Je suis en train de dire que, exactement parce qu'elle est très précise et bien définie depuis des siècles, notre identité culturelle ne peut pas supporter une immigration composée de personnes qui, d'une façon ou d'une autre, veulent changer notre système de vie. Nos principes, nos valeurs. Je suis en train de dire que chez nous il n'y a pas de place pour les muezzins, les minarets, les faux abstèmes, le foutu tchador, l'encore plus foutu bourkah".
Oriana Fallaci.
"En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l'intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s'en rendent coupables ; car s'ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c'est plus grave) incapables de supporter l'existence d'autrui comme autrui".
Cl. Lévi-Strauss, Tristes tropiques, éd. 10/18, 1955, p. 364.
"Nous sommes contaminés par l’intolérance islamique".
Claude Lévi-Strauss, in Le Nouvel Observateur du jeudi 10 octobre 2002.
Est-il possible, est-il seulement permis, de porter un regard critique sur l'Islam, sans aussitôt s'attirer les foudres de tous ses mandants, voire même - plus encore - de ses défenseurs patentés ? En ce jour de commémoration de l'affaire dite de la rue des Rosiers (9 août 1982), tandis que les barrières "Vigipirate" se dressent un peu partout en France (et qu'on m'allègue point que désigner nommément ces "pirates" à l'égard de qui il convient de se montrer vigilant, constitue un acte raciste), peut-on essayer, sans haine mais sans crainte, de raison garder à propos d'une manifestation culturelle relativement récente dans l'histoire de l'humanité - la dernière en date des religions nées du Livre ? La réponse semble aller de soi, au pays des Droits de l'homme - qui est d'abord celui des Devoirs de l'homme, car aussi bien, il ne faut cesser de le rappeler, les droits naissent des devoirs. Or mille signes sous-jacents nient cette possibilité qui est pourtant le bien élémentaire de chaque citoyen - pouvoir faire preuve d'esprit critique chaque fois qu'il le souhaite.
Un exemple très récent, entre mille : chacun sait que nous sommes informés, heure par heure, de toutes les exactions commises par les Israéliens dans les territoires dits "occupés" : je ne veux pas dire que ce zèle suspect, qui ne concerne que l'État hébreu est un tissu de mensonges. Mais tout de même… Un Palestinien est-il atteint par une balle israélienne plus ou moins perdue ? Nous avons aussitôt droit à un comptage sanglant et précis. Et davantage encore si l'État hébreu se charge d'éliminer tel ou tel des chefs "terroristes", pour parler comme feu Jospin. Mais lorsqu'il s'agit du camp adverse, alors la Une est systématiquement abandonnée, et les informations sont à rechercher en dernière page, et en petits caractères. C'est ainsi que j'ai sous les yeux celle du Dauphiné libéré, du 31 juillet dernier. Sous la rubrique "en bref" (tout un programme !), on lit que 300 morts "au moins", sont à déplorer au Soudan, à la suite d'une attaque des forces gouvernementales qui a fait se déplacer 100 000 personnes (imaginez l'indignation universelle, si Israël s'avisait de chasser 100 000 "Palestiniens" vers la Jordanie…). Un autre entrefilet rapporte que les "forces de sécurité algériennes" ont abattu 15 membres du GIA (Groupe islamique armé), dont le chef du mouvement Rachid Abou Tourab. Mais là encore, aucune protestation, aucun effet de manche indigné, comme lors de l'exécution, par l'État hébreu, d'un des chefs du Hamas. Pourquoi donc, cette étrange diversité dans le traitement de l'information ? Seuls les esprits mal tournés oseront faire le lien avec le fait que les deux états précités (Soudan - Algérie) sont des membres éminents de l'OCI (Organisation de la conférence islamique)… Sans vouloir remonter à Salman Rushdie - dont on semble avoir oublié qu'il continue à être l'objet d'une fatwa, il est clair que le sort réservé chez nous au récent ouvrage d'Oriana Fallaci (il conviendrait plutôt de parler de "tornade blanche", à propos de ce texte, dont Oriana nous dit, fort opportunément, qu'elle en a "coupé les paragraphes particulièrement violents" !) est une bonne illustration de notre attitude d'autruches - la grand-mère véhémente parlerait plus crûment de "peuple sans couilles".
I. La véhémence d'une italo-américaine
Oriana Fallaci.
Un ouvrage récemment paru chez Plon (La rage et l'orgueil, mai 2002) et qualifié presque unanimement de "pamphlet contre l'Islam" donne une autre idée de ce qu'il convient d'appeler la cécité ou, du moins, l'angélisme de l'Occident. Car il suffit de lire attentivement ce qui est et demeure, c'est un fait, un pamphlet, pour s'apercevoir que le sort réservé par l'auteur, Oriana Fallaci, à l'Islam, est à tous égards plus enviable que la haine méprisante qu'elle voue à l'actuel Président du Conseil de son pays d'origine (symbole, à ses yeux, de l'Italie fêtarde qu'elle exècre), Silvio Berlusconi - d'ailleurs jamais cité par son nom, mais en tant que Monsieur le Cavaliere : "...Vous êtes sorti du néant comme certaines plantes qui soudainement apparaissent dans un potager et qu'on regarde avec incertitude, en se demandant : "Qu'est-ce que c'est que ça ? Une raiponce ? Une ortie ?". Depuis lors je vous observe avec curiosité et perplexité, sans pouvoir décider si vous êtes une raiponce ou une ortie mais en pensant que si vous êtes une raiponce vous n'êtes pas une grande raiponce, si vous êtes une ortie vous n'êtes pas une grande ortie".
Mais voilà, personne ne relève l'épouvantable apostrophe à Berlusconi - chacun ne voit que ce qui risque de blesser les Musulmans, dans cet ouvrage dont je me dois de dire, en passant, qu'il est vraiment écrit dans un style insupportable, même s'il emprunte le style parlé, ce qui n'autorise pas tout (dans l'ordre du relâchement langagier. Et cependant, cet ouvrage échevelé est davantage construit qu'il n'y paraît au premier abord).
Par exemple, on peut lire dans Paris-Match (n° 2768 du 13 juin 2002, p. 14), sous la plume de G. Martin-Chauffier, et sous le titre "Oriana, du calme !" : "... chien méchant ! Elle est déchaînée... elle se lance dans un sermon à la Savonarole, pour ne pas dire à la Mégret (Bruno)". Pourtant, l'auteur accorde quelques satisfecit à Oriana : "autant ce qu'elle dit sur les musulmans est insignifiant par sa démesure, autant ce qu'elle dénonce sur nos lâchetés sonne vrai". Autrement dit, nous avons tout à fait le droit, et même le devoir, de nous flageller, en aucun cas nous ne devons formuler la moindre critique à l'égard de l'Islam : ce n'est sans doute pas de la lâcheté, cher Martin-Chauffier ?
Un autre exemple de vision partielle et partiale est à trouver - naturellement - dans les propos de l'avocat qui a tenté, au nom du MRAP et de la LICRA, de faire interdire l'ouvrage (faire interdire un ouvrage polémique ! En 2002 et en plein Paris ! Mais de quoi je me mêle !), en commençant par ironiser sur le "courage" de Mme Fallaci, qui ne s'est pas présentée à l'audience (cher Maître, ça doit vous donner une idée de ce que la mythique star-reporter italienne pense de vous et du procès. Car elle donne de son courage des preuves multiples et indubitables), puis en plaidant l'interdiction "pour provocation à la discrimination, à la haine et à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur religion". Et aussitôt d'enchaîner, à propos de "les fils d'Allah se reproduisent comme des rats" (formule certes plus que discutable : exécrable) : "Mme Fallaci utilise la méthode efficace et terrible de la littérature antisémite de la fin du XIXe et des années 1930. En comparant les musulmans à des rats, ou à d'autres animaux, elle leur dénie les qualités les plus élémentaires qui font d'eux des êtres humains". Littérature antisémite, avez-vous dit, cher Maître ? Mais justement, n'a-t-elle pas été reprise telle quelle par les fondamentalistes musulmans - et les autres ? Et de terminer ainsi : "si un jour le régime devait changer en France, La Rage et l'orgueil serait le livre de base d'une nouvelle solution finale contre les musulmans". Solution finale, avez-vous dit ? Mais n'est-ce pas exactement ce que réclament tous ceux qui se proposent de foutre les Israéliens à la mer (parvenu à ce point, je ne résiste pas au désir de rappeler un extrait du discours, prononcé le 17 mai 1994, au Cap, par Yasser Arafat, alors que venaient juste d'être signés au Caire les accords d'autonomie de Gaza et de Jéricho : "Notre bataille principale, c'est Jérusalem. Venez prier à Jérusalem ! Venez nous aider à déclencher le Djihad, pour la libération de notre capitale historique". Ce texte est cité en exergue du "Mourir pour Jérusalem", de Jean Lartéguy). Non, cher Maître, à trop vouloir prouver... Alors, lisons l'essentiel du long paragraphe qui comprend la phrase isolée de son contexte ; et remarquons que justement, dans son contexte, elle perd largement de sa portée injurieuse (d'autant que Fallaci ne dit pas des rats, mais les rats, ce qui n'est pas la même chose) :
Il y a aussi une autre chose que je ne comprends pas. S'ils sont si pauvres, si besogneux, qui leur donne l'argent pour se payer le voyage en bateau ou en canot pneumatique jusqu'à l'Italie ? Qui est-ce qui leur donne les dix millions de lires par tête (le tarif minimal tourne autour de dix millions par tête) donc les cinquante millions pour une famille de cinq personnes, une somme qui suffit seulement si tu viens de la très proche Albanie ? Est-ce les Oussama Ben Laden dans le but d'exporter les terroristes d'Al Qaeda ? Est-ce les princes saoudiens dans le but d'étendre leur territoire comme leurs ancêtres le firent en Espagne et au Portugal ? Je ne crois pas à un phénomène naturel, spontané, innocent. Ils sont trop malins, trop organisés, ces travailleurs étrangers. Et en plus ils font trop d'enfants. Les Italiens ne font plus d'enfants, les imbéciles. Les autres Européens, à peu près pareil. Les fils d'Allah, au contraire, se multiplient comme les rats. Il y a du louche dans cette affaire. Et ceux qui le prennent à la légère ou avec optimisme se trompent. Ceux qui comparent cette vague migratoire avec la vague migratoire qui s'abattit sur les États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle puis au début du XXe siècle se trompent également (ouvr. cit., pp. 145-146)
Je reste encore sur les rats : je lis en effet, dans un livre estimable consacré au rugby : "Les [tribunes] officielles [du Parc des Princes sont] accaparées par de petits marquis cravatés surgis des cabinets ministériels comme des rats d'un égout" (Denis Tillinac, Rugby Blues, 1993, p. 86). Parlera-t-on, dans ce cas, de racisme ? Que nenni ! Eh bien, il n'y a aucune raison, vraiment, de disposer de deux poids et deux mesures. Et puis, Oriana emploie ailleurs une autre formule, encore plus effrayante : "les disciples du Fondamentalisme Islamique se multiplient comme les protozoaires d'une cellule qui se scinde pour devenir deux cellules puis quatre puis huit puis seize puis trente-deux, à l'infini". Par conséquent, fin de l'épisode.
Les mêmes avocats n'ont pas voulu citer, "par respect pour le tribunal", l'attribut viril que Fallaci "se vante dans son livre de posséder". On sent bien qu'ils se situent au ras des pâquerettes, et qu'ils ignorent ce qu'est une figure de style... Mais bon, regardons-y tout de même. La phrase incriminée est la suivante : en outre j'ai plus de couilles que vous, louches et lâches qui pour trouver le courage de mourir avez besoin de tuer les innocents y compris les enfants de quatre ans. Plus loin, Oriana précise : Ah, si l'Italie avait les couilles pour apprendre une telle leçon ! Bon, ce "grand reporter", qui a vécu de nombreux conflits, ne s'exprime pas toujours avec componction, et puis après ? On trouve en tout et pour tout neuf occurrences de ce vocable. Dans un ouvrage qui compte 40 248 mots, on ne peut pas dire qu'une telle fréquence relève de l'obsession. Et je rappelle que l'apostrophe de notre bien-aimé Président à l'égard d'un Prime minister britannique en exercice : "Mais qu'est-ce qu'elle veut de plus ? Mes couilles sur un plateau ?" (c'était lors du sommet européen de février 1988) n'a entraîné que quelques vagues sourires amusés...
En revanche un autre vocable, rencontré trois fois plus (cigales), montre la hantise de l'auteur, qui porte sur ce que Martin-Chauffier nomme le vrai de ses dénonciations sur nos lâchetés. Rappelons au passage que Fallaci vécut à Manhattan les événements du 11 novembre dernier, et qu'elle se mit à écrire (plus vraisemblablement, à parler devant un dictaphone) fiévreusement ce qu'elle avait sur le cœur depuis longtemps, mêlant son indignation non feinte aux ressentiments qu'elle éprouvait à la suite du changement d'attitude à son égard d'un directeur de journal italien, la première "cigale" de sa longue diatribe ("mon sermon désespéré") à l'égard des personnes "sans idées et sans substance", hommes politiques et intellectuels qui "respectent plus le Coran que Das Kapital et les Évangiles" et font régner "un nouveau terrorisme intellectuel", tout bonnement pour sauvegarder leur propre confort. Bref, des "individus qui ne méritent pas le nom de citoyens", car leur principale caractéristique est la pusillanimité.
Mais il convient d'aller au fond. L'avocat du Mrap a déclaré qu'il était "légitime de saisir la justice afin de porter le débat quant aux limites de la liberté d'expression lorsqu'on est en présence de propos racistes". Fort bien. Reprenons donc l'ouvrage (si mal ficelé) d'Oriana Fallaci, et recensons quelques-uns des faits qu'elle rapporte, et quelques-uns de ses commentaires : si les commentaires sont libres, les faits, eux, sont sacrés. Et le problème n'est pas de crier raciste-raciste (pour parler comme Oriana) : le problème, c'est de prouver qu'elle ment... Personne, à ce jour, ne s'y est risqué...
Quelques faits rapportés dans La rage et l'orgueil
Il est piquant de lister ces faits au moment même où l'on annonce la mort d'un "terroriste lâche et méprisable", comme le dit Washington à propos d'Abou Nidal, relayé d'ailleurs par les Palestiniens eux-mêmes qui le chargent et en rajoutent, pensant ainsi se dédouaner à bon compte... Mais qu'on nous permette seulement d'en rire, car les mêmes Palestiniens ajoutent avec gravité que cet homme, retrouvé criblé de balles, se serait suicidé (un Stavisky palestinien ?)... Il est piquant, car ce qu'on apprend sur ce super-terroriste donne à penser. Il était né en 1937, fils de la huitième femme du très prospère Khalil, qui en avait treize. Ce seul fait explique la diatribe d'Oriana envers l'U.E. : "cette Union Européenne moelleuse. Cette Europe clownesque et stupide qui fornique avec les pays arabes et qui pour empocher leurs pétrodollars parle d’«Identité Culturelle» avec le Moyen-Orient... (Que veut dire Identité Culturelle avec le Moyen-Orient, race d'idiots, espèces de balourds ? Où est l'Identité Culturelle avec le Moyen-Orient, race de filous ?)".
La liesse du onze septembre
Au moment où je me demandais qu'est-ce-que-je-fais, qu’est-ce-que-je-fais, la télévision montra les Palestiniens qui fous de joie célébraient l'hécatombe. Ils hurlaient Victoire-Victoire. Puis, quelqu'un me rapporta qu'en Italie des gens les imitaient en ricanant bien-fait-pour-les-Américains, aux-Américains-ça-leur-va-bien. Et alors, avec l'élan d'un soldat qui surgit de la tranchée et se lance contre l'ennemi, je me jetai sur la machine à écrire.
Quelle personne de bonne foi pourra nier la liesse qui envahit tous les pays musulmans, à l'annonce de la tragédie des Twin-Towers ? C'était en effet une victoire, pour eux. Et particulièrement pour les Palestiniens, qui manifestèrent bruyamment leur joie, exactement comme lorsque, au moment de la (première ?) Guerre du Golfe, des Scud irakiens touchaient le sol israélien. La télévision nous a montré et re-montré cela. Et j'ai été personnellement témoin - je ne pense pas être le seul - de la joie manifestée par des travailleurs nord-africains gagnant leur vie chez nous.
Mais il y a plus : il est parfaitement exact que nombre d'Européens ont eu des réactions du type aux-Américains-ça-leur-va-bien. Cette détestation ne peut s'expliquer, en dernier ressort, que par la jalousie qui nous mine, nous qui sommes perpétuellement en retard, d'une guerre, d'une mode, d'une chanson, d'un héros de film.
La "culture du bourkah"
Distraite par mon amour pour la Liberté j'ai commencé en affirmant que dans le monde il y a de la place pour tous, que ma mère disait le-monde-est-beau-parce-qu'il-est-varié, que si les femmes musulmanes sont stupides au point d'accepter ce qui se passe, tant pis pour elles l'important-c'est-que-ce-qui-se-passe-ne-me-soit-pas-imposé-à-moi. Leurs-affaires-ne-me-concernent-pas. Mais j'ai dit une chose injuste, une chose inacceptable. Car en disant ça j'ai oublié que la liberté sans justice est une demi-liberté, que défendre seulement sa propre liberté est une insulte à la Justice... Aux Cigales de sexe masculin, c'est-à-dire aux hypocrites qui contre la "culture" du bourkah n'ouvrent jamais la bouche, ne bougent jamais un doigt, je n'ai rien à dire... Aux Cigales de sexe féminin, c'est-à-dire aux féministes de sombre mémoire, au contraire, j'ai quelque chose à dire. Bas les masques, fausses Amazones... Que se passe-t-il avec votre féminisme livide ? Que se passe-t-il avec votre prétendue combativité ? Comment se fait-il qu'à propos de vos sœurs afghanes, des femmes exécutées tourmentées humiliées martyrisées ou fourvoyées par les cochons avec la tunique et le turban, vous adoptiez le silence de vos petits mecs ? ...Êtes-vous toutes tombées amoureuses d'Oussama Ben Laden, de ses gros yeux à la Torquemada, de ses lèvres dodues et de ce qui se trouve sous sa sale tunique ? Le trouvez-vous romantique, le considérez-vous comme un héros, rêvez-vous d'être violées par lui ? Ou bien la tragédie de vos sœurs musulmanes ne vous intéresse-t-elle pas car vous les considérez comme inférieures ? Dans ce cas, qui de nous est raciste : moi ou vous ? La vérité est que vous n'êtes même pas des cigales. Vous êtes et vous serez toujours des poules qui peuvent seulement criailler dans leur poulailler. Cotcodet-cot-cot-codet. Des parasites qui pour se faire remarquer ont toujours eu besoin d'un coq, d'un patron ou d'un ange gardien.
Les trois femmes exécutées à Kaboul
L'exécution de trois femmes coupables d'on ne sait pas quoi. Une exécution qui se déroule sur la place centrale de Kaboul. Pour être exact, un parking désolé de cette place. Et voilà. Tout à coup sur le parking désolé arrive une fourgonnette, et trois choses en descendent. Trois choses, trois femmes, recouvertes du drap avec la minuscule grille placée devant les yeux. Bref, le bourkah. Le bourkah de la première est marron, celui de la deuxième est blanc, celui de la troisième est gris. La femme avec le bourkah marron est visiblement terrorisée. Elle titube, elle chancelle, elle ne tient pas sur ses jambes. La femme avec le bourkah blanc avance à petits pas égarés comme si elle avait peur de trébucher et de se faire mal. La femme avec le bourkah gris, petite et menue, marche en revanche à pas sûrs, et à un certain moment elle s'arrête. Elle fait le geste de soutenir ses compagnes, de les encourager, mais un barbu avec la tunique et le turban intervient brusquement. Il les sépare, il les bouscule, il les contraint à s'agenouiller par terre. Tout se passe sous les yeux des hommes qui traversent la place, mangent des dattes, se mettent les doigts dans le nez, et bâillent comme si la chose ne les regardait pas... Les trois femmes se sont à peine agenouillées par terre que le bourreau, un autre barbu avec la tunique et le turban, surgit d'on ne sait pas où en tenant une mitraillette dans sa main droite. Il la tient comme on tient un cabas. Nonchalant, ennuyé, bougeant comme celui qui répète des gestes habituels et peut-être quotidiens, il se dirige vers les trois choses qui attendent immobiles. Et qui étant immobiles ne ressemblent même plus à des êtres humains, elles ressemblent à des paquets posés sur l'asphalte. Il les atteint dans le dos et, nous prenant par surprise, à brûle-pourpoint il fait feu dans la nuque de la femme avec le bourkah marron qui aussitôt tombe en avant. Raide morte. Puis, toujours nonchalant, ennuyé, il se déplace d'un mètre et fait feu dans la nuque de la femme avec le bourkah blanc qui tombe de la même façon. Face contre terre. Puis il se déplace d'un mètre, encore, marque une pause, il se gratte les organes génitaux. Lentement, satisfait. Enfin il tire dans la nuque de celle avec le bourkah gris qui au lieu de tomber en avant comme ses copines reste quelques secondes immobile. La tête haute, le buste droit. Fièrement droit. Enfin elle s'écroule sur un côté, et dans un dernier geste de révolte soulève le bord de son bourkah. Elle montre une jambe. Mais, imperturbable, lui il la recouvre et appelle les fossoyeurs qui immédiatement empoignent les trois cadavres par les chevilles. Laissant sur l'asphalte trois larges bandes de sang, ils les traînent comme trois poubelles.
Les douze impurs de Dacca
Pour te faire pleurer je vais te raconter l'histoire des douze jeunes impurs (ce qu'ils avaient fait d'impur, je ne l'ai jamais su) qui après la guerre du Bangladesh furent exécutés à Dacca. Ils furent exécutés dans le stade sportif, à coups de baïonnette dans le thorax et le ventre, et sous les yeux de vingt mille fidèles qui assis dans les tribunes applaudissaient au nom d'Allah. « Allah akbar, Dieu est grand, Allah akbar. » Je sais, je sais. Au Colisée les anciens Romains, ces Romains dont ma culture est si fière, se divertissaient à voir mourir les chrétiens livrés en pâture aux lions. D'accord, d'accord. Partout en Europe les chrétiens, ces chrétiens dont je reconnais la contribution qu'ils ont apportée à l'Histoire de la Pensée, se divertissaient à voir brûler les hérétiques. Mais plusieurs siècles sont passés depuis ce temps-là. D'une manière ou d'une autre nous sommes devenus un peu plus civilisés, et même les fils d'Allah devraient comprendre que certaines choses ne se font pas. Pourtant, ils les font. Après les douze jeunes impurs ils tuèrent un enfant de douze ans qui s'était jeté sur un corps en pleurant mon-frère, mon-frère. Ils lui éclatèrent la tête à coups de talon... Après le carnage les vingt mille fidèles (dont beaucoup de femmes) abandonnèrent les tribunes pour se rendre sur le terrain. Mais pas d'une façon désordonnée et débraillée et rapide, remarque bien : d'une façon réglée, calme, solennelle. Lentement ils formèrent un cortège. Lentement ils se rendirent au centre du terrain. Et psalmodiant sans cesse Allah akbar-Allah akbar, ils passèrent sur les cadavres. Ils les réduisirent à un tapis d'os broyés, ils les détruisirent comme les Tours de New York.
Les deux Bouddhas millénaires
Je vois les énormes Bouddhas taillés dans la roche qui se trouvaient dans la vallée de Bamyan. La vallée où, il y a des milliers d'années, les caravanes provenant de l'Empire Romain et se dirigeant vers l'Extrême-Orient ou vice versa transitaient avec leurs marchandises. L'endroit par lequel passait la légendaire Route de la Soie, carrefour et amalgame des cultures. (Quelle belle époque.) Je les vois parce que sur eux je sais tout... Que jusqu'au jour du crime les fresques aussi étaient restées intactes... Mon cœur se brise parce que envers les œuvres d'art j'ai le même culte que les musulmans ont envers la tombe de Mahomet... Et comme les Pyramides, comme le Parthénon, comme le Colisée, comme une belle église ou une belle synagogue ou une belle mosquée ou un bel arbre millénaire, par exemple un séquoia de la Sierra Nevada, les deux Bouddhas de Bamyan me donnaient cela. Mais ces fils de putain, ces Wakil Motawakil, me les ont détruits. Ils me les ont tués. Mon cœur se brise aussi à cause de la manière dont ils me les ont tués. À cause de la froideur et en même temps de la complaisance avec lesquelles ils ont accompli le crime. Car ils ne les ont pas détruits dans un moment de folie, dans une crise de démence soudaine et passagère : ce que la loi appelle « incapacité d'entendre et de vouloir »... Il y eut un véritable procès. Une véritable sentence puis une exécution décidée selon des règles ou pseudo-règles juridiques. Un crime prémédité, donc. Et perpétré sous les yeux du monde entier qui pour l'empêcher s'était mis à genoux... Te souviens-tu de l'exécution à proprement parler ? Ces deux explosions sèches. Ces deux nuages gras, épais... Tels les nuages qui six mois plus tard se lèveraient des Tours.
La guerre sainte, ou Djihad, et la haine de l'Occident
Du Fondamentalisme Islamique... aujourd'hui nous savons tout. Deux mois après l'apocalypse de New York le même Ben Laden prouva que je n'ai pas tort de crier «Vous ne comprenez pas, vous ne voulez pas comprendre, qu'une Croisade à l'envers est en marche. Une guerre de religion qu'ils appellent Djihad, Guerre Sainte. Vous ne comprenez pas, vous ne voulez pas comprendre, que l'Occident est pour eux un monde à conquérir : À châtier, soumettre à l'Islam». Il le prouva, Ben Laden, pendant la proclamation télévisée où il exhibait une bague noire comme la Pierre Noire qu'ils vénèrent à La Mecque. La proclamation pendant laquelle il menaça l'Onu et qualifia son Secrétaire Général, Kofi Annan, de «criminel». La proclamation dans laquelle les Français et les Anglais et les Italiens figuraient sur la liste des ennemis à châtier. La proclamation à laquelle ne manquait que la voix hystérique de Hitler ou la voix triviale de Mussolini, le balcon du Palazzo Venezia ou la mise en scène d'Alexanderplatz. «Dans son essence, notre guerre est une guerre de religion. Et celui qui le nie, ment» dit-il. «Tous les Arabes et tous les musulmans doivent s'aligner : s'ils restent neutres, ils renient l'Islam» dit-il. «Les chefs politiques arabes et musulmans qui se trouvent aux Nations Unies et acceptent leur politique se placent hors de l'Islam, ce sont des Infidèles qui ne respectent pas le message du Prophète» dit- il. «Ceux qui se réfèrent à la légitimité des institutions internationales renoncent à l'unique et authentique légitimité: la légitimité qui vient du Coran». Et enfin : «La grande majorité des musulmans, dans le monde, ont été contents des attaques contre les Tours jumelles. Cela résulte des sondages». Fallait-il cette preuve, cette confirmation, pourtant ? [...] Les Occidentaux qui ne s'en rendent pas compte peuvent regarder les images que la télévision nous montre chaque jour. Les multitudes qui inondent les rues d'Islamabad, les places de Nairobi, les mosquées de Téhéran. Les visages féroces, les poings menaçants, les portraits de Ben Laden. Les feux allumés pour brûler les drapeaux américains et l'effigie de George Bush... Les Occidentaux aveugles n'ont qu'à écouter leurs hosannas au Dieu-miséricordieux-et-coléreux, leurs braillements Allah akbar-Allah akbar. Djihad-Guerre Sainte-Djihad. De simples franges extrémistes ? De simples minorités fanatiques ? Non, mon cher, non. Ils sont des millions et des millions, les extrémistes. Ils sont des millions et des millions, les fanatiques. Les millions et millions pour lesquels, mort ou vif, Oussama Ben Laden est une légende comme l'était Khomeiny. Les millions et les millions qui avec Ben Laden ont remplacé Khomeiny, qui en Ben Laden ont reconnu leur nouveau chef, leur nouveau héros... Et le véritable protagoniste de cette guerre ce n'est pas lui. Ce n'est pas la partie visible de l'iceberg, le sommet de la montagne. C'est la montagne submergée donc invisible. Cette Montagne qui depuis mille quatre cents ans ne bouge pas, ne sort pas des abîmes de sa cécité, n'ouvre pas les portes aux conquêtes de la civilisation, ne veut pas entendre parler de liberté et justice et démocratie et progrès. Cette Montagne qui malgré les scandaleuses richesses de ses rois et patrons (songez à l'Arabie Saoudite) vit encore dans une misère moyenâgeuse, végète encore dans l'obscurantisme et dans le puritanisme d'une religion qui ne sait produire que de la religion. Cette Montagne qui plonge dans l'analphabétisme (les pays musulmans ont un taux d'analphabétisme oscillant entre soixante et quatre-vingts pour cent), de sorte que les informations lui parviennent seulement à travers les dessins humoristiques ou les mensonges des mollahs. Cette montagne, enfin, qui étant secrètement jalouse de nous et secrètement séduite par notre façon de vivre, nous attribue la faute de ses pauvretés matérielles et intellectuelles, ses rétrogradations et ses dégradations.
Florence souillée
Moi, je ne vais pas planter des tentes à La Mecque. Je ne vais pas chanter le Notre Père et l'Ave Maria devant la tombe de Mahomet. Je ne vais pas faire pipi sur les marbres de leurs mosquées. Encore moins caca. Moi, lorsque je me trouve dans leurs pays (expérience dont je ne tire jamais aucun plaisir) je n'oublie jamais que je suis une étrangère et que je suis leur hôte. Je prends soin de ne pas les offenser... Et tandis que l'image des gratte-ciel détruits se mêle à celle des Bouddhas exécutés je vois aussi celle (pas apocalyptique mais pour moi symbolique) de la grande tente avec laquelle il y a trois mois et demi des musulmans somaliens (pays très lié à Ben Laden, la Somalie, t'en souviens-tu ?) défigurèrent et souillèrent et outragèrent la piazza del Duomo de Florence. Ma ville. Une tente pour blâmer condamner insulter le gouvernement italien qui était alors de gauche mais hésitait à renouveler les passeports dont ces Somaliens avaient besoin pour s'ébattre en Europe et faire venir les hordes de leurs parents. Les mères, les pères, les frères, les sœurs, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, les belles-sœurs enceintes et si possible les parents de parents. Une tente installée devant le beau palais de l'Archevêché sur le parvis duquel ils alignaient les sandales ou les babouches que dans leurs pays ils alignent autour des mosquées. Et près des sandales ou babouches, les bouteilles d'eau minérale avec lesquelles ils se lavaient les pieds au moment de la prière. Une tente installée en face de Santa Maria El Fiore, la cathédrale réalisée par Brunelleschi, et à côté du Baptistère. Le millénaire Baptistère avec ses portes d'or sculptées par Ghiberti. Une tente, enfin, aménagée comme un appartement. Des chaises, des chaises longues, des petites tables, des matelas pour dormir et baiser, des fourneaux pour cuire la nourriture, empester la place avec la fumée puante. Et, grâce à un générateur électrique, alimentée en électricité. Grâce à une radio toujours allumée, enrichie par les braillements d'un muezzin qui ponctuellement exhortait les fidèles et blâmait les infidèles et étouffait avec sa voix le son des cloches. Pour accompagner tout ça, les dégoûtantes traces d'urine qui profanaient les marbres du Baptistère. (Parbleu ! Ils ont la giclée bien longue, ces fils d'Allah ! Mais comment faisaient-ils pour atteindre une cible située à presque deux mètres de la barrière de protection ?). En plus de cela, les miasmes nauséabonds des excréments déposés à l'entrée de San Salvatore al Vescovo : l'exquise église romane (IXe siècle) qui se trouve derrière la piazza El Duomo et que ces barbares avaient transformée en chiottes... Non contents de se comporter en maîtres, ils réclament toujours des mosquées : eux qui dans leurs propres pays ne nous laissent pas construire la moindre petite chapelle et à la première occasion égorgent les missionnaires, déflorent les bonnes sœurs, et gare à celui qui se permet de protester... On dirait Dacca, Nairobi, Damas, Beyrouth. Ça se passe à Venise. Cette Venise où les pigeons de la place Saint-Marc ont été remplacés par des types que même Othello (mais Othello était un grand seigneur) jetterait dans la mer. Ça se passe à Gênes. Cette Gênes où les extraordinaires palais qui déchaînaient l'admiration de Rubens ont été réquisitionnés par les fils d'Allah et, souillés décrépis réduits à des masures, meurent comme de belles femmes violées par une horde de sangliers. Ça se passe à Rome. Cette Rome où dans l'espoir d'en obtenir le vote futur la politique de tous les cynismes et toutes les saloperies leur fait de l'œil. Et où, en rêvant de faire un voyage à Kaboul ou à Islamabad, je suppose, Saint Père les protège. (Sainteté, pourquoi au nom du Dieu Unique ne les prenez-vous pas au Vatican ? Tous. Bandits, vendeurs, prostituées, trafiquants de drogue, terroristes. À condition qu'ils ne chient pas dans la Chapelle Sixtine et sur les statues de Michelangelo et sur les tableaux de Raffaello, bien sûr).
Quelques opinions exprimées dans La rage et l'orgueil
Islam et démocratie
Les fils d'Allah persécutent aussi les bouddhistes. Ils font sauter leurs statues, ils les empêchent de pratiquer leur religion. Donc je demande : à qui le tour, maintenant que les Bouddhas de Bamyan ont été pulvérisés comme les gratte-ciel de New York ?Est-elle dirigée seulement contre les chrétiens et les juifs, contre l'Occident, l'avidité des fils d'Allah ? Ou selon la promesse d'Oussama Ben Laden vise-t-elle à soumettre le monde entier ? La question demeure même si Oussama Ben Laden se convertit au bouddhisme et si les Talibans deviennent libéraux. Car Oussama Ben Laden et les Talibans (je ne me lasserai jamais de le répéter) ne sont que la manifestation la plus récente d'une réalité qui existe depuis mille quatre cents ans. Une réalité sur laquelle l'Occident ferme inexplicablement les yeux. Eh, oui, mon cher... Il y a vingt ans, c'est-à-dire bien avant l'apparition d'Oussama Ben Laden et des Talibans, je les ai vus les fils d'Allah au travail. Je les ai vus détruire les églises, je les ai vus brûler les crucifix, je les ai vus souiller les statues de la Vierge, je les ai vus pisser sur les autels, transformer les autels en chiottes. Je les ai vus à Beyrouth. Cette Beyrouth qui était si belle et qui maintenant, par leur faute, n'existe pratiquement plus... Personne ne rappelle que tous les pays islamiques sont dominés par un régime théocratique, que d'une manière ou d'une autre chacun d'eux est une copie ou aspire à être une copie de l'Afghanistan et de l'Iran ? Bon Dieu, il n'y a pas un seul pays islamique qui soit gouverné de façon démocratique ou du moins laïque ! Pas un seul ! Même ceux qui souffrent d'une dictature militaire comme l'Irak et la Libye et le Pakistan, même ceux qui sont tyrannisés par une monarchie rétrograde comme l'Arabie Saoudite et le Yémen, même ceux qui sont gouvernés par une monarchie plus raisonnable comme la Jordanie et le Maroc, n'ignorent pas le joug d'une religion qui règle tous les moments de leur journée et tous les aspects de leur vie !
Le faible apport des Arabes musulmans à l'histoire de l'Humanité
Masochistes, oui, masochistes. Et à ce propos parlons de ce que tu appelles Contraste-entre-les-Deux-Cultures. Eh bien, si tu veux vraiment le savoir, le seul fait de parler de deux cultures me dérange. Le fait de les mettre sur le même plan comme s'il s'agissait de deux réalités parallèles, deux entités du même poids et de la même mesure, m'agace. Parce que derrière notre civilisation il y a Homère, il y a Socrate, il y a Platon, il y a Aristote, il y a Phidias. Il y a la Grèce antique avec son Parthénon, sa sculpture, son architecture, sa poésie, sa philosophie, sa découverte de la Démocratie. Il y a la Rome antique avec sa grandeur, sa Loi, sa littérature, ses palais, ses amphithéâtres, ses aqueducs, ses ponts et ses routes. Il y a un révolutionnaire, ce Christ mort sur la croix, qui nous a enseigné (et tant pis si nous ne l'avons pas appris) l'amour et la justice. Il y a également une Église qui nous a infligé l'Inquisition, je sais, qui nous a torturés et brûlés mille fois sur le bûcher, qui nous a opprimés pendant des siècles, qui pendant des siècles nous a contraints à ne sculpter et ne peindre que des Christ et des Sainte Vierge, et qui m'a presque tué Galilée. Elle me l'a humilié, neutralisé, muselé. Mais elle a aussi donné une grande contribution à l'histoire de la Pensée, cette Église. Même une athée comme moi ne peut le nier. Et puis, il y a la Renaissance. Il y a Leonardo da Vinci, il y a Michelangelo, il y a Raffaello. Il y a la musique de Bach, de Mozart, de Beethoven, Donizetti, Wagner, Rossini, Verdi et compagnie. Cette musique sans laquelle nous ne savons pas vivre et qui est interdite dans leur culture ou prétendue culture, gare à toi si tu siffles une chansonnette ou si tu entonnes le chœur de Nabucco... («Je peux tout au plus autoriser quelques marches pour les soldats» me dit Khomeiny). Enfin, il y a la Science. Une science qui en très peu de siècles a fait des découvertes étourdissantes, accompli des merveilles qui ressemblent aux sorcelleries de Merlin l'Enchanteur. Il y a Copernic, il y a Galilée, il y a Newton, Darwin, Pasteur, Einstein (je dis les premiers noms qui me viennent à l'esprit), et ces bienfaiteurs de l'humanité n'étaient pas des disciples de Mahomet, pardieu ! Ou je me trompe ? Le moteur, le télégraphe, l'électricité, le radium, la radio, le téléphone, la télévision ne sont pas dus aux mollahs et aux ayatollahs. Ou je me trompe ? Les bateaux à vapeur, le train, l'automobile, l'avion, les vaisseaux spatiaux avec lesquels nous sommes allés sur la Lune et sur Mars et bientôt nous irons Dieu sait où, non plus. Ou je me trompe ? Les greffes de cœur, de foie, de poumons, les traitements contre le cancer, la découverte du génome, idem. Ou je me trompe ? Et même si tout cela est un tas d'ordures, mais je dirais que non, réponds-moi : derrière l'autre culture, la culture des barbus avec la tunique et le turban, qu'est-ce qu'on trouve ? Cherche et recherche, moi je ne trouve que Mahomet avec son Coran, Averroès avec ses mérites d'érudit (ses Commentaires sur Aristote, etc.) et le poète Omar Khayyâm... Assez de bavardages : qu'on tourne les choses d'un côté ou de l'autre, on trouve que vos ancêtres ne nous ont laissé que quelques belles mosquées et une religion qui n'a sûrement pas contribué à l'histoire de la Pensée. Et qui dans ses côtés les plus acceptables est un plagiat de la religion chrétienne et de la religion judaïque ainsi que de la philosophie hellénique. Et, cela dit, voyons les qualités de ce Coran que les Cigales respectent plus que Das Kapital et les Évangiles. Qualités ? Depuis le 11 septembre 2001 les spécialistes de l'Islam ne font que chanter les louanges de Mahomet, me raconter que le Coran prêche la paix et l'amour et la justice. (Bush aussi, pauvre Bush. Pour garder les vingt-quatre millions d'Américains arabo-musulmans, il répète ces trois mots comme les Français de la Révolution et du Directoire répétaient le slogan Liberté-Égalité-Fraternité.) Mais au nom de la logique si ce Coran est si juste et amoureux et pacifique, comment explique-t-on la Loi de l'Œil-pour-Œil-et-Dent-pour-Dent ? Comment explique-t-on le drap hallucinant avec lequel des millions de malheureuses musulmanes couvrent leur corps et leur visage, et à cause duquel elles regardent le monde à travers une minuscule grille placée devant leurs yeux, bref, le bourkah ? Comment explique-t-on l'infamie de la polygamie et le principe selon lequel les femmes comptent moins que les chameaux, ne peuvent pas aller à l'école, ne peuvent pas jouir du soleil, ne peuvent pas se faire photographier, et cetera et cetera amen ? [...] Sur cette terre, il y a de la place pour tous. Chez soi, chacun fait ce qui lui plaît. Et si dans certains pays les femmes sont stupides au point d'accepter le tchador ou bien le drap sous lequel on regarde le monde à travers une grille minuscule, tant pis pour elles. Si elles sont stupides au point d'accepter de ne pas aller à l'école, ne pas se rendre chez le médecin, ne pas jouir du soleil, ne pas se faire photographier et cetera et cetera amen, tant pis pour elles. Si elles sont stupides au point de se marier à un conard qui veut quatre malheureuses dans son lit, tant pis pour elles. Si leurs maris sont idiots au point de ne boire ni bière ni vin, idem. Ce n'est pas moi qui vais les en empêcher. J'ai été éduquée dans le concept de liberté, moi, et ma mère disait : «Le monde est beau parce qu'il est varié»... Mais les Oussama Ben Laden ne sont pas seulement dans les pays musulmans. Ils sont partout, et les plus aguerris sont précisément chez nous. La Croisade à l'Envers dure depuis trop longtemps, mon cher. Et elle est bien trop nourrie par la faiblesse de l'Occident, par la timidité de l'Occident, par la non-clairvoyance de l'Occident, par le bien-être de l'Occident, par la technologie et les opportunités de l'Occident. C'est-à-dire par nos ordinateurs, notre Internet, nos téléphones mobiles, nos conforts, nos principes d'hospitalité, nos lois complaisantes, notre démagogie ridicule, notre pacifisme lâche et hypocrite, notre (votre) peur. Ses soldats, ses Croisés, ont désormais conquis leurs positions et les tiennent comme leurs ancêtres tenaient l'Espagne et le Portugal du IXe au XVe siècle. Ils sont de plus en plus, ils seront de plus en plus, ils veulent de plus en plus, ils voudront de plus en plus, et ceux qui aujourd'hui vivent sur notre territoire ne peuvent être considérés que comme des pionniers. Donc négocier avec eux est impossible. Raisonner avec eux, impensable. Les traiter avec indulgence ou tolérance ou bien espoir, un suicide. Et quiconque croit le contraire est un pauvre con.
La France, révolution sanglante et girouettes pusillanimes
Et ce fut grâce à ces hommes de grande culture et de grande qualité, qu'en 1776 ou mieux en 1774 les paysans souvent analphabètes ou quand même à court d'éducation s'insurgèrent contre l'Angleterre. Ils firent la guerre d'Indépendance, la Révolution Américaine. Malgré les fusils et les canons et les morts que chaque guerre coûte, ils la firent sans les fleuves de sang de la future Révolution Française. Ils la firent sans la guillotine, sans les massacres de Vendée et de Lyon et de Toulon et de Bordeaux. Ils la firent, au fond, avec un papier. Le papier qui avec le besoin de l'âme, le besoin d'avoir une patrie, concrétisait l'idée sublime de la Liberté mariée à l'Égalité : la Déclaration d'Indépendance. "Nous considérons ces vérités comme évidentes... Que tous les Hommes sont nés égaux. Que le Créateur leur a donné des Droits inaliénables. Que parmi ces droits se trouve le Droit à la vie, à la Liberté, à la Recherche du Bonheur... Que pour assurer ces droits, les Hommes doivent instituer les gouvernements..." Et ce papier qu'à partir de la Révolution Française nous avons bien ou mal copié, ce papier dont tous se sont inspirés, constitue encore aujourd'hui le fondement des États-Unis : la sève vitale de cette nation.... [...]
Parbleu, que je les déteste, moi, les girouettes ! Que je les méprise ! D'accord : les girouettes ne sont pas une spécialité italienne, une invention italienne. Cette suprématie appartient à la France. Même le mot surgit en France. Au Moyen Âge en France il avait déjà une signification politique et soyons précis : depuis la Révolution française et le Directoire et le Consulat et l'Empire et la Restauration, aucun pays au monde n'a exposé une collection aussi riche de girouettes. (Pense à leur exemple-suprême, celui que Napoléon définissait « une merde dans un bas de soie », je veux dire Talleyrand. Pense à Napoléon même qui dans sa jeunesse léchait les bottes de Marat et de Robespierre, « Marat et Robespierre, voilà mes dieux ». Et qui malgré un tel début se fit empereur, distribua les trônes d'Europe entre ses frères et ses sœurs et ses amis... Pense à Barras et Tallien et Fouché. Les commissaires de la Terreur. Les responsables des massacres perpétrés par la Révolution à Lyon et Toulon et Bordeaux. Les misérables qui après avoir trahi et éliminé Robespierre se mirent à forniquer avec les aristocrates survivants et le premier inventa Napoléon, le deuxième... le suivit en Égypte, le troisième le servit jusqu'au bout. Pense à Jean-Baptiste Bernadotte qui devenu roi de Suède s'allia avec le Tsar et en appliquant les tactiques napoléoniennes en 1813 décida du sort de la bataille de Leipzig. Pense à Joachim Murat qui l'année suivante s'allia avec les Autrichiens contre son beau-frère et bienfaiteur, contre l'homme duquel il avait reçu en cadeau le royaume de Naples.) Et n'oublions pas qu'en 1815 ce furent les Français, pas les Italiens, qui compilèrent l'étonnant et délicieux Dictionnaire des Girouettes. Un livre qu'ils continuent à rééditer, mis à jour, sans aucune difficulté car à travers les siècles la liste s'est allongée d'une façon charmante (Pétain inclus). Et ne dis pas que cela devrait me consoler, me confirmer que j'ai raison à lier nos péchés aux péchés des autres Européens. Car je te réponds : à chacun ses larmes, oui, mais zut ! S'il y a un pays au monde qui apprit immédiatement la leçon française, ce pays c'est l'Italie [...]. Nous nous écroulons dans tous les sens du terme, mes chers. Et au lieu des cloches, on se retrouve avec les muezzins, au lieu des minijupes on se retrouve avec le tchador ou le bourkah, au lieu du petit cognac on se retrouve avec le lait de chamelle. Même cela vous ne le comprenez pas, même cela vous ne voulez pas le comprendre, espèce d'idiots ? ! ? Blair l'a compris. Aussitôt après la tragédie, il est venu ici et il a affirmé, réaffirmé, la solidarité des Anglais. Pas une solidarité faite de bavardages et pleurnicheries : une solidarité fondée sur la chasse aux terroristes et sur l'alliance militaire. Chirac, non. Comme on sait, après la catastrophe Chirac est venu ici. Une visite prévue depuis longtemps, non une visite ad hoc. Il a vu les décombres des deux Tours, il a appris que les morts étaient en nombre incalculable, inavouable, mais il ne s'est pas compromis. Durant l'interview pour CNN, à quatre reprises Christiane Amanpour lui a demandé de quelle façon et dans quelle mesure il avait l'intention de participer à la lutte contre la Djihad. Et à quatre reprises il a évité de répondre, il a glissé comme une anguille.
La cécité américaine et occidentale, lors de l'invasion par les Soviétiques de l'Afghanistan
L'insulte raciste-raciste je la reçus même lorsque les Soviétiques se plantèrent en Afghanistan. Te souviens-tu des barbus portant la tunique et le turban qui avant de tirer au mortier ou mieux à chaque coup de mortier braillaient « Allah akbar, Dieu-est-grand, Allah akbar » ? Moi, je m'en souviens. Et chaque fois qu'ils s'adressaient à Dieu pour tirer au mortier j'avais un frisson d'horreur. Il me semblait vivre encore au Moyen Âge et je disais : «Les Soviétiques sont ce qu'ils sont. Mais il faut admettre qu'en faisant cette guerre ils nous protègent aussi. Et je les en remercie». Ciel, rouvre-toi ! « Raciste, raciste ! » Dans leur aveuglement, les Cigales ne voulaient même pas m'entendre parler des monstruosités que les fils d'Allah perpétraient contre les militaires soviétiques faits prisonniers... En ce temps-là elles applaudissaient les Américains qui abrutis par la peur de l'Union Soviétique inondaient d'armes l'héroïque-peuple-afghan, entraînaient les barbus et parmi ces barbus (Dieu leur pardonne, moi pas) un barbu-très-barbu nommé Oussama Ben Laden. « Les Russes hors de l'Afghanistan ! Les Russes doivent quitter l'Afghanistan !». Eh bien, les Russes l'ont quitté. Contents ? Et de l'Afghanistan les barbus du très barbu Oussama Ben Laden sont arrivés à New York avec les sans-barbe syriens, égyptiens, irakiens, libanais, palestiniens, saoudiens, tunisiens, algériens qui composaient le groupe des dix-neuf kamikazes identifiés par le F.B.I. Contents ? Pire. Car maintenant ici on attend l'attaque que le terrorisme islamique voudrait déchaîner avec une épidémie capable de provoquer une hécatombe bien plus grande que celle du 11 septembre, c'est-à-dire avec les armes bactériologiques... Malgré les mots de Giuliani, les gens ont peur. Contents ? Certains ne sont ni contents ni mécontents. Ils s'en foutent. L'Amérique est loin, disent-ils. Entre l'Europe et l'Amérique il y a un océan d'eau. Oh, non, mes chers : vous vous trompez. Il y a un filet d'eau. Car lorsque le destin de l'Occident est en jeu, lorsque la survie de notre civilisation est en danger, l'Amérique c'est nous. Les États-Unis c'est nous. Nous Italiens, nous Français, nous Anglais, nous Allemands, nous Suisses, nous Autrichiens, nous Hollandais, nous Hongrois, nous Slovaques, nous Polonais, nous Scandinaves, nous Belges, nous Espagnols, nous Grecs, nous Portugais... Et aussi nous Russes qui, grâce aux musulmans de la Tchétchénie avons déjà eu notre portion des massacres. Les massacres de Moscou. Si les États-Unis s'écroulent, l'Europe s'écroule. L'Occident s'écroule. Nous nous écroulons.
La naïveté des Occidentaux
Permettez-moi une question, Votre Sainteté : est-il vrai qu'il y a quelque temps vous avez demandé aux fils d'Allah de vous pardonner les Croisades lancées par vos prédécesseurs pour récupérer le Saint-Sépulcre ? Ah, oui, c'est vrai ? Mais les fils d'Allah vous ont-ils demandé pardon de l'avoir pris, le Saint-Sépulcre ? Vous ont-ils demandé pardon d'avoir mis sous leur joug et pendant presque huit siècles la très catholique péninsule Ibérique, tout le Portugal et les trois quarts de l'Espagne, de sorte que si en 1490 Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon ne les avaient pas chassés, aujourd'hui en Espagne et au Portugal on parlerait encore arabe ? Cette bagatelle allume ma curiosité car à moi ils n'ont jamais demandé pardon pour les crimes commis jusqu'à l'aube du XIXème siècle le long des côtes toscanes et dans la mer Tyrrhénienne. Un endroit où ils enlevaient mes ancêtres, ils leur mettaient des chaînes aux pieds et aux bras et au cou, les emmenaient en Algérie ou en Tunisie ou en Turquie comme esclaves, les vendaient dans les bazars et égorgeaient ceux qui tentaient de s'enfuir. Moi je ne vous comprends pas, Sainteté !.. Vous sympathisez avec des ennemis qui sont mille fois pires que Staline. Vous demandez pardon à des envahisseurs qui vous volent le Saint-Sépulcre et qui voudraient vous prendre le Vatican ?!? [...] Quel sens y a-t-il à respecter ceux qui ne nous respectent pas ? Quel sens y a-t-il à défendre leur culture ou présumée culture alors qu'ils méprisent la nôtre ? Je veux défendre la nôtre, pardieu, et je vous informe que Dante Alighieri me plaît plus qu' Omar Khayyâm.
Droits et devoirs - Apostrophes à nos nations occidentales nanties
Naturellement, ma patrie, mon Italie, n'est pas l'Italie d'aujourd'hui. L'Italie fêtarde, finaude, donc vulgaire, des Italiens qui (comme tous les Européens, entendons-nous bien) n'ont d'autre objectif que la retraite à cinquante ans et se passionnent seulement pour les vacances à l'étranger ou les matches de football. L'Italie mesquine, stupide, donc lâche, des petites hyènes qui pour serrer la main à une star de Hollywood vendraient leur fille dans un bordel de Beyrouth mais après l'apocalypse new-yorkaise ricanent bien-les-Américains-Ça-leur-va-bien. (Ici aussi, comme toutes les petites hyènes d'Europe, entendons-nous bien. Mais de l'Europe nous en parlerons après.) L'Italie opportuniste, funambulesque, donc pusillanime, des partis politiques qui ne savent ni gagner ni perdre, mais savent coller les derrières de leurs représentants au fauteuil de Député ou de Maire ou de Ministre. L'Italie encore mussolinienne des fascistes noirs et rouges qui te rappellent la terrible phrase d'Ennio Flaiano : «En Italie les fascistes se divisent en deux catégories : les fascistes et les antifascistes». L'Italie, enfin, des Italiens qui avec le même enthousiasme crient Vive-le-Roi et Vive-la-République, Vive-Mussolini et Vive-Staline, Vive-Quoi-Qu'il-arrive... Ce n'est pas non plus l'Italie aisée et mollassonne, l'Italie qui par Liberté entend Licence («je-fais-ce-que-je-veux»). C'est-à-dire l'Italie qui ignore le concept de discipline ou mieux d'autodiscipline, qui l'ignorant ne le met pas en relation avec le concept de liberté, et par conséquent ne comprend pas que la liberté est aussi discipline ou mieux auto-discipline. L'Italie que sur son lit de mort mon père décrivait comme ça : «En Italie, on parle toujours de Droits et jamais de Devoirs. En Italie, on ignore ou on fait semblant d'ignorer qu'à chaque Droit correspond un Devoir, que celui qui ne fait pas son devoir ne mérite aucun droit». Et puis, plein d'amertume : «Quel con j'ai été de me fâcher pour les Italiens, de finir en prison pour eux !». Avec cette Italie, l'Italie pauvre qui en dérive. Pauvre en orgueil, en connaissance, et même en grammaire. L'Italie, par exemple, des célèbres députés et des glorifiés magistrats qui n'ayant jamais étudié ou compris la consecutio temporum (concordance des temps) font les plus monstrueuses erreurs de syntaxe. (On ne dit pas « S'il y a deux ans j'aurais su » : analphabètes ! On dit « S'il y a deux ans j'avais su » ou « s'il y a deux ans j'eusse su ». Bourriques ! Animaux !) L'Italie des maîtres et des maîtresses d'école qui m'adressent des lettres où les fautes de syntaxe se mêlent aux fautes d'orthographe....
[Les jeunes d'aujourd'hui] tout au plus, et grâce à un film avec Marlon Brando, se souviennent-ils que Napoléon était un général devenu empereur et marié à une certaine Joséphine. En revanche ils savent se droguer, passer leurs samedis dans les boîtes de nuit, acheter des jeans qui coûtent ce qu'un ouvrier gagne en un mois. Ils savent aussi se faire entretenir jusqu'à trente ans par des parents qui leur donnent le téléphone portable quand ils ont neuf ans, un scooter dernier modèle quand ils ont quatorze ans, une voiture quand ils ont dix-huit ans. Ces mollusques, ces héritiers des soixante-huitards qui foutaient le bordel dans les universités et qui aujourd'hui gèrent Wall Street et la Bourse de Milan ou de Paris ou de Londres. Et tout cela me dégoûte intensément parce que la désobéissance civile est une chose sérieuse, non une occasion de s'amuser et faire carrière. Le Bien-Être est une conquête de la civilisation, non une occasion de vivre aux crochets des autres.
Conclusion
La justice a tranché. À peu près au même moment, non seulement elle a relaxé le célèbre et provoquant écrivain qui avait parlé de l'Islam comme de la religion "la plus con" du monde (superlatif relatif), mais elle a débouté tous les boutefeux qui voulaient la mort du pamphlet d'Oriana. En gros, elle a suivi l'opinion d'Alain Finkielkraut, qui estimait (dans Le Point) qu’Oriana Fallaci regardait "la réalité en face". Pour la liberté de la presse et de l'opinion, ce sont là des faits réconfortants, car enfin ils bousculent le carcan de notre politiquement correct : il ne me gêne nullement de lire, ici ou là, sur le Web, des propos négationnistes (ayant connu la bonne fortune d'avoir eu un jour en mains quelques-uns des tomes transcrivant les minutes du procès de Nuremberg, je sais à quoi m'en tenir), ou des propos outranciers contre l'État d'Israël et ses pionniers (accusés par Garaudy d'avoir été de zélés serviteurs des nazis !). Chacun a le droit de s'exprimer, seul l'évident trucage des faits devrait être sévèrement stigmatisé. Sinon, nous poursuivrons dans la voie de la pensée unique, de l'auto-censure ou du discours monolithique. Je songe évidemment, ici, à La censure des bien-pensants, l'ouvrage d'Emmanuelle Duverger et Robert Ménard. Pourquoi les journalistes se sont-ils à ce point acharnés sur Le Pen, et si peu sur les autres hommes politiques ? Il est tristement cocasse de découvrir que si l'on a connu que trop tardivement les quatre vérités sur Mitterrand, c'est parce que les bien-pensants ne voulaient pas faire comme Minute et Jean-Hedern Hallier... : en réalité, c'était bien là "révérence devant le pouvoir et ses secrets". Et j'ajoute que me réjouit aussi la charge de l'ouvrage contre la loi Gayssot et tout ce qui permet chez nous de museler les débats d'opinion par des arsenaux juridiques : "Ras le bol des commémorations et des bons sentiments dégoulinants, des discours sur les jeunes des banlieues forcément victimes des forces de l'ordre ou des sans-papiers qu'on devrait accueillir sans jamais fixer de limite. Au risque de déraper, de se tromper, de se fourvoyer, toutes les opinions, fussent-elles monstrueuses, doivent pouvoir se faire entendre". Je rappelle pourtant que siffler l'hymne national n'est pas une opinion : mais je retrouve Oriana et ses sévères avertissements, alors j'arrête... Juste un mot, auparavant. J'ai tenu à donner de larges extraits du livre d'Oriana, afin que chacun puisse se faire une idée pas trop biaisée de son contenu. Et comprendre que traiter cette œuvre de "véritable livre-poubelle", comme je l'ai lu quelque part, c'est vraiment très con (superlatif absolu).
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