"[...] Une sage pédagogie peut singulièrement alléger, pour l’élève et pour le maître, le fardeau d'un programme en apparence bien chargé... Sans parler [du temps] qu'il est possible de gagner par quelques sacrifices dans le domaine de la calligraphie et de la grammaire, nous pensons qu'en diminuant les exercices de pure mémoire, en faisant appel à la raison, en excitant l'effort intellectuel, en multipliant les occasions de développer l'esprit d'observation, on peut aisément, dans le laps de six années, de six à treize ans, introduire et fixer dans l'intelligence de l'enfant, les notions qui composent notre enseignement primaire élémentaire. Sans doute les faits historiques et scientifiques doivent être enseignés et appris avec précision ; mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit de préparer, suivant le mot de Montaigne, plutôt des têtes bien faites que bien pleines ; que l'enseignement primaire a peut-être moins pour but de donner l'instruction que de rendre l'écolier désireux et capable de l’acquérir, et qu'enfin l’étude de tant de matières variées doit avoir un but commun : perfectionner les sens, discipliner l'imagination, affermir la raison, fortifier la volonté, épurer les sentiments, affermir la conscience. La pédagogie ainsi conçue simplifie bien des choses".

 

Paul Bert, La loi de l'enseignement primaire (proposition Barodet, 6 décembre 1879), Masson, 1880, 429 pages, pp. 5-8.

 

 

Note octobre 2015

 

Je découvre, dans Ouest-France du 6 octobre 2015, l'entrefilet suivant, si "instructif", si j'ose dire :

 

Paul Bert, l'oublié de l'Histoire de l'école

 

pbertEn France, 182 écoles et établissements scolaires portent son nom. Sans trop qu'on sache vraiment qui était ce Bourguignon né à Auxerre, en 1833 et mort à Hanoï en 1886. C'est que l'Histoire de l'école a jeté un voile d'oubli sur cet homme dont l'action a été au moins aussi importante que celle de Jules Ferry. Républicain convaincu, franc maçon, médecin spécialiste de physiologie, il rencontre Gambetta et s'engage en politique. Il est élu député de l'Yonne, s'intéresse de près à l'instruction publique ... Il appuie la réforme de Jules Ferry, est ministre de l'Instruction quelques semaines en 1881-1882, soutient la revalorisation du métier d'instituteur... Mais, comme Jules Ferry, Paul Bert défend la colonisation en Afrique et en Asie. Pire, il est convaincu que les races humaines ne sont pas égales. Et le voici résident général en Indochine.

Rémi Dalisson, professeur d'université à Rouen, raconte l'homme, lui rend hommage sans rien cacher des sujets qui fâchent. Un ouvrage passionnant, documenté, qui manquait (Philippe Simon).

Paul Bert, par Rémi Dalisson, Armand Colin, 336 pages, 22 €

[Cet ouvrage est commenté sur la Toile en de nombreux endroits, en particulier sur le site de l'Association des professeurs d'Histoire et de Géographie]