Le caractère d'Alceste
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- Création : mardi 23 novembre 1971
- Publication : dimanche 16 avril 2017
- Écrit par J.-P. Delbègue
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I. Le franc-parleur
- Un idéal : toujours dire la vérité.
- Il veut changer le monde.
- N'y parvenant pas, il ne lui reste qu'à le quitter.
II. L'atrabilaire
- Dominé par son indignation, il ne peut se contenir.
- De même, il ne peut s'empêcher d'aimer Célimène.
- Il n'est pas complètement ridicule, parce qu'il reste lucide.
III. L'être d'élite
- Il sait voir la valeur de toutes choses : vers d'Oronte, politesses de Cour ...
- Passionné de justice, de noblesse de cœur.
- Sentiment un peu naïf de sa propre valeur.
IV. Conclusion
Le personnage vit après Molière (type littéraire et humain ; cf. la réaction de Rousseau).
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COMPLÉMENTS POUR L'ÉTUDE (ET LA DISCUSSION) DU PERSONNAGE
Alceste devant :
- les conventions sociales ;
- l'amitié ;
- l'amour.
Pourquoi ne supporte-t-il personne ?
(il supporterait quelqu'un d'aussi intransigeant que lui).
Pourquoi est-ce qu'il jure ?
- C'est à la mode (v. 567, 575) ;
- mais chez lui c'est sincère.
C'est plutôt le Parrhésiaste (= franc-parleur) que le Misanthrope (v. 1087, 1165, 1574).
- Franchise.
- Refus des nuances.
- Volonté d'imposer le bien (moralité, justice) - ou, sinon, de se retirer du monde.
- Haine de la médiocrité, du toc (la politesse passe-partout, les sonnets plats ... ).
- Or il est clairvoyant : il voit le monde tel qu'il est*.
- C'est parce qu'il est lucide qu'il est jaloux : à juste titre.
- Caractère d'élite, culte du beau, du vrai, du juste.
- Aristocratie : je veux qu'on me distingue. Il est le seul véritable aristocrate dans cette société de haute noblesse.
- Orgueil naïf : le monde a les yeux fixés sur lui (aux yeux de l'univers, v. 200 ; vous pouvez parler haut, v. 750). Fait la leçon.
- Il subit une injustice évidente : cela indignera le monde, et fera la preuve qu'il a raison. Il y a du masochisme aussi là-dedans (le plaisir de perdre mon procès, v. 196).
- Tout d'une pièce : c'est pourquoi il éprouve pour Célimène une grande passion, au lieu de la simple galanterie en usage dans ce milieu (cf. les amours accommodantes d'Éliante et Philinte, IV, I).
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Une anecdote du XVIIIe siècle: l'abbé Mongant, précepteur du fils du Régent, se plaignait d'avoir des "vapeurs". C'est une terrible maladie, disait-il : elle fait voir les choses telles qu'elles sont.Marivaux imagine le "monde vrai", où chacun dit réellement ce qu'il pense ; mais il en tire une morale de prudence, et non de colère. Cette dernière était réservée à Jean-Jacques.
Goldoni n'osa pas lire à Rousseau sa pièce "le Bourru bienfaisant", de peur qu'il y vît une allusion à son caractère.
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