bouffer, ça manque de goût", ou encore : "Tu es partie ce matin sans fermer le robinet du gaz".
Cette lettre faisant l'objet d'une étude et non d'une plainte, je passe enfin à mon emploi du temps :
5 h 40 : sonnerie du réveil. Je l'arrête rapidement, me lève en douceur, cherche mes pantoufles dans le noir et quitte la chambre sur la pointe des pieds, tout ceci pour ne pas réveiller Monsieur (il travaille en trois huit, nous n'avons donc jamais les mêmes horaires).
Jusqu'à 6 h : toilette, habillage et maquillage.
6 h, 6 h 10 : déjeuner. Faire chauffer le repas du chien.
6 h 10, 6 h 20 : sortir le caniche à la laisse, pour pipi dans les rues du quartier. Au retour, couper viande du chien et changer l'eau du bol.
6 h 20, 6 h 30 : préparation du biberon. Réveiller et changer Coralie (huit mois).
6 h 30, 6 h 45 : donner le biberon.
6 h 45, 7 h : derniers préparatifs avant départ, laver les dents, mettre rouge à lèvres et eau de toilette, contrôler le contenu du Vanity, petits pots, habits, bavoirs.
7 h, 7 h 05 : départ de la maison et mise en marche de la R4.
7 h 10 : arrivée chez la nourrice, quatre étages à monter. Dernières consignes pour la journée.
7 h 20 : départ pour le boulot avec arrêt boulangerie pour la baguette de Monsieur.
7 h 30 à 17 h : travail (employée de bureau dans une usine sidérurgique).
17 h 05 : récupération enfant.
17 h 30, 18 h : donner le bain à Coralie et préparation du souper.
18 h 15 : repas. Coralie au lit, mise en route du dîner.
19 h, 19 h 10 : on passe à table.
À ce moment, j'appelle Monsieur qui regarde la télé confortablement assis dans le salon.
19 h 30 : retour du mari devant le téléviseur, jusqu'à fin du programme. Pour ma part, je débarrasse la table, fais la vaisselle, balaie et prépare le casse-croûte du mari pour le lendemain.
20 h : lavage linge de bébé, démaquillage, toilette.
20 h 30 : au lit. Et voilà encore une journée de passée...
24 heures de la vie d'un mari
Je peux moi aussi, vous donner 24 heures de la vie d'un homme ... avec une femme.
2 h : tiens, bébé pleure. Il faut que je me lève, comme d'habitude, car elle n'entendra pas ; les somnifères la laisseront dans les bras de Morphée jusqu'au matin.
6 h 30 : réveil. Je prends mon petit déjeuner seul.
7 h : départ - elle dort toujours - bébé dort aussi. Leurs déjeuners sont prêts. Rasage, habillage (mais où a t-elle rangé mes chaussettes ?), faire faire pipi au chien.
11 h 30 : est-ce que je rentre à midi manger un sandwich comme hier ? Car hier, j'étais seul, elle avait rendez-vous chez son coiffeur : c'est plus pratique pendant le déjeuner, quand on travaille, d'autant plus qu'un repas sauté c'est très bon pour la ligne !
Ah ! mais non, à midi, il y aura un repas. C'est demain soir qu'elle ne rentrera pas, sauf pour se changer, en coup de vent, car demain soir c'est le dîner d'affaires avec son patron et quelques clients. Je dînerai seul avec bébé.
12 h 20 : repas - rapide, car nous n'avons pas beaucoup de temps. Il faut déjeuner, oui mais ne pas laisser la maison trop en désordre, donc en une heure : il y a aussi la vaisselle et faire faire pipi au chien... vite... c'est l'heure... à ce soir.
18 h : retour - non, elle m'a laissé une petite note pour faire les courses (en compagnie de bébé qu'il a fallu récupérer chez la "nounou").
19 h 30 : tiens, elle rentre - crevée comme d'habitude :
- Le lundi, parce qu'elle a mal au ventre.
- Le mardi, parce que pour tenir la ligne, elle n'a pas suffisamment dîné.
- Le mercredi, parce que beaucoup de travail à la maison.
- Le jeudi... tiens ça va !
- Le vendredi, à la fin de la semaine, toujours.
- Le samedi, avec tout ce ménage, les enfants, ce mari qui ne fait jamais rien (sic).
- Le dimanche, s'il n'y avait pas ce sacré temps...
20 h : Monsieur prend son journal ; il n'y a rien à se dire ? Mais si... à condition d'avoir d'autres discussions que :
- Tu as vu cette pub dans Marie Claire ? J'ai envie d'acheter cette crème pour me faire perdre ce bourrelet (?) si tenace.
- Tu ne trouves pas que j'ai un teint fade, sans éclat...
- Ah ! je n'arrive pas à me coiffer.
- Quelle chipie cette fille, cet après-midi, au bureau...
- J'ai vu une de ces robes...
- Problèmes de poids, de régime, de vêtements, de poids, de régime...
21 h ou 22 h 30 : le lit chacun de son côté.
Eh ! oui, le mal de ventre, la migraine, la fatigue, l'envie irrésistible de terminer la revue commencée, les petits problèmes légitimes d'une femme, cela existe, et il ne reste plus beaucoup de place pour le reste...
Vous voyez que la caricature est aisée, mais est-ce bien une caricature ?
In , 1980
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