Les leçons d'histoire de France qu'on donne aux enfants des écoles maternelles sont la plupart du temps absolument inintelligibles pour eux.

Elles sont remplies d'axiomes tels que ceux-ci : «Aimer sa patrie est un sentiment naturel », «On reconnaît l'arbre à ses fruits».

Sans que cela soit amené, on parle aux enfants de tournois, de forteresses, de ponts-levis, de machicoulis, de chevaliers : «Les chevaliers font partie de l'armée».

On commence aussi en ces termes une leçon à des petits paysans de trois à six ans, et qui ne comprennent pas même bien le français : «Mes enfants, les Anglais étaient jaloux de notre colonie du Canada» .

Quand la curiosité de ces pauvres petits a été satisfaite par la vue de l'image, ils n'écoutent plus, et c'est réellement ce qu'ils ont de mieux à faire.

Sur ce point aussi une saine impulsion doit être communiquée au personnel dirigeant des écoles maternelles, afin qu'il se tienne dans la mesure, et qu'il interprète désormais l'esprit du règlement dans son vrai sens ; car il ne s'agit point d'apprendre l'histoire aux enfants, mais de choisir avec discernement les faits de nature à développer en eux tous les bons sentiments, l'amour du pays et du devoir, le dévouement à la famille et le goût du travail.

 

M. L., in Revue pédagogique, 1885