Je sais pertinemment que le professeur de médecine Christian Perronne, est un spécialiste particulièrement controversé, à cause de ses prises de position pas tellement "Macron friendly" sur le sujet de la pandémie qui a bouleversé le monde entier durant près de deux ans. Et même, je crois, qu'il est sous le coup d'une condamnation fomentée par ses pairs, au sein de l'Ordre des médecins (tiens, institution créée par Pétain). Je sais tout cela. Il n'empêche. Je trouve un peu fort de café qu'on se permette d'affirmer que ses déclarations sont "indignes de la fonction qu'il exerce". Naturellement, je ne suis pas en mesure de juger "scientifiquement" ce qu'il en est, et si ses positions controversées (mais y a-t-il une vérité en médecine, sinon celle imposée par les puissants du moment ?) sont à ce point éloignées du serment d'Hippocrate, qu'on veuille lui faire la peau. Ce que je sais, c'est que j'ai vécu cette période souvent indigné devant ce que le pouvoir prétendait nous faire avaler en termes de canards, et ils furent nombreux. Ce que je sais, c'est qu'il y eut, bien placée au gouvernement, une personne indigne de sa fonction, pour le coup, à telle enseigne que certain facétieux la baptisèrent "Siconne". Rassurons-nous à son sujet : elle a été exfiltrée discrètement, tant le scandale était patent. Et on lui a trouvé un poste fort rémunérateur, à la hauteur de ses hautes qualités intellectuelles - qui étaient insignes, on avait eu l'occasion de s'en apercevoir.
Mais revenons à Perronne, que j'ai fort souvent entendu, durant la pandémie, sur CNews (petit espace de liberté - plus ou moins surveillée - pas encore totalement subverti par le pouvoir en place). Or, ce que je remarquais lors de chacune de ses interventions, c'est que cet éminent savant (je pense que ce point est incontestable) ne possédait pas le "logos" - dont a si bien parlé Jean Guéhenno. Je veux dire par là que la parole n'est pas aisée pour lui, et qu'il s'exprime péniblement. Et comme on lui opposait - je pense qu'il s'agissait d'un sournois calcul de la rédaction de la chaîne - un autre professeur de médecine (très loin de la spécialité nécessaire pour être compétent sur le problème des maladies infectieuses, comme Perronne et Raoult) parfaitement à l'aise à l'oral, c'est en définitive son intervention à lui qu'on retenait de leurs joutes. J'avais observé le même phénomène lorsque deux profs furent opposés dans l'émission "Répliques" : Redeker, d'un côté, bafouillant comme il n'est pas permis (la maladie, je pense, y est pour quelque chose), opposé à Meirieu, "sûr de lui et outrageusement dominateur", alors qu'il n'arrive pas à la cheville de son contradicteur ; mais voilà, il possède, à un haut degré, le "logos"...
Bien. À cause de toutes ces polémiques, donc, j'ai choisi un chapitre quasiment œcuménique de l'ouvrage de Perronne. Personne ne pourra contredire les propos qui y sont tenus : il s'agit de citations. Et de faits que nous avons vécus ; notre mémoire en est donc toute fraîche. Puissè-je ainsi donner aux lecteurs l'envie d'aller plus loin, et de découvrir l'ouvrage du professeur Perronne : s’informer vaut toujours la peine.

 

"J'aurais aimé ne pas écrire ce livre, sur la crise du coronavirus, responsable du Covid-19.
J'aurais aimé ne pas entendre les idées partielles et partiales du Conseil scientifique.
J'aurais aimé ne pas assister aux dissimulations et aux atermoiements du gouvernement, et j'aurais préféré des actes.
Mais les choses ne se sont pas passées ainsi"

Ch.Perronne

 

 

Le dimanche 22 mars, le président de la République répond à une interview du JDD à propos du coronavirus. Il déclare : "La vague est là". Cinq jours plus tard, le Premier ministre s'exprime dans la cour de Matignon. Il déclare : "La vague épidémique qui déferle sur la France […] est une vague extrêmement élevée".

"On est au début d'une crise sanitaire sans précédent", il me semble que les propos du chef de l'État et du gouvernement sont clairs. À l'image des informations qui nous seront données les jours suivants.

Parce que le Conseil scientifique de l'Élysée, on ne fait pas plus précis !

Quand il parle du confinement : "Le confinement durera vraisemblablement au moins six semaines à compter de sa mise en place", et dit également "considérer nécessaire un renforcement du confinement", sans en préciser les modalités, le 17 mars, dans son compte rendu.

Quand son président parle de la propagation du virus post-confinement, on est aussi dans la clarté absolue, puisqu'il dit que "l'épidémie continuera à tourner et ne sera terminée que quand on aura atteint une immunité de groupe" dans Le Figaro du 25 mars. On a envie de demander quand, mais là non plus pas de réponse puisqu'il ajoute qu'un avis sera publié.

Tout est toujours aussi opaque quand il évoque la sortie du confinement, car il dit que "le Conseil scientifique mis en place pour éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au Covid-19 y réfléchit", sur France 2, le 18 mars. Imprécis au possible sur cette question, il ne l'est pas moins lors de son audition le 15 avril devant le Sénat, puisqu'il déclare : "S'il faut retarder de quelques jours parce qu'on n'est pas prêts, il faudra retarder de quelques jours".

Maintenant qu'on a vu que le Conseil scientifique ne se mouillait pas trop sur le confinement, la date de sortie et la suite, voyons si sur la question du dépistage, au moins, il est plus clair : "La France fait 8 000 tests par jour, et très rapidement devrait passer à 30 000", dit Jean-François DeIfraissy le 25 mars, dans Le Figaro. Je ne sais pas vous, mais moi j'ai bien envie de demander ce qu'il entend par "très rapidement"… Même chose quand il évoque le traitement contre le coronavirus, pour dire qu'il n'y a pas de preuve de "l'efficacité d'un médicament", le 9 avril sur Radio Classique. Et rebelote sur la question de l'immunité au virus, où là il avoue carrément être lui aussi en pleine interrogation : "On se demande si une personne positive au Covid-19 sera ensuite protégée contre ce virus. Finalement nous ne savons pas si ces anti­corps forment une protection", déclare-t-il lors de son audition au Sénat, le 15 avril. Rassurant à souhait !

Le Conseil semble donc ne pas savoir grand-chose, et parfois le dit tel quel. Le 9 avril, quand il évoque l'influence positive ou négative de l'arrivée des beaux jours sur la circulation du virus, le président du Conseil répond sans ambages ne pas savoir si la météo a une influence sur l'épidémie. Voilà qui est dit. Et on est reparti pour un tour quant à la contamination du coronavirus à la mi-mai : "Nous prévoyons une baisse drastique du nombre de nouvelles contaminations", dit Jean­-François Delfraissy, ajoutant que les chiffres ne sont pas encore consolidés. Il dit cela lors de son audition au Sénat, le 15 avril. Tout ça a de quoi nous rassurer, n'est-ce pas ?

Le CARE, le Comité analyse, recherche et expertise, est lui aussi d'une précision d'orfèvre, comme vous allez le voir.

Quand on le questionne sur le traitement du Pr Raoult : "Que pensez-vous de l'hydroxychloroquine et des attentes suscitées par ce médicament ?", Françoise Barré-Sinoussi, sa présidente, répond dans Le Monde du 24 mars : "Pour l'instant, pas grand-chose, j'attends les résultats de l'essai Discovery". Plus vague, tu meurs … Et ce n'est pas fini. Sur l'avancée des vaccins contre le coronavirus, le CARE dit ne pas encore pouvoir répondre, car il faut attendre "les résultats des essais qui ont été lancés", ajoute Françoise Barré-Sinoussi le 25 mars sur BFM TV.

Voyons maintenant si côté ministre de la Santé, on se mouille un peu plus.

Concernant les équipements pour lutter contre le coronavirus, Olivier Véran déclare, le 24 mars lors des "Questions au gouvernement", que "virtuellement, factuellement, des commandes pour du matériel de protection sont passées en nombre bien plus important que les 250 millions de masques que j'ai annoncés". On a envie de demander ce que signifie "nombre bien plus important", non ? Quand il parle des hausses de salaire des soignants aussi, sûr que lesdits soignants n'ont pas dû trouver leur compte dans ce propos du ministre, prononcé le 14 avril sur RTL : "La santé est le secteur qui fera l'objet du plus d'attention pour les années à venir". Mais si tout ça n'est pas très clair, ça ne l'est pas plus sur les commandes de masques jetables, puisque Olivier Véran dit, le 4 avril, sur le média en ligne Brut, qu'on ne doit pas être loin des 2 milliards de masques en commande, et qu'il continue de passer des commandes. Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai tout de même envie d'avoir un chiffre, là.

Idem quand il parle de la durée possible de prolongement du confinement pour les seniors, pour dire qu'il n'a pas de date, le 14 avril sur RTL. Et puis quand il aborde la question des masques lavables prévus post-confinement, et plus précisément l'endroit où on pourra les trouver : "Ce seront des masques en tissu qu'on trouvera en mairie par exemple ? " lui demande-­t-on. "Ce sont des masques qui seront probablement disponibles, on est en train de regarder pour les questions logistiques, les clés de répartition, les modalités d'attribution, et comment se fournir en masques grand public", commence-t-il par dire, ce qui est déjà très approximatif, mais il ajoute, que "l'hypothèse de procéder en collectivités locales est effectivement une des hypothèses que le gouvernement envisage". C'est ce qu'il répond au micro de RTL, le 14 avril. En clair : aura-t-on des masques lavables ? On l'espère. Où les prendra-­t-on ? On verra !

On nous avait chanté le même refrain quant à la durée du confinement, puisque, souvenez-vous, on nous avait dit de peut-être nous préparer "à ce qu'il dure cinq ou six semaines", mais que ce n'était "pas un avis ferme", juste une estimation "parmi d'autres", le 24 mars. Vu que le principe de précaution est visiblement l'apanage du ministre, ne nous étonnons pas que ce soit le cas sur tout sujet durant cette crise.

L'isolement des personnes testées positives au coronavirus ? "Toutes les possibilités sont à l'étude, nous n'excluons rien", dit-il sur RTL le 14 avril. Le prix des masques en tissu ? "Ils seront gratuits ? " demande le journaliste. "Écoutez, je n'ai pas la réponse à cette question, j'imagine qu'ils seront donnés à la population, oui", toujours sur RTL, le 14 avril. Et puis sur le déconfinement, il explique qu'il y a plusieurs possibilités, comme "un déconfinement général ou par territoires, en fonction des profils épidémiques". Et puis sur la question de l'immunisation au virus, "les scientifiques estiment qu'il y aurait 10 % de la population qui présenterait à cette date une immunité face au coronavirus", mais s'empresse d'ajouter que "ces chiffres restent des estimations".

Enfin, sur le sujet des quarantaines à installer post-confinement, il nous achève en disant que "toutes les possibilités sont à l'étude". Voilà pour la clarté du ministre de la Santé durant la crise épidémique.

Voyons maintenant si le discours de Sibeth Ndiaye est plus précis.

Quand elle parle du respect du confinement : "Les choses vont se mettre en place progressivement", indique la porte-parole du gouvernement. Et d'ajouter : "Très rapidement ces amendes seront mises en place […]. Elles monteront pour tout le monde dans les jours qui viennent", dit-elle le 17 mars sur France Info. Donc on ne sait pas ce que veut dire "progressivement". Et "les jours qui viennent", on a bien envie de lui demander de combien de jours on parle, tout de même.

Pas franchement fluide non plus, quand elle parle du confinement : "Au-delà des recommandations du Conseil scientifique, dont nous allons évidemment nous inspirer […] on va compiler les données, regarder les choses, et annoncer notre décision dans les tout prochains jours", déclare Sibeth Ndiaye le 26 mars sur LCI. Même question : les prochains jours, c'est quand ?

Sur le dossier de l'épidémie, même chose : "La France met tout en œuvre pour en freiner la progression, mais il semble peu probable qu'elle échappe au stade de l'épidémie", dit la porte-parole du gouvernement suite au Conseil des ministres du 4 mars. Mais encore ? a-t-on envie de lui demander.

Comme quand elle évoque, d'ailleurs, le rapatriement des Français de Chine : "Pouvez-vous nous dire ce matin combien de Français et de quelle manière ils vont être rapatriés de Chine dans les prochains jours ? […] Actuellement notre consulat effectue un recensement pour savoir qui doit partir, et donc pouvoir ajuster le dispositif en fonction" "On n'a pas encore de chiffres ?" demande le journaliste. "Je n'ai pas encore de chiffres à vous communiquer", dit-elle à l'antenne de RFI le 28 janvier. Voilà qui, là aussi, fait bien avancer le schmilblick.

Édouard Philippe est-il plus transparent que ses ministres ? Pas forcément, quand il parle de l'épidémie dans les DOM-TOM, puisqu'il dit le 28 mars en conférence de presse que la capacité en termes de lits de réanimation y sera "considérablement augmentée", mais ne donne aucun chiffre.

Même topo quand il aborde le sujet de l'accueil d'étrangers pendant l'épidémie : "Il va sans dire que si des États voisins [comme le] Royaume-Uni restaient trop longtemps sans procéder à ces mesures de confinement, alors nous aurions du mal à accepter sur notre territoire des ressortissants britanniques", dit-il le 17 mars sur France 2. Moi, du coup, j'ai du mal à comprendre si on va en accepter ou non.

Sur les masques chirurgicaux en France, identique. Il dit qu'il faut "augmenter nos capacités de production nationale", le 2 avril sur LCI, sans dire combien on doit produire. Pareil quand il parle de la situation économique post-coronavirus, pour dire : "Interdire de licencier, je ne crois pas que nous en arrivions là", le 17 mars dans le JT de France 2. J'ai un peu de mal à comprendre si les entreprises vont pouvoir virer ou non, mais bon !

Du mal à comprendre aussi ce que veut dire, concernant nos stocks de médicaments : "Nous gérons au mieux les stocks de façon à pouvoir orienter quand c'est nécessaire vers les hôpitaux qui sont sous tension"", le 2 avril sur LCI. A-t-on suffisamment de médocs ? Pas de réponse.

Pas plus à propos du dépistage des personnes âgées post-confinement, puisqu'il explique qu'il va y avoir des décisions prises "et l'utilisation d'un certain nombre de tests", le 2 avril dans l'émission spéciale "Le Premier ministre face à la crise", sur LCI et TF1. Ça me donne quand même envie de demander combien de tests il prévoit, pas vous ?

Et puis, pendant que j'y suis, je demanderais bien aussi si la France va fabriquer assez de masques pour équiper tous les Français, parce que "l'objectif […] c'est d'arriver à une forme d'autonomie nationale en matière de production de masques FFP2, dans les plus brefs délais". C'est ce que dit le Premier ministre en séance de "Questions au Sénat" le 15 avril, et cela ne me semble pas très clair.

Pareil quand il s'exprime sur le bac, pour dire que : "Très probablement, il va falloir organiser les épreuves du bac 2020 d'une façon nouvelle. Soit elles auront lieu en contrôle continu, soit on peut espérer conjuguer à ce contrôle continu une épreuve organisée à la fin du mois de juin". Je ne suis pas convaincu qu'il y ait une réponse limpide dans ces propos. Si ?

Sur le confinement non plus, tout ça n'était pas transparent : "La logique du confinement doit prévaloir au moins pour le 15 avril, probablement pour plus longtemps", disait-il le 2 avril, lors d'une audition parlementaire. Plus longtemps, ça voulait dire combien de temps ?

Même chose sur la question du déconfinement : "On commence à s'interroger", explique Édouard Philippe le 2 avril sur TF1 et LCI. Ce qui me donne envie, dans la foulée, de demander quand il commencera à répondre… Ce qu'il tente d'éclaircir le 1er avril à l'Assemblée nationale : il est "probable", dit-il, que le déconfinement ne se fasse pas "en une fois, partout et pour tout le monde". Voilà qui est beaucoup plus clair. Mais il ajoute espérer pouvoir présenter une ébauche de stratégie "dans les jours, les semaines qui viennent". Parfait !

Ah, et pour ceux qui se demandent si les impôts vont augmenter après la crise, voilà la réponse du chef de gouvernement : "Cela ne passera pas, je pense, par une augmentation des impôts", annonce-t-il le 2 avril sur TF1. Donc en fait il se tâte. On verra !

Le directeur général de la Santé a-t-il le même défaut que ses collègues, à savoir être plus vague que vague ? Oui, comme en atteste cette phrase, sur le nombre de gens touchés par le Covid-19 : "Les indicateurs ne permettent pas de suivre le nombre réel de cas puisque beaucoup de cas sont asymptomatiques ou présentent des symptômes très bénins", dit-il en conférence de presse, le 28 mars.

On est dans le même registre quand il parle de la durée et de la férocité de l'épidémie : "La crise va être longue, les prochains jours vont être particulièrement difficiles", déclare-t-il lors de son point face à la presse le 25 mars. Sans dire, bien sûr, ce qu'il entend par "longue". Sur le nombre de décès en Ehpad, il dit le 24 mars en point presse qu'il dira tout dans les prochains jours. Sur le dépistage en Ehpad, il déclare qu'"il n y a pas d’objectifs chiffrés de tests en Ehpad", face à la presse le 8 avril.

Qu'en est-il du président de la République ? Est-il atteint du même syndrome que ses hommes, à savoir l'imprécision aiguë ?

Apparemment oui. Quand il parle des salaires et moyens de l'AP-HP : "Un plan massif d'investissement et de revalorisation de l'ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital", lors de son allocution à Mulhouse, le 25 mars.

Quand il annonce aussi, sur Twitter, dans la nuit du 26 au 27 mars, avoir eu une "très bonne discussion avec @reaIDonaldTrump. Face à la crise du Covid-19, avec d'autres pays, nous préparons pour les prochains jours une nouvelle initiative importante", sans dire quelle est cette initiative.

Et puis on est bien avancés de savoir que normalement "à partir du 11 mai seront rouverts progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées", comme il le dit lors de son allocution du 13 avril, sans spécifier ce que signifie "progressivement".

Heureusement qu'il est plus clair quand il parle des deuxièmes lignes (transporteurs, caissiers, éboueurs…) qui ne sont pas exemptés de travailler pendant le confinement, parce que "le gouvernement fera le maximum pour apporter toutes les réponses". C'est ce qu'il dit à Mulhouse, le 25 mars. Aucune décision donc ? Non. Mais il fait son max pour en donner vite.

Idem sur le sujet des vacances, puisqu'il dit que "les frontières de la France avec les pays non européens resteront fermées jusqu'à nouvel ordre". Sur les tests de dépistage, pas plus de clarté que sur les autres sujets : "Tout ce qui est produit et peut être produit en France ou en Europe est poussé", déclare-t-il le 31 mars, lors de la visite d'une usine de masques à Angers. Quand il parle, d'ailleurs, des masques (si on ne veut pas être confinés à vie), on est là aussi dans les suppositions : "Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique", dit-il le 13 avril.

Je ne peux pas citer le nombre de fois où il a parlé pour ne rien annoncer de clair, net et précis, mais voici encore deux exemples, pour en finir, symptomatiques :

Quand le Président s'exprime sur les médicaments, il dit : "Notre stratégie est simple, nous passons massivement des commandes", le 31 mars à Angers.

Enfin, quand il parle de… on ne sait pas trop, il dit : "Dans les prochaines semaines, avec toutes les composantes de notre nation, je tâcherai de dessiner [le] chemin". Si quelqu'un a saisi ce que ça voulait dire, qu'il me le fasse savoir.

Vous l'aurez compris, le Président et son gouvernement ont donné tout son sens au mot "approximation" pendant la crise du Covid-19. Ce qui me fait m'interroger sur la future élection présidentielle. Si on me demandait pour qui j'irai voter, je dirais "Je ne sais pas", "Personne n'a la réponse aujourd'hui", "Il faut attendre", "Il faut évaluer diverses hypothèses"…

 

© Pr. Ch. Perronne, in Y a-t-il une erreur qu'ILS n'ont pas commise ?, Albin-Michel, 2020

 


 

 

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"Les Gaulois réfractaires se souviendront de ceux qui les ont abandonnés dans la tempête. Même épuisés, nous nous relevons aujourd'hui. Nous n'attendrons pas que la poussière retombe, comme l'a si souvent demandé, sans honte, le président de la République. Car la politique - l'ont-ils oublié ? - est en liberté surveillée. La France attend des explications et certains devront rendre des comptes devant l'Histoire."