Vous avez là, Monsieur l'instituteur, plusieurs fort belles collections de tableaux d'images destinés aux leçons de choses, à l'histoire naturelle, à l'histoire. Ces tableaux ornent les murs de votre salle, et donnent à l'école un air élégant et coquet qui plaît à l'œil.
Mais je crains que vous ne vous en serviez pas très fréquemment ; car plusieurs sont couverts d'une couche de poussière qui prouve qu'on ne les dérange pas souvent, et d'autres sont suspendus si haut, près du plafond, qu'il faut beaucoup de bonne volonté et même un certain appareil pour les décrocher. Dites-moi comment et quand vous vous en servez pour votre enseignement ?
- Je ne m'en sers pas régulièrement, il est vrai ; mais je les montre à mes élèves chaque fois que dans une leçon de lecture, par exemple, il est question d'un des objets figurés sur les tableaux.
- Cela est bon, mais cela ne suffit pas. Quand un visiteur vient à l'école, et prie le maître de reprendre avec ses élèves l'un ou l'autre de ces tableaux, il faut que l'instituteur puisse montrer quel parti il sait en tirer, comment il exerce l'esprit d'observation des enfants tout en leur donnant des notions exactes, tantôt sur le rôle et le fonctionnement des principaux organes du corps, tantôt sur les minéraux les plus utiles, tantôt sur les différentes espères de bois dont je vois des échantillons sur une de ces planches, tantôt sur les transformations que subissent les diverses matières premières entre les mains des hommes.
Mais il est indispensable, pour cela, de tracer un programme pour ces leçons de choses, de telle façon que chaque tableau passe, à son tour, sous les yeux de la classe.
Voici une collection de vingt tableaux édités par la maison Deyrolle, de Paris, qui comprend précisément différentes parties du programme que je viens d'énumérer. Il y a là ample matière à des leçons de choses pour les vingt quinzaines dont se compose l'année scolaire. Il n'est pas nécessaire que vous suiviez l'ordre des tableaux de un à vingt ; vous prendre pour le début celui qui vous paraîtra le plus facile, les différentes espèces de bois, par exemple, les différents échantillons naturels des minéraux ; au printemps, ce sera la planche de la germination, de la grain et des fruits, en suivant autant que possible l'ordre des saisons, de manière à pour voir mettre quelque fois les objets mêmes, à côté de la gravure, sous les yeux des enfants, et de leur faire contracter l'habitude d'observer, de comparer, de juger.
Mais il y a plus. Vous pourrez faire d'une pierre deux coups, en faisant servir en même temps ces leçons de choses à un autre enseignement. Demandez au cours supérieur de reproduire la leçon oralement d'abord, puis par écrit, sous la forme d'une rédaction qui exercera vos élèves à observer avec attention, puis à mettre de l'ordre dans leurs idées et à les reproduire avec autant de clarté que possible. Le cours moyen pourra également rédiger en quelques phrases courtes les principaux points de la leçon. Et au cours élémentaire, elle fournira matière aux dictées de la quinzaine et aux exercices de langage et d'intelligence.
Ces différents exercices, appropriés par vous à vos classes, valent mieux que les meilleurs devoirs donnés par les journaux pédagogiques.

 

 

G. J., in Revue pédagogique n° 17, 2ème semestre 1885