À Messieurs les administrateurs de l'hospice des Enfants trouvés, de ***

 

 

Messieurs,

 

Le .. du mois de 18.. , il a été mis autour de votre maison des Enfants-trouvés un enfant de sexe (dire ici de quel sexe), étant emmailloté de langes au chiffre des lettres initiales M. G. Un papier anonyme roulé et fixé sur sa poitrine, apprenait le nom que ses parents désiraient que l'enfant portât : ce nom était Auguste ou Marianne (selon le sexe).

Mère de ce malheureux enfant, entraînée par une passion irréfléchie, je dus, sous la dépendance absolue d'un père qui ne m'aurait jamais pardonné mon déshonneur, cacher ce monument coupable de ma faiblesse, et je pris la résolution de dérober (ma fille ou mon fils) à ses justes ressentiments ; mais enfin, mon père étant venu à mourir sur ces entrefaites, fille unique, devenue libre et maîtresse entière de mes actions et de mon bien, mon plus cher devoir, mon seul ardent désir a été de vouloir rendre à la société une créature innocente des égarements de ma première jeunesse, et à la fois de m'unir à celui à qui elle doit le jour ; n'est-ce pas l'unique moyen de légitimer la naissance de mon enfant, en lui laissant un jour un état et ma fortune ?

Ayez donc la bonté, Messieurs administrateurs, de faire faire toutes les recherches nécessaires sur cet enfant qui, pour surcroît de renseignements, a sur le bras droit le dessin bien marqué d'une rose, qui est probablement une envie de grossesse (on désigne tout autre signe que peut avoir l'enfant).

Je me soumettrai d'ailleurs à toutes les formalités, précautions et garanties que vos règlements ont droit d'exiger de moi.

J'ai l'honneur d'être, Messieurs, avec la considération la plus parfaite,

 

 

Votre très-humble servante.

 

(Date)                                                          (Signature)