ou les difficiles problèmes pédagogiques et de société - intégration, ségrégation, etc. - soulevés par l'enfance dite inadaptée

 

 

Faute de crédits et de personnels
Cinq cent mille débiles mentaux en France ne reçoivent pas l'éducation nécessaire

 

"Tous ces enfants incomplets, tous ces innocents parfaits, sont en nombre beaucoup plus important qu'on ne le croit...

Ils participent à leur façon au mystère de la personnalité humaine... Or les neuf dixièmes d'entre eux ne sont point éduqués comme ils devraient l'être...

La moitié ou les deux tiers d'entre eux ne seront jamais ce que notre civilisation rationaliste appelle des producteurs. Ils pourront être, en tous cas, des êtres utiles à la campagne et dans les familles...

L'éducation des enfants intellectuellement déficients sauvera d'innombrables familles du désespoir ou de la dissociation...

Tous les textes existent [1909, 1958, 1959], ils ne donnent pas leur plein effet.

Il existe actuellement 50 à 60 [IME] avec internat, alors qu'il en faudrait sans doute plusieurs milliers... C'est dire qu'il faut former dix mille ou vingt mille éducateurs ou éducatrices..."(1)

 

 

On croit rêver...

 

"On croit rêver en voyant plaider pour le recrutement de vingt mille ou trente mille maîtres spécialisés pour les débiles mentaux ; un tel effort serait délibérément marginal et serait condamnable comme accompli au détriment d'enfants n'ayant pas d'autre tare qu'une intelligence normale.

Il est bien établi que les bénéficiaires d'une instruction supérieure se recrutent en quasi-totalité dans une minorité restreinte, et économiquement privilégiée, de la population ; les quotients intellectuels égaux ou supérieurs à l'unité restent ainsi en grand majorité inutilisés comme tels, fait autrement plus grave que l'utilisation insuffisante des quotients réduits. Accorder à ceux-ci ce qui est et resterait refusé à ceux-là reviendrait à opérer une sélection à rebours et tendrait à créer une race d'ilotes dans une société qui ressemblerait étrangement au catoblépas"(2).


Notes

(1) Georges Hourdin et Josette Faure-Cousin, in Le Monde du 13 janvier 1960, pp. 1 et 6.
(2) Dr De Fautereau (Gouaix, Seine et Marne), in Le Monde du 9 février 1960, p.8.

 

 

Compléments

 

1. Avant de stigmatiser la position de ce médecin aux propos à l'emporte-pièce, prenons le temps de réfléchir soigneusement à ce qu'il dit. Et rappelons que cet "échange" a eu lieu voici près d'un demi-siècle.

 

2. Les données avancées dans le premier document (G. Hourdin) semblent être exagérées. Un tableau de données indubitables (France métropolitaine, enseignement du premier Degré) permettra au lecteur de se forger une idée personnelle (la baisse des effectifs correspond à l'effort d'intégration en milieu dit normal - ou ordinaire) :

 

 

Élèves 1960 1970 1975 1980 1984
CP à CM2 (en millions)
4,1 4,1 4 4 3,5
Classes spéciales
73 000
182 000
120 000
85 000
69 000*
Établissements spécialisés
13 000
10 000
8 000
Enseignement privé
   
8 000
6 000
4 000
Total
73 000
182 000
141 000
101 000
81 000

 

 

*. En 1984, ces 69 000 élèves étaient scolarisés au sein de 6 135 Classes de perfectionnement (aujourd'hui disparues). On comptait alors 14 234 instituteurs spécialisés, 2 689 psychologues scolaires, 2 792 rééducateurs en psycho-pédagogie, et 1 912 rééducateurs en psycho-motricité. S'y ajoutaient 1 338 Directeurs d'écoles spécialisées dont 965 Directeurs de S.E.S. - aujourd'hui S.E.G.P.A. -, et 83 Directeurs d'E.N.P. - aujourd'hui E.R.E.A.

 


 

 

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