Geste ô combien symbolique : au retour de la gauche au pouvoir, F. Mitterrand, avant de consentir à visiter le salon du Bourget, exige que les avions (militaires) présents soient désarmés. Las, joli mouvement de menton sans lendemain, la Realpolitik ayant rapidement pris le pas sur les bons (?) sentiments

 

 

Symboliquement, le président Mitterrand va jusqu'à faire désarmer les avions au Salon du Bourget. Mais dans les faits, l'ancien admirateur du maréchal Pétain va défendre le "pré carré francophone", soutenir les dirigeants africains les plus corrompus, et même nommer son propre fils, le très controversé Jean-Christophe (Papamadit), comme responsable à l'Élysée du Continent noir. Et Paris va devenir le premier vendeur d'armes au tiers monde et multiplier les essais nucléaires.

Comme si l'adhésion de François Mitterrand à une conception marxisante du socialisme tenait moins à Engels qu'à Hergé, le père de Tintin. Ou plutôt des méchants des histoires de Tintin...

 

Un geste symbolique mais un commerce juteux

Un exemple : lors du Salon aéronautique du Bourget de 1981, le Président François Mitterrand fait désarmer pour sa visite les avions militaires exposés. Cependant, la France demeure durant les deux décennies suivantes l'un des premiers marchands d'armes du monde. Durant les années 1990, le chiffre d'affaire annuel de l'armement français à l'exportation avoisine 50 milliards de francs. Chacun sait, pourtant, combien des populations civiles du monde souffrent de ce commerce. Au-delà, une question émerge : dans quelle mesure les ventes d'armes françaises n'orientent-elles pas parfois davantage la diplomatie de Paris que la préoccupation tant affichée pour les droits de l'homme ?

Jean-Pierre Lacroix, ancien sous-directeur à la Direction Générale des Affaires Politiques du ministère des Affaires étrangères, observe : "La France est un pays qui aime épouser les causes généreuses, comme la chasse aux tourterelles ou les conditions de transport des animaux destinés à l'abattoir … Les Français manifestent, cependant, une indifférence quasi générale à propos des ventes d'armes".