Nombre de collègues, jeunes ou moins jeunes, assimilent volontiers la pédagogie Freinet au laisser-faire, à la libération soixante-huitarde. Plus 'spontanéistes', d'ailleurs, que véritablement 'modernes', ils feraient bien de se reporter à un court ouvrage commis par la compagne de Freinet. À un âge déjà respectable (non, nous ne le dévoilerons pas !) Élise dut, en 1965, reprendre la barre d'une école qui prenait l'eau (non, nous ne dirons pas pourquoi !). Elle en tira la matière de l'ouvrage pré-cité. La lecture en serait, pour beaucoup, particulièrement salutaire. Ils y trouveraient, par exemple :

 

 

"Montent des murs en toc les bluffeurs qui pensent que la nouveauté d'une technique est une marque de garantie qui autorise tous les errements voués au discrédit inévitable d'une pédagogie individuelle qui ne saurait avoir aucune résonance dans la masse des gens de simple bon sens.

Montent des murs en toc ceux qui, regardant pousser le poil au creux de leur main, se font une supériorité de laisser leurs élèves aller au hasard sous le prétexte d'une illusoire liberté.

Montent des murs en toc ceux qui, incapables d'obtenir dans leur classe un rendement rassurant, font du dénigrement une arme de combat, préjudiciable pour tout le mouvement [Freinet] et par juste retour des choses, pour eux-mêmes" (p. 25).

"J'imagine que nos camarades Inspecteurs de l'enseignement sont placés aux premiers fauteuils pour juger d'un spectacle aussi déplorable..." (p. 30).

 

 

[À partir de là, on imaginera sans peine ce qu'elle pensa des soixante-huitards, pour ne rien dire des post-soixante-huitards...]

 

Élise Freinet, La part du maître (huit jours de classe), Bibliothèque de l’École Moderne, 1966, 143 p.

 

 


 

 

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