[On éprouve une véritable honte en constatant de quelle manière plus que sommaire le Rapport Ferrier a été exécuté par le principal Syndicat d'instituteurs (d'obédience communiste, rappelons-le). On ne sait s'il s'agit de désinvolture, d'incompétence, d'inculture ou de je-m'en-foutisme. Cependant, le fait est.]

 

 

Rien ne va plus à l'école primaire...

 

... C'est l'impression qui se dégage de la lecture du rapport que Jean Ferrier, Inspecteur général vient de remettre à S. Royal.

Partant d'une analyse des évaluations CE2/6ème, J. Ferrier affirme qu' "aucun acteur de l'école primaire ne peut ignorer les échecs précoces qui hypothèquent l'avenir des écoles" et pointe "l'urgence d'agir".
Un discours dans lequel l'immense majorité des enseignants peuvent se reconnaître...
Cependant, l'établissement d'un diagnostic sans complaisance sur l'état de l'école tourne rapidement au réquisitoire. À commencer par l'école maternelle qui semble bénéficier à ses yeux d'une image exagérément positive : "L'école maternelle bénéficie d'une réputation plutôt favorable et d'une côte de popularité élevée auprès des parents d'élèves et même parmi les personnels du système éducatif. A-t-elle pour autant tiré les conséquences des changements qui l'ont affectée... ainsi que des besoins et de l'état actuel du système éducatif ? Il est permis d'en douter, et l'on ne doit pas confondre les propos et analyses de ses plus actives représentantes et les réalités des pratiques".

Pour l'école élémentaire, le rapporteur dénonce un recours excessif aux intervenants extérieurs, une mauvaise utilisation des manuels scolaires, une "absence de rigueur dans les progressions et d'unité dans les outils", "le temps scolaire grevé par le nombre de sorties scolaires". Les critiques ne sont bien évidemment pas dénuées de fondement, mais l'analyse de l'origine des dysfonctionnements, des carences frise la caricature. Ainsi, à propos des intervenants dont le rôle et la place sont insuffisamment maîtrisés par l'école, ce qui est par ailleurs exact, on peut lire : "L'appel régulier à des tiers est justifié par une forme de droit à l'incompétence dans des champs disciplinaires dits spécialisés. Il n'y a pourtant rien dans ces domaines qui ne puisse être maîtrisé par les enseignants diplômés et formés...".

On pourrait presque s'amuser d'une des recommandations formulées pour remobiliser les enseignants :
"Les enseignants dont l'attention a été dispersée à l'excès doivent être mobilisés sur le sens prioritaire de leur action : une lettre solennelle y contribuerait utilement, à l'occasion de la rentrée scolaire par exemple".
J. Ferrier propose de "définir les formes et les fonctions de l'évaluation, pierre angulaire d'une pédagogie de la réussite".
Le sujet mérite attention : les questionnements de l'évaluation, sa conception, son utilisation méritent d'être travaillés, débattus. Ce ne sont certainement pas une "évaluation nationale à l'entrée au C.P." ou la création "d'un brevet des écoles" qui redonneront sens et légitimité à l'école. La nécessité de sortir la formation des enseignants des écoles de son enfermement, de donner un souffle à la recherche universitaire sur l'école primaire sont par exemple curieusement absents de ce rapport... un peu comme si une simple réorganisation de l'existant pouvait suffire.

Les situations d'échec scolaire sont plus que jamais insupportables pour les élèves, leurs familles, mais aussi pour les enseignants qui essaient individuellement et collectivement d'apporter des réponses, de trouver des solutions...
Le SNUipp n'est pas de ceux qui ne veulent rien changer. Il se prononce résolument pour une transformation de l'École. Il a la conviction qu'on ne bâtira pas l'école du XXIe siècle avec des vieilles recettes du XXe.

 

© N. Geneix, in Fenêtres sur cour, organe de SNUipp (FSU), 1998.

 

 

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