C'est le travail qui rend féconde
La vieille terre aux riches flancs ;
C'est le travail qui prend à l'onde
Corail, perles et diamants.
Au travail appartient le monde,
Aux travailleurs, à leurs enfants !

 

 


La pensée d'entendre une histoire réjouissait beaucoup nos trois écoliers ; aussi arrivèrent-ils avec empressement à la leçon. M. Edmond commença ainsi :

- Vous savez, mes enfants, ce que c'est qu'une mine ? Une espèce de ville sous la terre, creusée par la main des mineurs. Là, dans les entrailles du sol, des hommes travaillent tout le jour à extraire le charbon ou le métal que certains terrains renferment.
Georges Stephenson était fils d'un pauvre ouvrier mineur. À huit ans il commença à travailler. Il gardait les vaches dans les champs qui avoisinaient la mine où son père était occupé, et gagnait à cela quatre sous par jour.
À dix ans, son père l'emmena avec lui à la mine. L'enfant était si petit qu'il se cachait derrière les chariots et les machines, quand passait l'inspecteur des mines : il craignait qu'on ne le trouvât trop jeune pour gagner son salaire. Et le pauvre enfant ne recevait que douze sous !
Il se montra si travailleur, si attentif à sa besogne, qu'on s'empressa, à mesure qu'il avançait en âge, de lui confier des occupations de plus en plus difficiles. Lorsqu'il atteignit l'âge de seize ans, on lui remit le soin de la machine à vapeur.
Georges avait un goût tout particulier pour les machines ; on s'aperçut vite à la mine combien celles qui étaient confiées à ses soins étaient en bon état. Mais là ne se bornait pas l'attention de Georges. Il voulait encore comprendre le mécanisme ingénieux des machines qu'il surveillait. Au lieu donc d'exécuter son pénible travail de douze heures par jour avec l'indifférence d'un automate, il observait les rouages compliqués de la machine à vapeur qui lui était confiée.
Malheureusement Georges, qui avait alors dix-sept ans, ne savait ni lire ni écrire : ses parents, trop pauvres, n'avaient pu l'envoyer à l'école. Il comprit vite que ces machines qu'il aimait tant resteraient pour lui des énigmes jusqu'au jour où il serait devenu moins ignorant. II résolut donc d'apprendre à lire, et acheta un alphabet.
Le soir, il allait trouver le maître d'école du village et prenait une leçon ; pendant le jour, à l'heure des repas, il étudiait. Avait-il un instant de loisir, on le voyait tirer de sa poche un livre de lecture, une ardoise sur laquelle il s'essayait à écrire et à calculer. C'était un travailleur si énergique que, sa journée achevée, il recommençait à travailler la nuit, raccommodant les vieux souliers de ses camarades pour gagner l'argent nécessaire à l'achat de ses livres.
- Oh ! monsieur, dit Francinet, que voilà un bel exemple pour moi !
- Oui, mon ami ; et ce qui est plus encourageant encore, c'est que ce rude travailleur, parti des plus pauvres rangs du peuple, a fini non seulement par surmonter la misère, mais par devenir une des gloires de son pays, et l'une des plus pures. Mais, avant d'arriver aux découvertes qui ont immortalisé Stephenson, je tiens à vous montrer les qualités morales auxquelles il a dû assurément ses succès. L'intelligence, quelque admirable qu'elle soit, et le génie lui-même, n'arrivent à rien sans le travail, le courage, la persévérance et la sobriété, dont Stephenson va nous donner les plus beaux exemples.