De la veuve du Directeur du Dauphiné (j'espère qu'elle ne va pas me menacer de son Colt Cobra ! - au fait, comment a-t-elle réussi à obtenir un permis de port d'arme, ça c'est une autre histoire), cet article impayable (le joli mouvement de menton de Barrès, mâtiné des considérations de Bouvard et de Pécuchet), et ô combien prémonitoire...

 

 

Le jour se lèvera : aujourd'hui le RPR a dix ans. Son fondateur Jacques Chirac a fait sa longue marche pour voir l'aube d'une société difficile à asseoir.

Lui-même a changé. Le hussard de l'Appel de Cochin est devenu le Premier Ministre de la cohabitation, celui de la réflexion, du calme - parfois apparent - de la fermeté. Son équipe est solide : c'est la première qualité d'un chef. Mais l'homme de la réflexion est aussi celui du dialogue et de la fidélité.

Parfois impénétrable derrière le petit écran, il a compris une chose importante : la France des régions, des campagnes, des vallées est toute [sic] aussi importante que celle des villes.

Il a jeté aux orties (tout en restant attentif à la capitale) sa gangue de Maire de Paris et lorsqu'il s'adresse directement à la masse le courant passe. La popularité ne le fait pas dévier. Ce qu'il fait, il y croit et sa référence reste profondément ancrée : le général de Gaulle.

France des valeurs, du courage, de la responsabilité. France mondialement respectée, entre les plus diverses nations, France d'une justice plus vraie, d'une technologie avancée, d'un effort constant pour la politique de l'emploi.

Il est profondément convaincu qu'il faut éviter de tragiques malentendus avec notre jeunesse qui est notre avenir sacré. Il sait en tant que père, en tant que responsable d'une nation, que le drame des jeunes quel qu'il soit [re-sic] ne doit pas marquer des cicatrices profondes : il faut encore du temps pour que le jour se lève.

 

© Line RR, in Le Dauphiné du 8 décembre 1986

 

[Et puisqu'il y a, apparemment, encore du temps à attendre, je ne saurais trop vous recommander d'aller voir ou revoir l'admirable Le Jour se lève (1939, belle année).

 

 

[La cynique canaillerie de Jules Berry, la gouaille d'Arletty et le désespoir de Gabin : Le Jour se lève fait partie des 100 films pour l'an 2000 ; c'est un produit du tandem Carné-Prévert, que dire de plus ?]