"La négligence du commerçant est un délit. La fraude du commerçant est un crime" (Code pénal)
"Les trois registres obligatoires pour tout commerçant sont : le livre-journal, le copie de lettres et le registre d'inventaire" (Code de commerce)

 

M. Edmond. - En faisant ainsi, chaque jour, l'examen de ses actions, Franklin suivait, dans l'ordre moral, l'exemple que nous donnent les bons commerçants pour les intérêts matériels. Le caissier qui te paie tous les samedis, Francinet, n'est-il pas tenu de compter chaque jour son argent, de faire le total des ventes et des achats ?


- Monsieur, dit Henri, mon grand-père fait inscrire toutes les sommes qu'il paie ou qu'on lui paie sur son livre-journal. Il transcrit aussi toutes ses lettres sur le copie de lettres. Chaque année, il fait son inventaire, pour voir s'il a eu du profit.
C'est à ce moment-là qu'il ne faut pas le déranger dans ses calculs ! Il serait bien mécontent.

M. Edmond. - Votre grand-père, en agissant ainsi, obéit à la loi. La loi oblige tout commerçant à une bonne tenue des livres, car celui qui ne tient pas exactement ses registres s'expose à ne plus pouvoir payer ses dettes.
Comment appelle-t-on cela, Henri ?
Henri. - Faire faillite. Mon grand-père m'a dit que celui qui a fait faillite, outre qu'il perd son honneur de commerçant, perd aussi le droit de voter aux élections.
M. Edmond. - Oui, mon enfant, et la loi est encore plus sévère quand la faillite est due, non à des malheurs involontaires, mais à une mauvaise tenue des livres. On l'appelle alors banqueroute simple. Le commerçant imprévoyant ou négligent qui a causé ainsi par sa faute à ses créanciers des pertes d'argent, est puni comme un voleur d'un emprisonnement d'un mois à deux ans.
S'il y a eu non seulement négligence, mais fraude et mauvaise foi dans la tenue des livres, la banqueroute est appelée frauduleuse, et est punie de plusieurs années de travaux forcés. Ainsi, tout commerçant honnête doit se rendre compte de ses moindres profits et dépenses, pour ne pas s'exposer à se ruiner et à ruiner les autres.
Maintenant, mes enfants, répondez-moi, les vertus et la richesse morale ont-elles moins de prix pour un honnête homme que les richesses matérielles ? Non, sans
doute. Que chacun de vous se préoccupe donc, comme Franklin, des pertes ou des profits moraux qu'il a pu faire dans la journée ; qu'il apporte à se perfectionner un zèle que ne puisse surpasser le zèle mercantile du commerçant. Demandez-vous tous les soirs, en examinant votre conscience : "Si tout le monde agissait comme je l'ai fait aujourd'hui, serait-ce un bien et un progrès pour l'humanité ? Mes actions pourraient-elles être proposées pour modèle à tous les hommes ?"