Quand vous avez lu quelques pages d'un bon livre, suivez les conseils qu'il vous donne ; car ce sont les conseils d'un ami.

 

- Voilà un bien beau chapitre ! s'écria Francinet, tandis qu'Aimée refermait son livre. Je n'aurais jamais cru qu'il fût si utile de savoir lire. Maintenant je m'appliquerai avec tant de courage que je finirai bien vite d'apprendre, ne fût-ce que pour pouvoir lire les belles choses dont votre livre est plein, mademoiselle Aimée.

- C'est une bonne résolution, Francinet ; mais qui donc te montrera à lire ?

- Oh ! dit Francinet, dès que je ne veillerai plus, ma sœur Pauline me fera lire tous les soirs en revenant de sa journée ; au lieu de suivre mes lettres avec nonchalance, je serai très attentif. Puis le dimanche, dans l'après-midi, j'étudierai encore. Je veux suivre comme il faut les conseils du livre : je ne veux pas rester ignorant.

- Quand tu sauras lire, Francinet, je te prêterai tous mes livres ; cela fait que tu pourras apprendre tout ce que je sais.

- Vous êtes bien bonne, mademoiselle Aimée, et je voudrais bien pouvoir vous rendre autant de services que vous m'en avez déjà rendu depuis quelques jours seulement que je vous connais.

- Francinet, répondit la petite Aimée d'un air sérieux, tu m'as été aussi utile que j'ai pu l'être pour toi. Tu m'as fait beaucoup réfléchir depuis hier ; et si je t'ai donné l'envie de t'instruire, tu as de ton côté, je te l'assure, fait naître en moi le même désir. Je veux apprendre beaucoup de choses auxquelles je n'avais jamais songé ; je ne veux pas rester indifférente aux questions qui intéressent les pauvres ; car, je le sens, j'aime ceux qui sont moins heureux que moi; je les aime plus encore que ceux qui, comme moi, ont de la fortune. Je veux donc être aimée d'eux, et pour cela, Francinet, je veux devenir meilleure. Vois la belle résolution que tu m'as inspirée, et dis-moi si je ne te dois pas beaucoup ?

Aimée tendit la main en souriant à Francinet et s'échappa vite, car l'heure du travail venait de sonner.