LES PROGRAMMES DE L'ÉCOLE PRIMAIRE

 

L'école primaire, longtemps organisée par années, l'est désormais en cycles pluriannuels, plus souples et qui correspondent à un souci d'individualisation des parcours scolaires et d'adaptation au rythme de progression de chaque enfant.

 

Le cycle des apprentissages premiers recouvre l'école maternelle tout entière ; le cycle des apprentissages fondamentaux commence en dernière année de maternelle et se poursuit à l'école élémentaire (CP et CE1) ; le cycle des approfondissements est celui des trois dernières années de l'école (CE2, CM1 et CM2).

 

L'école maternelle, particularité française, est à la base du système éducatif et de l'organisation pédagogique en cycles. C'est une école publique qui, depuis plus d'un siècle, accueille les enfants avant la scolarité obligatoire.

Dans les secteurs public et privé, l'école maternelle scolarise quelque 2,7 millions d'élèves (l'accueil des enfants est généralisé à partir de l'âge de trois ans) ; l'école élémentaire environ 4,2 millions d'élèves de 6 à 11 ans.

 

 

L'école maternelle

 

L'école maternelle occupe une place particulière dans l'ensemble du dispositif d'accueil de la petite enfance. C'est une école. Complémentaire de l'éducation familiale et préparatoire à la scolarité élémentaire, elle est le lieu d'expériences et d'apprentissages essentiels qui permettent aux enfants de "devenir grands".

Les enseignants sont responsables de l'observation des enfants, de l'organisation et de la conduite des activités. Tout ce qui permet la construction, la mise en œuvre et l'évaluation d'un projet pédagogique relève de la responsabilité du directeur et de l'équipe pédagogique. Des agents territoriaux spécialisés de l'école maternelle (ATSEM) les assistent dans les tâches de la vie quotidienne.

 

 

Une école à l'ouverture maîtrisée

 

Si les ruptures ont leur intérêt et peuvent être bénéfiques, le jeune enfant a besoin de cohérence. Il est indispensable que l'école maternelle soit ouverte aux familles et entretienne avec elles des relations de confiance. Il importe également qu'elle puisse travailler avec les autres institutions qui ont joué et jouent encore un rôle dans la vie des enfants (crèche, garderie...)

Cette ouverture de l'école maternelle aux relations avec ses partenaires revêt une importance particulière dans les zones défavorisées. Pourtant, là comme partout ailleurs, si l'enseignant joue un rôle de médiation, il demeure toujours un professionnel de l'enseignement.

Milieu ouvert, l'école maternelle doit aussi être un milieu protégé où les enfants construisent des relations de qualité avec d'autres enfants et avec des adultes. Parce qu'ils s'y sentent reconnus, parce qu'ils ont conscience qu'ils "deviennent grands" et qu'ils apprennent, les enfants prennent confiance en eux et éprouvent du plaisir à venir à l'école.

L'école maternelle constitue un point d'observation et un terrain d'action privilégiés pour tous les personnels chargés de la prévention et du dépistage des difficultés potentielles, que ce soit dans le domaine social ou dans celui de la santé (service de santé scolaire, protection maternelle et infantile, aide sociale...). Les enseignants ont appris à apprécier la réalité des difficultés des enfants. Ils sont sensibles aux variations de leur développement où alternent avancées, régressions, stagnations. C'est pourquoi, en liaison avec leurs collègues des réseaux d'aides spécialisées, ils jouent un rôle premier dans la détection précoce des déficiences et dans la prévention des handicaps.

 

 

Un lieu d'expériences riches et diverses

 

Pour les plus jeunes, l'école maternelle est souvent la première occasion d'insertion dans la société. Ils sont confrontés à un groupe déjà important, à des situations nouvelles et diverses. Ils rencontrent des enfants du même âge ou d'âge différent.

L'école maternelle est le lieu privilégié où l'enfant bâtit les fondements de ses futurs apprentissages. La variété et la richesse de ses expériences lui permettent de construire son savoir et de se préparer, par des apprentissages structurés, aux apprentissages plus systématiques de l'école élémentaire. Le langage s'acquiert de la même façon : c'est par la richesse de ses expériences que l'enfant apprend à mieux comprendre le langage qu'on lui adresse et à mieux parler. C'est pourquoi le rôle de l'école maternelle est capital, notamment dans les quartiers défavorisés.

Les activités proposées à l'enfant ont pour but de le conduire à exercer et à développer ses capacités motrices, affectives, relationnelles et intellectuelles. Il apprend à identifier des sensations et des émotions, à se mouvoir de façon de mieux en mieux adaptée dans un espace et un temps donnés, dans un environnement de plus en plus large.

Sans être exclusive, l'activité de jeu est fondamentale à cet égard. Tous les types de jeux n'ont cependant pas la même fonction et il incombe au maître de définir clairement la nature et la finalité de l'activité retenue.

L'enfant agit sur son propre corps, sur des objets, sur l'environnement proche. Il utilise des outils et combine des actions.

Il est conduit à s'exprimer par différents moyens de communication et, peu à peu, à adapter son langage à l'interlocuteur et à la situation pour se faire de mieux en mieux comprendre.

Il devient capable de réfléchir sur une situation, de raisonner, de décider, d'évoquer des choses et des êtres absents, d'exprimer des choix, des impressions. Il apprend à penser.

A tout niveau, les enfants doivent pouvoir observer, réfléchir, imaginer, exercer leur mémoire, élaborer un projet, tester leurs capacités, leurs connaissances et leurs actions.

A l'école maternelle, tout est donc organisé pour que l'enfant agisse et participe : l'espace, le temps et les situations d'apprentissage.

 

 

Une école centrée sur l'enfant

 

Un mode de vie

 

L'école maternelle offre à l'enfant un mode de vie qui répond à ses besoins physiologiques, affectifs et intellectuels et lui permet de trouver sa place dans des groupes divers. Ce mode de vie exige une organisation de l'environnement et une gestion du temps bien comprises.

La classe et l'école doivent être aménagées de façon à permettre les activités nombreuses et l'organisation en groupes diversifiés qu'implique la pédagogie à ce niveau.

L'espace doit être conçu pour un enfant qui grandit et qui en prend conscience. Il convient donc de bien marquer des lieux aménagés différemment selon l'âge des enfants qui les fréquentent. La classe des petits, en particulier, devra tenir compte de leur besoin de se déplacer, de manipuler, de s'isoler ou de se reposer.

Au cours de l'année, on s'attachera à faire évoluer le cadre et la décoration de la classe en fonction des activités et des intérêts des enfants.

L'aménagement matériel, le choix des objets, outils, jeux, images, livres. . . qui construisent l'environnement de l'enfant doivent correspondre à sa taille et à sa vision des choses. La classe est un lieu qu'il doit pouvoir s'approprier et où il doit avoir plaisir à se trouver. Tous les éléments de cet environnement doivent être soigneusement choisis par les maîtres et répondre à des finalités claires, car l'abondance du matériel n'est pas en elle-même un gage de richesse pédagogique.

La gestion du temps est également une responsabilité importante du maître. Il propose aux enfants des activités dont la longueur varie selon leur capacité d'attention et la difficulté de la tâche. Elles ne sont ni trop courtes, afin de laisser aux enfants le temps d'explorer, d'essayer, de faire des erreurs, de réfléchir, ni trop longues afin d'éviter que l'intérêt ne s'étiole ou que l'enfant ne se fatigue. Leur succession ne doit pas être trop rapide afin que soient préservés les temps nécessaires à l'approfondissement et aux réinvestissements.

Les récréations, les moments d'hygiène, les périodes d'accueil sont des temps éducatifs et utiles, mais il faut veiller à ce qu'ils occupent dans la journée leur juste place et n'empiètent pas sur des temps d'activité structurée où les enfants ont le sentiment de travailler et de progresser. Cette organisation du temps, toujours en cohérence avec les besoins des enfants et plus rigoureuse à mesure que l'enfant grandit, permet, durant l'année de grande section, de consacrer une partie plus importante de la journée à des activités structurées.

 

Des apprentissages structurés

 

L'école maternelle accueille l'enfant pendant des années au cours desquelles sa progression et son évolution sont particulièrement marquées. C'est en tenant compte de ses capacités et de ses intérêts que le maître l'aide à se construire et à grandir. Il a la tâche délicate de connaître et de respecter les rythmes de vie et d'apprentissage de l'enfant, ses goûts et ses besoins, mais il doit aussi l'aider à changer, à passer d'une expérience peu organisée à une activité construite.

Parce qu'il connaît bien l'enfant, l'enseignant sait quand lui proposer des activités qui lui permettront d'accomplir un effort à sa portée ; il lui procure la possibilité d'utiliser les savoirs acquis, il lui ouvre des perspectives et lui donne, à bon escient, des occasions de se dépasser. Il lui apprend à aller jusqu'au bout de sa tâche.

Les enseignants savent aussi combien sont fragiles et longues à se stabiliser les acquisitions faites à cet âge, c'est pourquoi une observation attentive leur permet de varier leurs démarches de façon à répondre aux rythmes d'apprentissage des enfants, à leurs différences et à leurs besoins individuels.

Les maîtres veillent à organiser les activités, à préciser les objectifs et à nuancer leurs exigences en fonction de l'intérêt et des besoins des enfants. Selon les types d'activités, une répartition en ateliers diversifiés peut y aider.

Les maîtres s'assurent par une observation et une évaluation régulières que ces activités permettent bien aux enfants d'acquérir les compétences nécessaires aux apprentissages ultérieurs. Il faut que, d'une année à l'autre, les enfants se rendent compte qu'ils ont franchi des étapes, abordé des activités et des domaines neufs. Leur curiosité, leur envie d'agir et de savoir s'en trouvent confortées, surtout s'ils sont associés à l'évaluation de chacun de leurs apprentissages.

Les activités conduites par le maître permettent que s'élaborent peu à peu des notions générales mais, à aucun moment, l'organisation des savoirs de l'école maternelle ne relève du découpage traditionnel des disciplines scolaires. Celui-ci n'émerge que plus tard.

Il appartient à l'équipe pédagogique de construire les activités de telle façon que chaque enfant, au cours de sa scolarité maternelle, soit confronté à chacun des contenus prévus ci-après. Cela implique de la rigueur et l'organisation d'une progression. L'improvisation n'a pas sa place. C'est pourquoi il est indispensable que dans les projets d'école et de cycle soit établie une organisation garantissant la cohérence et la progressivité nécessaires aux apprentissages. Le maître pourra ainsi élaborer des projets variés dont les objectifs s'affinent à mesure que les enfants grandissent.

La grande section, dernière classe de l'école maternelle, tient une place particulière en ce qu'elle voit l'aboutissement des premiers apprentissages, de plus en plus structurés mais non systématiques, sur lesquels vont s'articuler les apprentissages fondamentaux. Tout en gardant les modalités de travail de l'école maternelle, la grande section propose des activités qui prennent en compte les objectifs du cycle des apprentissages fondamentaux. Tous les élèves sont concernés par une telle mise en perspective, mais sans qu'il y ait systématisation des apprentissages. Tous n'ont pas la même maturité ni le même rythme d'acquisition : il ne faut ni mettre les enfants en difficulté par des apprentissages prématurés, ni freiner leur désir d'apprendre, mais prendre en compte l'évolution de chacun pour exploiter pleinement ses possibilités.

 

Des contenus repérés

 

L'école maternelle structure ses enseignements en grands domaines d'activités. Chacun est essentiel au développement de l'enfant et doit donc trouver sa place dans une organisation du temps qui, pour n'être pas rigide, est néanmoins rigoureuse. Dans la mesure où toute séquence pédagogique reste, du point de vue de l'enfant, une situation riche de multiples possibilités d'interprétation et d'action, elle relève toujours de plusieurs domaines d'activités sinon de tous. Pour l'enseignant, ces divers domaines sont éclairés par ses connaissances disciplinaires. En organisant les activités, il aura donc soin de définir des dominantes en fonction de l'objectif retenu.

À l'école maternelle, l'enfant doit d'abord apprendre à vivre dans un groupe d'adultes et d'enfants. Il se trouve ainsi en situation d'apprendre à communiquer et construit les premières bases d'une éducation civique à sa mesure. Il se développe également par l'action : il apprend à agir dans le monde physique et humain pour éprouver ses propres capacités tout en les enrichissant. Il apprend aussi à découvrir le monde qui l'entoure. Et parce que l'école maternelle est une école, elle offre à chaque enfant la possibilité d'aller au-delà de son expérience immédiate.

Le monde du langage, oral ou écrit, offre à l'enfant autant d'occasions d'enrichissement. En apprenant à parler, en construisant son langage, il s'approprie tout ce que le langage véhicule d'expériences, de connaissances, d'émotions. En se familiarisant avec le langage de l'écrit, il accède à tous les livres, ceux qu'on lui lit comme, plus tard, ceux qu'il lira. C'est le gage d'une bonne scolarité ultérieure.

L'école maternelle est enfin le lieu où l'enfant apprend à orienter ses actions et ses jeux vers le plaisir esthétique. En affinant ses capacités sensorielles, en mettant en œuvre ses capacités motrices pour transformer les objets qui l'entourent, en développant son imagination au-delà de la seule activité ludique, l'enfant découvre qu'imaginer, sentir, créer sont des moyens de donner un sens à ses actions et d'entrer dans le monde du sensible.

 

 

Des apprentissages premiers aux apprentissages fondamentaux

 

Domaines d'activités de l'école maternelle

 

Vivre ensemble

 

Aspects pédagogiques

 

Tous les enfants qui entrent à l'école maternelle n'ont pas l'expérience préalable de la collectivité. Ceux qui ont déjà connu la crèche, le jardin d'enfants ou la halte garderie n'ont pas eu, pour autant, l'occasion de se familiariser avec les exigences et les difficultés d'un groupe important de petits camarades ni avec celles des enchaînements d'activités qui caractérisent le lieu scolaire qu'est l'école maternelle.

Apprendre à de jeunes enfants à vivre ensemble est donc le premier objectif visé. Chacun d'eux peut ainsi apprendre à partager avec d'autres des activités et des espaces communs, à entretenir des relations privilégiées avec les adultes de l'école et, en premier lieu, avec son enseignant. Chacun découvre progressivement un monde qui n'est pas seulement régi par des relations de dépendance, mais par des règles de vie collective auxquelles on peut se référer. L'enfant devient ainsi un acteur dans la communauté scolaire : il doit y assumer des responsabilités à sa mesure, expliquer ses actions, écouter le point de vue de l'autre. Il apprend à discuter des problèmes qui se posent dans la vie quotidienne.

Accueilli, intégré dans la société de la classe, l'enfant grandit tout en construisant sa personnalité au travers des relations qu'il noue avec les adultes qui l'entourent comme avec ses camarades. Il affirme ainsi son identité et la fait reconnaître tout en reconnaissant celle des autres. Il apprend à accepter et à respecter les règles de la vie en société. Il découvre progressivement son "métier d'écolier" sans perdre son statut d'enfant.

Ce cheminement vers une plus grande autonomie n'est possible que parce que le langage permet tout à la fois de réguler les relations sociales dans le groupe, de les expliciter et, donc, de les anticiper. Ainsi, apprendre à vivre ensemble, c'est aussi apprendre à communiquer.

 

Nature et contenu des activités

 

Toutes les activités de l'école maternelle prennent leur sens dans cette perspective. On veillera cependant à donner toute leur place aux domaines de l'accueil, de la vie collective, de la communication.

Accueil

Accueil de l'enfant et de sa famille lors de la première rentrée, exploration de la classe, de l'école, accueil quotidien organisé pédagogiquement et riche de nombreuses activités, en particulier langagières, mise en place et rappel des repères temporels de la vie collective, reconnaissance des adultes (apprendre à les appeler, les trouver, répondre à des sollicitations de dialogue), situations permettant à l'enfant de s'affirmer comme une personne dotée d'une identité, de reconnaître son prénom, son nom.

Vie collective

Activités conduisant à la connaissance de soi et des autres : les autres enfants, les adultes, le rôle de chacun dans la classe et l'école, jeux permettant l'explicitation des règles de la vie collective de la classe, de l'école, jeux dans des situations spontanées, jeux collectifs, jeux organisés, jeux de règles, réalisation collective d'un projet, régulation de la vie collective par des discussions sur des cas concrets, partage des responsabilités au sein de la classe, de l'école, discussion sur des problèmes mettant en jeu les valeurs sociales à l'occasion de l'examen de cas concrets rencontrés dans la vie collective ou amenés par les médias (en particulier lorsque ces derniers créent chez l'enfant de fortes réactions affectives).

Communication

Explicitation verbale et non-verbale de toutes les situations de communication, en particulier dans le cas où l'adulte transmet des consignes, mise en place d'occasions d'échanges verbaux, mise en place de situations permettant à l'enfant de prendre l'initiative d'échanges verbaux avec l'adulte, avec ses camarades, mise en place de situations permettant d'exercer la conduite du dialogue, mise en place de situations de dialogues collectifs sur de vrais problèmes à résoudre, sur de vrais sujets de discussion, apprentissage de la prise de parole dans une discussion, de l'écoute de l'autre, de la prise en considération de sa parole.

 

 

Apprendre à parler et à construire son langage, s'initier au monde de l'écrit

 

Aspects pédagogiques

 

Il faut distinguer, à l'école maternelle, deux types d'activités mettant en jeu le langage. Les premières relèvent des multiples situations au cours desquelles l'enfant peut rendre compte de ses premières expériences et apprendre ainsi véritablement à parler. Le rôle de l'adulte, en l'occurrence, est double. Il lui appartient de créer les occasions de lier l'expérience au langage. C'est lui aussi qui, par ses échanges avec l'enfant, lui permet de progresser dans la construction de la langue et d'en mettre en œuvre le fonctionnement. Ces activités gardent leurs propres finalités, en dehors de l'acquisition linguistique proprement dite et, pour être efficaces dans ce domaine aussi, elles doivent conserver cette orientation. Elles ne sont pas, à proprement parler, des moments de langage. Cependant, tout en les menant à bien, le maître reste attentif à l'expression des élèves. C'est pour lui, un moyen privilégié d'évaluer les progrès réels de l'acquisition du langage de chaque enfant et de solliciter davantage ceux qui en ont le plus besoin.

Un second type d'activités contribue à l'apprentissage du langage à l'école maternelle. Il s'agit de l'ensemble des situations pendant lesquelles les acquis linguistiques implicites des enfants deviennent l'objet d'exercices spécifiques et constituent le matériau même de l'activité de la classe. Les jeux verbaux relèvent de cet ensemble ainsi que les moments de langage proprement dits. Les uns et les autres permettent d'amener l'enfant à prendre progressivement conscience du sens du langage, à mieux le maîtriser, et à le confronter au code écrit pour apprendre à lire et à écrire.

Ces activités peuvent porter : sur les matériaux sonores de la langue sur la syntaxe sur le lexique sur le texte et sa structure.

Toutes les activités préparant à l'écriture et conduisant à reconnaître dans l'espace de la page des mots ou des lettres, à savoir les copier ou les écrire, permettent ces apprentissages. C'est l'occasion, pour l'enfant, de se doter d'instruments efficaces lui offrant la possibilité de travailler sur son langage, d'en mieux comprendre le fonctionnement et de se préparer à l'articuler avec celui de la langue écrite.

L'initiation à la culture écrite vient compléter ces acquisitions importantes. Elle est conduite, d'une part dans des activités d'interprétation des imprimés divers et, plus particulièrement des textes, d'autre part dans des activités de production, avec l'aide d'un adulte secrétaire ou en situation autonome, de ces mêmes écrits. Il ne s'agit pas encore, pour l'enfant, d'un apprentissage systématique de la lecture, mais il convient de lui permettre de prendre conscience, de manière active, dans le cadre de situations authentiques, des formes et des contenus de la culture écrite qui l'entoure. Le rôle de l'adulte qui oralise et fait découvrir les textes, qui écrit sous la dictée des enfants en régulant leur activité ou encore qui, à travers sa propre écriture, montre à l'enfant comment ses paroles se transforment en passant à l'écrit, est ici un point de départ essentiel.

 

Nature et contenu des activités

 

Les sonorités de la langue

Apprentissage de comptines, de chansons, de poèmes permettant de jouer sur l'intonation, sur le rythme, sur la hauteur de la voix. ; jeux rythmiques avec le langage sur des comptines, des chansons, des poèmes : découverte des accentuations, de la syllabe ; jeux de rimes avec le langage : apprendre, découvrir et compléter des suites assonancées, des textes rimés ; identification des sons du langage (phonèmes) en fin d'énoncé, en début d'énoncé, dans le corps de l'énoncé ; prise de conscience des différents sons (phonèmes et syllabes) utilisés par le français ; jeux de langage s'appuyant sur la répétition de structures syntaxiques (chansons ou comptines à refrain, historiettes à poursuivre en utilisant une forme syntaxique fixée...) en évitant l'exercice structural.

Les mots

Évocation du lexique disponible à propos d'un thème donné (une histoire à raconter, un compte rendu de sortie ou d'activité...) classification de mots disponibles en fonction de critères variés : mots désignant des objets inanimés ou animés, familles de mots... ; recherche des différents contextes possibles d'un mot ; interprétation de mots inconnus à partir de leur contexte.

Écoute et langage oral

Écoute d'une grande variété de textes appartenant à la tradition orale (chansons, comptines, contes, devinettes, histoires...) dits par le maître, enregistrés sur des supports magnétiques accompagnés ou non d'images (radio, cinéma, télévision), découverts dans leur véritable contexte lors de sorties ou de rencontres avec des conteurs, au théâtre de marionnettes... ; discussions sur différents types d'écrits rencontrés, production de textes analogues en situation collective, avec l'aide de l'adulte (par exemple sur une trame donnée).

Initiation au monde de l'écrit avec l'aide de l'adulte

Découverte de l'imprimé sous toutes ses formes, en contexte puis hors contexte, interprétation avec l'aide de l'adulte ; fréquentation assidue du coin lecture ou de la bibliothèque lors de moments de lecture en petits groupes ; relecture fréquente des textes les plus riches de sens pour les enfants ; mise en ordre des livres de la bibliothèque, première classification des différents types de textes (fictions, documentaires...) avec l'aide du maître ; examen de textes écrits (repérage de la structure de la page, des divisions en paragraphes, en phrases, en mots) ; interprétation collective de textes écrits (qu'est-ce qui est écrit dans une phrase ? dans un mot ? à qui renvoient les pronoms ? rôle des mots de liaison) ; premières correspondances entre lettres et sons ; travail de mémorisation du texte au fur et à mesure de sa lecture (reformulation des passages lus, articulation entre ce qui a été lu et ce qui est découvert dans une nouvelle étape, anticipation de la suite du texte...).

Initiation à la production de textes

Production de textes en dictée à l'adulte, collective ou en petits groupes : annonces de nouvelles, récits d'événements vécus par tous, rappels de textes entendus antérieurement, modes d'emploi, consignes, recettes, textes documentaires, petites argumentations, correspondances scolaires...premiers exercices d'écriture autonome par copie, copie différée, invention (prénom, petites phrases, textes courts) ; découverte des spécificités du texte écrit au travers des écrits de l'adulte interprétant des propositions orales des enfants ; acquisition de la technique de dictée par l'enfant à l'adulte (ralentissement du débit, contrôle de la structure syntaxique de l'énoncé, prise de conscience de l'activité de l'adulte, demande de relecture...) productions d'objets écrits associant le texte et l'image (albums, récits illustrés, documentaires).

 

 

Agir dans le monde

 

Aspects pédagogiques

 

L'action est un élément essentiel de développement de l'enfant. Il explore l'espace qui l'entoure, il manipule des objets familiers. Ce faisant, il apprend à mettre en jeu son corps tout entier, à mobiliser telle ou telle de ses fonctions (celle de locomotion, celle de préhension...). Il acquiert des compétences sensorielles et motrices qui étendent toujours plus le champ de ses expériences. C'est en rencontrant des obstacles que, aidé par l'adulte, l'enfant construit de nouveaux ajustements au monde qui l'entoure.

En offrant à l'enfant les moyens de prolonger ses activités dans des environnements plus complexes ou plus étrangers, le maître accompagne les progrès de sa croissance et de son habileté. Par ses exigences, l'adulte permet aussi à l'enfant d'apprendre à se représenter les actions dans lesquelles il est engagé, à en prévoir les résultats et, donc, à les conduire.

Progressivement, des apprentissages plus techniques, mettant en jeu des conduites réglées, deviennent possibles dans les activités à visée esthétique, sportive ou dans celles qui requièrent l'usage d'outils ou d'instruments familiers.

Le maître facilite puis organise l'activité de l'enfant en lui donnant l'occasion et les moyens de s'exprimer. En premier lieu, l'enfant doit pouvoir exercer, dans la plus grande liberté de mouvement et d'action, et en toute sécurité, ses facultés d'exploration motrice. Il le fait d'abord dans des environnements familiers puis progressivement dans des environnements qui posent des problèmes spécifiques (eau en particulier). Il ajuste de mieux en mieux ses actions en fonction des buts qu'il vise. Enfin, il est conduit de plus en plus fréquemment par le maître vers la réalisation de projets définis, individuels et collectifs. Son activité concourt à une découverte puis à une connaissance de plus en plus juste de soi, des autres, des objets et des matériels, des repères qui jalonnent l'espace et le temps de ses actions.

 

Nature et contenu des activités

 

Exploration du milieu proche (école, classe, cour de récréation...) exploration d'un milieu plus lointain (quartier, sorties de pleine nature, classes transplantées) ; découverte de ses possibilités corporelles ; action globale à base de locomotion ; exercice des capacités motrices dans des situations nombreuses et diverses, incluant la rencontre et l'utilisation d'obstacles matériels : marcher, courir, sauter, grimper, lancer, ramper, glisser, tirer, pousser, manipuler, se tenir en équilibre, se suspendre, évoluer dans l'eau, sur la glace ou la neige... ; adaptation des conduites motrices, en vue de l'efficacité et de la précision du geste, ajustement global des actions en fonction des trajectoires d'objets en mouvement ; prise de repères dans l'espace et dans le temps, appréciation des distances, réaction à un signal ; participation à des actions en commun, acceptation et respect de règles de jeux, individuels et collectifs ; expression par et avec le corps, seul ou avec d'autres ; exploration sensorielle, utilisation et appropriation des objets (chaises, tables, bancs...), des accessoires (balles, ballons, cerceaux, cordes...) et des matériels (chariots, tricycles, vélos, patins...) ; dépassement de soi en mesurant les risques et en modulant son énergie ; reconnaissance, réaction aux caractéristiques du monde sonore (bruits, musique, rythmes).

 

 

Découvrir le monde

 

Aspects pédagogiques

L'école a un rôle irremplaçable d'initiation au monde et à la culture. L'enfant y découvre le monde proche, celui de la vie et des objets. Il apprend à le connaître et à le respecter. Il le décrit, raconte ses aventures et ses rencontres. Il pose des questions et cherche des réponses. Il apprend à conduire ses actions, à en prévoir les résultats, à anticiper les événements et à les expliquer par la parole ou un codage.

Une pédagogie d'enrichissement de l'expérience à l'école maternelle repose sur quelques données simples :

le maître suscite toutes les occasions d'une découverte active du monde et de ses représentations et il veille à ce que les connaissances se forgent tant par l'activité et son observation que par la verbalisation de l'expérience et par son examen critique ; le partage de la culture de l'écrit et de celle de l'image, découvertes dans une relation forte avec l'adulte qui lit, explique, commente et, le cas échéant, écrit, constitue un moyen important d'enrichir les connaissances de l'enfant à condition, toutefois, que celles-ci puissent être rapprochées d'expériences vécues ; progressivement, l'enfant apprend à se représenter les savoirs qu'il rencontre ou construit ; dans ce but, il apprend à dessiner, à produire des représentations schématiques, à construire des textes (dictées à l'adulte) qui rendent compte de son activité ; dès que l'enfant en a la possibilité, ses connaissances sont ordonnées, grâce à un questionnement des évidences ou des savoirs implicites qui se sont constitués.

 

Nature et contenu des activités

 

Découverte du monde des objets

Utilisation d'objets techniques variés dans des situations fonctionnelles (vie de l'école, alimentation et cuisine, communication interne et externe, jeux, ateliers de fabrication...) jeux de construction ; montage et démontage d'objets ; fabrication d'objets : projet de réalisation d'un objet, choix des outils et des matériaux adaptés à la situation, actions techniques spécifiques (plier, couper, coller...)

Découverte du monde de la matière

Découverte de quelques propriétés de matériaux naturels (bois, terre, pierre...) ; première approche de l'existence de l'air (vent...) première approche de l'eau (liquide, pluie, neige, glace) ; observation des effets de la lumière (jeux d'ombre)

Découverte du monde vivant

Découverte de son corps : dans sa globalité et ses différentes parties ; observation des caractéristiques du vivant (naissance, croissance, développement, vieillissement et mort) ; première approche des grandes fonctions du vivant (croissance, locomotion, nutrition, reproduction) par l'observation dans des milieux divers (dans la classe ou lors de sorties dans l'environnement proche : étang, haie, parc animalier...) ou grâce à des documents audiovisuels.

Découverte des espaces naturels et humains ; sensibilisation aux problèmes de l'environnement

Appréciation visuelle des formes et des dimensions ; découverte, observation et description de la nature (plantes, animaux), de l'environnement proche, d'espaces moins familiers ; activités pratiques : jardinage, soins aux animaux ; identification de milieux diversifiés : campagne, mer, montagne, plaine, forêt, cours d'eau, ville...observation des constructions humaines : maisons, commerces, routes...prise de conscience de l'importance des déchets... ; repérage des nuisances : bruits, odeurs...

Sensibilisation aux problèmes d'hygiène et de consommation, éducation à la sécurité

Observation et prise de conscience des rythmes de vie (rôle du sommeil, du repos) ; approche concrète de l'hygiène de l'alimentation (régularité des repas, composition...) ; apprentissage des règles élémentaires d'hygiène ; développement des capacités sensorielles (goût, toucher, odorat, ouïe, vue) ; première approche des problèmes de consommation : les différents types de commerce (grandes surfaces, marchés), publicité ; prise de conscience des risques de la rue, de la route, de l'environnement familier (objets dangereux et produits toxiques) ; éducation aux conduites sauvegardant la sécurité, intégration de quelques règles élémentaires du code de la route.

Le temps qui passe

Découverte des rythmes temporels (journée, saisons, année) ; appréciation progressive des durées ; acquisition des systèmes simples de repérage du temps (jours de la semaine, quantièmes, mois, années) ; utilisation et fabrication de calendriers, agendas, chronologies ; organisation du passé proche et du passé plus lointain (repérage des événements les uns par rapport aux autres) ; construction de généalogies simples ; découverte et observation du patrimoine proche (sites ou objets conservés dans la ville, dans le quartier ou dans la famille) ; questionnement sur des événements du passé, initiation simple à la lecture documentaire, à l'interview de témoins.

Le monde de l'image

Dès son plus jeune âge l'enfant est mis en présence d'un grand nombre d'images : images fixes (affiches, photographies, albums...) images animées (vidéo, télévision, cinéma...).

Il est important de le préparer à recevoir cette abondance d'images : il les perçoit d'abord eil les perçoit d'abord en fonction de sa sensibilité, de son histoire, de son milieu culturel ; il est amené progressivement à les percevoir en fonction de son intelligence, en s'exerçant à faire des choix.

 

 

Imaginer, sentir, créer

 

Aspects pédagogiques

 

À l'école maternelle, l'enfant développe sa sensibilité, son imagination et sa capacité de créer, ses facultés d'attention et de concentration, son esprit critique et son aptitude à exprimer des goûts et des choix.

L'éducation artistique met en œuvre des démarches actives qui s'inscrivent dans une relation constante entre voir, entendre, faire, ressentir, échanger.

Il s'agit d'amener les enfants à rencontrer les arts, à éprouver des émotions. Il s'agit de leur donner les moyens de pratiquer des activités artistiques.

Par des contacts nombreux et variés avec des œuvres d'art de toutes époques et de toutes civilisations, l'enfant enrichit son imaginaire.

En imaginant, en créant des objets sonores ou plastiques, des textes, des images ou des gestes, l'enfant apprend à dire ses sentiments. Il découvre ainsi qu'il peut manifester les idées ou les rêves qu'il désire exprimer ou échanger. Ce faisant, il prend plaisir à construire, à inventer, à laisser libre cours à son imagination et il apprend à aller le plus loin possible dans son expression.

Deux domaines artistiques sont obligatoirement présents à l'école maternelle : la musique et les arts plastiques. Leur sont ajoutés ici l'expression dramatique et le théâtre, la danse comme exemples d'ouverture possible à d'autres domaines artistiques.

 

Nature et contenu des activités

 

L'éducation musicale

 

A l'école maternelle, par l'affinement et la mise en relation de perceptions sensorielles, les enfants découvrent et reconnaissent des bruits, des sons, des objets sonores. Ils apprennent ainsi à écouter leur environnement sonore mais aussi de la musique sous des formes variées. Ils développent leur imagination créatrice en inventant et produisant des musiques pour traduire leurs sentiments et impressions. En outre, toutes ces activités participent à leur socialisation : chanter ensemble, danser en groupe, écouter les autres, respecter l'écoute des autres, ressentir ensemble des émotions.

Activités vocales

Répertoire vocal simple : comptines et chansons de la tradition orale enfantine ; phrases musicales courtes et motifs simples ; jeux vocaux à partir de chansons, comptines ou poèmes ; sonorisation de contes, dialogue de marionnettes, invention de chansons.

Activités corporelles

Répertoire de rondes et jeux dansés : tradition orale enfantine, invention de danses ; activités instrumentales : exploration gestuelle d'objets sonores, d'instruments simples ; actions corporelles en relation avec des musiques variées : approche de notions musicales simples (rythmes, nuances...).

Activités d'écoute

Écoute du monde sonore : identification, comparaison, reproduction des bruits et des sons de l'environnement familier, paysages sonores divers ; écoute de musiques différentes : pays, époques, styles...affinement de l'écoute : durée d'un bruit, d'un son, intensité, hauteur, mouvements sonores, fragments de chansons ; perception et reproduction de formules rythmiques et mélodiques.

Les arts plastiques

La pratique des arts plastiques à l'école maternelle se fonde sur le désir qu'a l'enfant de regarder et de toucher, de faire et de réaliser.

L'enfant a un grand pouvoir d'imagination et d'invention. Il convient de le mettre dans les meilleures conditions pour exercer sa conduite créative.

Pratiques indispensables pour construire des représentations

Exploration visuelle et tactile de formes, objets, matières ; exploration visuelle de couleurs ; réalisation d'un "musée personnel" ; graphisme, traces et empreintes, pratique du dessin, du modelage, de la peinture et du collage, réalisation d'objets en volume ; utilisation de procédés simples : dissociation, inversion, suppression d'éléments...exercices de mémoire visuelle.

Acquisition et développement de connaissances

Les grands référents de l'imaginaire : les éléments (l'air, la terre, l'eau, le feu...), la maison, l'arbre... ; reconnaissance d'éléments plastiques : forme, couleur, matière, volume.

Présentation des réalisations

Commentaires sur son propre travail ; observation des effets produits (choix de matériaux, couleurs...).

 

Exemples d'ouverture à d'autres domaines artistiques

Le théâtre et l'expression dramatique

Le théâtre et l'expression dramatique ont pour but de développer chez les enfants leur disposition au jeu de fiction, leur imagination, leur sensibilité, leur désir d'expression et de production à travers de courts essais de réalisations dramatiques.

A l'école maternelle, les enfants explorent leurs capacités sensorielles, corporelles, relationnelles, verbales et imaginatives, au sein d'un groupe. Sous la conduite du maître et à travers des jeux, ils peuvent approcher la notion de personnage, de petites histoires structurées, et faire le partage entre le réel et le fictif.

Il convient aussi de considérer l'enfant spectateur, de lui faire connaître, chaque fois que possible, des artistes et des spectacles qui lui permettent de découvrir la diversité des formes et des lieux de création.

La danse

A l'école maternelle, il est essentiel de donner à l'enfant toutes les occasions de danser, pour l'amener à développer sa sensibilité et sa créativité, et ainsi lui permettre de s'exprimer plus intensément par le mouvement.

Ainsi, il est amené à effectuer des mouvements simples, globaux, à exprimer son plaisir par la répétition d'un même mouvement, à organiser sa propre danse en courtes séquences, à imiter les autres et à imaginer, à construire des improvisations courtes.

Il est aussi conduit à découvrir des œuvres diversifiées, pour lesquelles il manifeste intérêt, curiosité et émotion.

 

 

École primaire, cycle 1 : des instruments pour apprendre

 

À l'école maternelle, l'enfant découvre, grâce aux situations pédagogiques mises en œuvre par le maître, toutes les richesses du monde qui l'entoure. En jouant, en développant toujours plus loin ses actions, il se constitue un premier capital de connaissances qui lui permettent de comprendre les réalités physiques et humaines qui constituent son environnement proche ou plus lointain.

Tout en enrichissant ainsi ses connaissances, il se dote des instruments essentiels au travail de l'intelligence. C'est avec eux qu'il abordera l'école élémentaire. Ce sont eux qu'il appliquera à l'information et à la culture écrite. L'attention, la mémoire, la capacité d'évocation des savoirs mémorisés, la capacité de perception et de traitement des informations, leur représentation par le langage sont, sauf exception douloureuse, données à tous. L'entraînement est ici décisif. C'est à l'école maternelle que l'enfant apprend à les mettre en œuvre sans fatigue et avec plaisir.

D'autres instruments de l'activité intellectuelle supposent des apprentissages construits que, souvent, l'école seule permet. C'est le cas des techniques graphiques de représentation de la réalité ou de la parole que sont respectivement le dessin et l'écriture. C'est aussi le cas des techniques de dénombrement, de mesure, de mise en ordre, de description géométrique du monde qui nous entoure, parfaitement accessibles à l'enfant avant même qu'il entre dans l'abstraction du langage et du raisonnement mathématique. C'est enfin le cas des repères temporels qui permettent de situer des événements les uns par rapport aux autres.

 

Aspects pédagogiques

 

L'activité graphique

 

L'activité graphique n'est d'abord qu'une trace laissée par le corps ou la main sur des supports variés avec des instruments spécifiques. Progressivement l'enfant s'approprie ces tracés qui deviennent des figures porteuses de sens et il utilise leur pouvoir de communication. Il apprend à établir des codes implicites, signes, symboles pour des communautés diverses (famille, classe, autres groupes...).

Par des exercices appropriés, mais toujours fonctionnels et inscrits dans des activités signifiantes, l'enfant améliore la sûreté de ses gestes, apprend à mobiliser plus finement sa main, à mieux tenir les divers instruments scripteurs, à explorer les contraintes des différents supports. Par des jeux variés, il explore l'espace graphique et le répertoire des différents tracés.

 

Dessiner

 

Le dessin est, pour l'enfant, un moyen important de décrire la réalité et d'en rendre compte. Il apprend à transcrire une narration ou une description verbale par le dessin.

- entraînement à la précision dans les tracés ;

- explicitation des formes ;

- recherche des moyens d'indiquer des relations entre objets ou personnages dans le dessin ;

- élaboration de codes graphiques spécifiques permettant d'améliorer la lecture du dessin par autrui ;

- simplification d'un dessin pour distinguer l'important de l'accessoire ;

- découverte de formes élémentaires de schématisation ;

- interprétation des diverses formes de dessins utilisés dans les différentes formes de communication (logos, dessins et schémas documentaires...)

 

Écrire

 

À l'école maternelle tout enfant doit commencer à s'entraîner à l'écriture cursive. Il doit découvrir ce qu'est l'écriture, à quoi elle sert, et surtout la façon dont elle renvoie au langage (liaison constante entre l'oral et l'écrit).

- utilisation de l'espace d'une feuille ;

- découverte des différents types de tracés ;

- disposition des tracés sur des lignes droites ;

- premiers essais d'écriture ;

- copie et copie différée de formes régulières, de mots ou de lettres ;

- exploration du fonctionnement de l'écriture alphabétique ;

- contrôle des tracés de l'écriture cursive de manière à éviter les coupures et les retours en arrière ;

- découverte de l'organisation spatiale d'une information écrite (listes, tableaux à deux colonnes, regroupements spatiaux des textes...).

Dans ces activités, il faudra veiller à la position du corps ; il faudra prendre des précautions très particulières avec les enfants réellement gauchers pour qu'ils parviennent à écrire aussi lisiblement et rapidement que les droitiers.

 

 

Classifications, sériations, dénombrement, mesurage, reconnaissance des formes et relations spatiales

 

Tous ces instruments du travail intellectuel qui deviendront plus tard des opérations de l'activité mathématique sont particulièrement utiles pour décrire la réalité et pour comprendre les phénomènes qui y surviennent.

Classifications et sériations

 

Progressivement l'enfant découvre et organise les relations logiques en travaillant sur des collections d'objets. Pour cela, il peut procéder à :

- des classements d'objets en fonction de l'une de leurs qualités ;

- des rangements d'objets, en particulier grâce à des critères quantitatifs (plus grand, plus gros, plus large...)

- des comparaisons de collections, conduisant éventuellement à compléter certaines d'entre elles ;

- des désignations et des symbolisations.

L'enfant peut utilement travailler sur les sériations et les rythmes (listes, récits, bandes dessinées, frises. . . ) et pratiquer des jeux à règles.

 

Approche du nombre

 

Pour le jeune enfant, la quantification du monde qui l'entoure n'est pas d'emblée numérique, les quantités à estimer ou à produire peuvent dépasser ses possibilités de dénombrement.

Progressivement, il apprend à construire un certain nombre de procédures et d'outils pour dénombrer les collections d'objets :

- estimation relative et globale des quantités (plus, moins, pareil) ;

- dénombrement de petites collections par une perception instantanée ;

- comparaison de collections à des collections naturelles (doigts de la main) ou à des collections repères (nombre de places autour de la table. . . )

- fixation et extension de la comptine parlée ;

- dénombrement en utilisant la comptine.

A travers la résolution de petits problèmes additifs ou soustractifs et de situations de distribution d'objets, l'enfant découvre les fonctions du nombre, en particulier comme représentation de la quantité.

Le nombre permet aussi, par son aspect ordinal, de décrire des hiérarchies et des rangements. Les activités porteront sur :

- la hiérarchisation de séries en utilisant la comptine numérique ;

- la comparaison de certaines dimensions des objets en utilisant un étalon.

 

Reconnaissance des formes

 

Les formes sont des propriétés des objets ou des espaces qui doivent être reconnues, construites, tracées. La multiplication des expériences diverses, dans des espaces proches ou lointains, avec des objets petits ou grands, est nécessaire à l'enrichissement des observations qui préparent à la géométrie.

Les activités peuvent s'ordonner autour :

- de la découverte de formes fermées ou ouvertes, des notions d'intérieur et d'extérieur ;

- de la différenciation et de la classification de formes, régulières ou irrégulières, mettant en jeu des dénombrements (nombre de sommets, de côtés, de faces...) ;

- de la désignation de formes.

 

Repérages dans l'espace

 

Se repérer dans l'espace, se déplacer selon des consignes strictes, manipuler les indicateurs spatiaux du langage, sont des activités qui s'ordonnent tout au long du cursus de l'école maternelle. L'école maternelle doit permettre à l'enfant de donner du sens à ce repérage en passant de son point de vue à celui de ses camarades au travers d'activités nombreuses et diverses, jouant sur les trajets et parcours, réels ou représentés, et incluant leur description verbale.

Progressivement, il construira :

- une organisation de l'espace proche et lointain par rapport à celui qui parle (près de moi, à côté de moi, ici, .... s'opposant à loin de moi, là-bas...) ;

- une organisation des différentes dimensions de l'espace à partir de celui qui parle (dessus, dessous, au-dessus, au-dessous, à gauche, à droite) ;

- une organisation de l'espace par rapport à des objets ou à des repères extérieurs (près de la porte, au fond du couloir...).

On utilisera les mêmes indicateurs, ou d'autres, pour repérer les objets dans un espace réel ou représenté.

 

Repérage des événements dans le temps

 

Les repères temporels introduisent aussi bien à la description des phénomènes physiques qu'à l'histoire des hommes. On procédera à leur mise en place grâce à :

- une prise de conscience de l'opposition passé/présent par rapport au moment de la prise de parole ;

- une prise de conscience du futur comme attente, projet, souhait... ;

- une exploration et une fixation du lexique de l'énonciation temporelle (maintenant, avant, après, hier, demain...) ;

- une structuration du temps à partir des activités revenant régulièrement ;

- une prise de conscience des grands rythmes naturels (nuit/jour, saisons, année...) et leur utilisation comme repères chronologiques ;

- une mise en place de repères chronologiques communs à la classe, à l'école ;

- une fixation et une utilisation du lexique des repères temporels (matin, après-midi, soir, nuit...) et des comptines temporelles (heures, jours de la semaine, mois de l'année...)

- une mise en ordre des événements passés par l'usage des temps des verbes ;

- une appréciation, une comparaison, des durées ;

- une première approche de la simultanéité.

 

 

Dessiner, écrire, dénombrer, mesurer, décrire l'espace, se repérer dans l'espace et dans le temps constituent des instruments puissants de la connaissance. Permettre à l'enfant de les construire dès l'école maternelle est un gage de réussite ultérieure dans sa scolarité.