Il y a moins de cinq mois, mon fils m'envoyait par Internet de magnifiques photos de New York (où sa boîte, établie dans la Silicon Valley, possède un bureau), dont une série prise du sommet de l'une des Twin Towers : tu n'imagines pas l'extraordinaire vue que l'on a quand on est sur la terrasse, m'écrivait-il.
Aujourd'hui, j'imagine. Mon fils aurait pu se trouver sur la terrasse des Twin Towers, à prendre des photos pour épater son père, au moment où la folie sanguinaire de fanatiques s'était résolue à les abattre. Et leurs occupants en même temps.
J'imagine. Je dirai ici, tout simplement, que je ne fais pas partie de cette bande de sans-aveu pour qui siffler la Marseillaise au Stade de France, lors d'un match officiel, est un acte dont il ne faut pas exagérer la portée... De toute façon, quand on se souvient que les morts du World Trade Center ont été sifflés à la Fête de l'Humanité... Pauvre France de la gauche plurielle, et de sa morgue ignare (pour reprendre une expression de J. F. Revel).
Que chacun choisisse son camp. Moi, j'ai choisi celui de la vie de mon fils
Si vous chargez cette photo, merci de bien vouloir m'en faire part.
Nouvelles photos que mon fils m'adresse (prises le 19 novembre, de nuit pour les deux premières) :
Post-scriptum : Antiaméricanisme
Scènes d'horreur aux États-Unis. Visions d'enfer après le passage des kamikazes. Corps mutilés, brûlés vifs ou réduits en bouillie. Et à qui la faute ?
Probablement à des terroristes du Moyen-Orient. Mais avant tout à l'anti-américanisme ambiant. J'accuse nos alliés européens - en particulier la France - d'entretenir cet anti-américanisme depuis bien longtemps, et de donner ainsi davantage de liberté d'action à ceux qui ont pour but la destruction des États-Unis.
J'accuse certains Français de jalousie mesquine envers ce pays qui semble ne jamais donner assez en termes de vies humaines ou d'aides de toutes sortes (Ces Français savent-ils que l'Américain moyen ne vit pas dans l'opulence, bien au contraire ! Et qu'il n'y a ici ni grèves, ni 35 heures, ni grandes vacances, ni allocations familiales ?).
J'accuse surtout les journalistes français de bâcler leur travail. De donner des États-Unis une idée complètement erronée des événements, ou de jeter sur eux une lumière si crue que le reste du tableau est laissé dans l'ombre.
Pas une semaine et guère un jour sans que la presse française, ou le journal parlé de 19 heures à Washington ne se fasse les dents sur les États-Unis. Tout est bon à discréditer ou à caricaturer. Et un de vos confrères n'avait guère trouvé les mots justes quand il déclarait à la télévision : "Les États-Unis ont été frappés là où ça leur fait le plus mal : dans leur puissance économique et financière".
Non, Messieurs. Ce qui fait le plus mal, c'est la perte de milliers de nos concitoyens dans une mort horrible, et c'est la restriction à la liberté de chacun qui résultera de cette attaque terroriste. L'Amérique toute-puissante est un mythe. Nous sommes tous, de plus en plus dépendants les uns des autres sur notre planète. On espérerait de la France qu'elle n'attende pas une catastrophe avant de montrer un plus de solidarité avec son vieil allié d'outre-Atlantique.
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