Le débat interdit, c'est l'oukase méprisant sinon violent, que tentent de nous imposer les tenants de la pensée unique, les bobos-gauchos-germanopratins faisant la courte échelle à une infime minorité dont les exigences dépassent l'entendement : faire fi de la nature humaine, et imposer une "culture" largement imprégnée dans notre société à coups de feuilletons tous immanquablement remplis d'exemplaires de la France "plurielle" et surtout d'individus pratiquant une "sexualité différente", afin d'habituer le bon public à des bouleversements radicaux (et de faire du prosélytisme, bien sûr), tous dictés par l'égoïsme le plus exacerbé...
Et lorsqu'on n'est pas d'accord avec cette cohorte de pourrisseurs de la société, qui ont commencé à interdire d'interdire en 68, amorçant dès lors le processus d'abaissement de la France (entre autres nations), alors c'est l'injure haineuse qui fleurit - dans une récente émission de télévision, le représentant de Libé n'a-t-il pas osé traiter les opposants à son projet démentiel d'appartenir à la France moisie ?
Et je me souviens d'un ancien feuilleton estimable du vendredi soir, PJ, présentant cependant les caractéristiques mentionnées ci-dessus (exactement comme la série qui suivait, Avocats & Associés : il faut en effet marteler le ciboulot des citoyens), dont l'épisode final présentait, entre autres, une petite policière opposée à la pratique des "atouts de même couleur" (et autres fantaisies très prisées par un ancien directeur du FMI) : aussitôt, les feuilletonistes avaient tenu à souligner qu'elle était très proche du Front National...

 

 

"Pour moi, ce sujet relève de l'éthique personnelle" (A. Gérin, ancien député-maire communiste).

 

 

 

Derrière un consensus de façade à gauche sur le mariage et l'adoption par des personnes de même sexe, il existe des voix discordantes. Pourtant, une telle décision serait lourde de conséquences, comme le soulignent Mgr Rey (du diocèse de Fréjus-Toulon), ainsi que le philosophe Thibaud Collin, dans un essai percutant (Les lendemains du mariage gay).

 

C'est un proche de François Hollande, Bernard Poignant, qui se confie : «Sur mon bloc j'ai fait part de mes réserves à propos de l'homoparentalité», explique le maire PS de Quimper, qui poursuit : «Je crois que l'enfant a besoin de l'altérité. Comme orphelin, je me suis construit dans l'altérité du père absent... Tout enfant doit savoir qu'il a un père et une mère». Voix dissonante ou voix de la prudence au sein de la majorité ? Depuis juin, Bernard Poignant fait partie des conseillers qui disposent d'un bureau à l'Élysée. Sa prise de position dérange certains, à en croire le principal intéressé : "Après lecture de mon blog, la revue Têtu m'a sommé de lui répondre. Et moi, j'ai refusé ! Je suis libre de ma pensée. Je n'ai tué personne, je ne passe pas devant un tribunal. Au nom de quoi, d'ailleurs ?" Au nom d'une pensée à sens unique qui voudrait que le débat sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux homosexuels passe à la trappe avant même d'arriver devant les parlementaires.

 

Le débat est-il vraiment interdit ?

 

Dans l'arène médiatique, ceux qui ne respirent pas l'air du temps manquent parfois d'oxygène. Patrick Kéchichian, ancien journaliste au Monde, auteur dans le même quotidien d'une tribune intitulée «Mariage gay : le mauvais procès fait à l'Église», explique à FC : «Les journalistes sont souvent - pas toujours, soyons justes - des représentants de la norme sociologique. Ils répètent une opinion majoritaire, une sorte de vulgate qui les fait paraître informés». Sur le plan politique, la liberté d'expression en prend un coup.

L'auteur de Petit Éloge du catholicisme (Gallimard) poursuit : "Ainsi, être de gauche, c'est forcément être pour le mariage et l'adoption homosexuels. Affirmer le contraire, ou ne serait-ce qu'émettre un doute, vous range immédiatement dans l'autre camp. Et si vous êtes de gauche ou écologiste, dans le camp des traîtres à votre parti".

Bref, aucun état d'âme n'est admis à l'heure des batailles législatives. Un seul objectif: mettre en ?uvre cette promesse de campagne. Patrick Kéchichian s'en désole : "Rien ne devrait empêcher un homme ou une femme de gauche de juger impossible, scandaleux et gravissime un tel projet de loi".

 

"Tout le monde doit s'aligner comme des boutons de guêtre !"

 

À gauche de la gauche, André Gérin a, lui, décidé d'écouter sa conscience: "Pour moi, ce sujet relève de l'éthique personnelle". Ce n'est pas la première fois que cet ancien député-maire PCF bouscule la doxa du parti. Aujourd'hui conseiller municipal à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, il cultive sa liberté de parole : "Franchement, ce n'est pas grave d'être mal vu par son parti. Ce qui compte, après tout, ce sont les citoyens ! Au PC, j'ai été mis au piquet sur le voile intégral... Il faut de la couenne pour résister, car il y a des blessures". Pourquoi prendre ce risque de mettre en doute l'opportunité du «mariage» homosexuel ? À cause d'une certaine idée de la politique : "Le système est aujourd'hui en fracture avec le peuple de France. On a tendance à plus s'occuper du sociétal que du social. Il ne faudrait pas que le mariage homosexuel soit l'arbre qui cache la forêt..." André Gérin brocarde les députés du PS : "Le fait d'être au pouvoir n'aide pas : tout le monde doit s'aligner comme des boutons de guêtre ! J'espère quand même qu'il y aura des députés PS qui exprimeront un point de vue plus nuancé".

La nuance est-elle possible quand le débat devient combat ? Christophe Barbier, directeur de la rédaction à L'Express, en doute. Il confie à FC : "Il y a le souvenir cuisant du Pacs en 1998. Jospin voulait faire la loi et ça n'a pas marché à cause de l'absentéisme des parlementaires de gauche. Il a fallu reprendre les choses à zéro ! François Hollande ne veut pas se faire piéger à nouveau". Conséquence logique, pas de débat en interne et surtout pas de défections. "Le jour J, il ne faudra pas que les députés PS des campagnes - ils ne sont pas toujours fans du mariage gay - se fassent porter pâles. Bertinotti [la ministre déléguée à la Famille, Ndlr] en a parlé dès la Gay Pride, histoire de donner un tour de verrou supplémentaire. Celui qui décidera d'être en rupture, il faudra qu'il assume..."

 

"Un sujet sur lequel il faudrait lever les disciplines de groupe"

 

En attendant, certains se préparent dans l'ombre. "Je ne répondrai pas aux oukases de mon parti sur une question qui touche la conscience", explique sous couvert d'anonymat un parlementaire PS. "C'est comme la question de la peine de mort en 1981, cela dépasse les groupes politiques. je ne serai pas de ceux qui votent en fonction d'une majorité chiffrée !" Cet élu n'est d'ailleurs pas opposé bec et ongles au 'mariage' homosexuel quand "les couples de même sexe ont un projet de vie". Mais il ajoute ensuite : "Je sais bien que la solution idéale, pour un enfant, est d'avoir un père et une mère qui l'aiment".

Aujourd'hui, le moindre doute semble impossible. Le parlementaire avoue ses craintes : "Le premier débat sera celui au sein du PS. En faisant preuve de nuances, je ne me ferai pas que des amis politiques. J'espère avoir la force de le faire..." Cette force, Bernard Poignant la recommande à tous les élus. De gauche ou de droite. "Sur toutes les questions de société, j'ai suggéré depuis longtemps à François Hollande de lever les disciplines de groupe. Je crois qu'il faut laisser chaque parlementaire se déterminer en conscience et ne pas les montrer du doigt". Pas de stigmatisation, dans un sens ou dans un autre.

 

 

© S. Pruvot et M. Peufeilhoux, in Famille Chrétienne n° 1807 du 1er au 7 septembre 2012, pp.16-17.

 

 

 [Thibaud Collin, agrégé de philosophie, Les lendemains du mariage gay, quelle place pour les enfants ?,  Salvator, 2012, 122 p.] *

 

* [Commentaire de cet ouvrage par C-H d'Andigné]

"Le mariage gay ? Ma foi, c'est leur affaire..." Ces propos de Café du Commerce tiennent parfois lieu de réflexion sur ce sujet éminemment délicat. On aurait grand tort, pourtant, de considérer les choses aussi rapidement. C'est le grand mérite du dernier livre du philosophe Thibaud Collin que de le démontrer.
D'une part, le mariage entre personnes du même sexe n'est pas une revendication propre à une communauté particulière (certains homosexuels sont parfaitement conscients que le "mariage" gay est une aberration). Cette demande est soutenue par des militants qui, quelle que soit leur "orientation sexuelle", veulent mettre à bas le mariage qu'ils appellent "traditionnel", autrement dit le mariage tout court. Et d'autre part, cette question nous concerne tous, tous états de vie confondus. "Le mariage n'est pas qu'une affaire privée entre deux personnes", explique Thibaud Collin à Famille Chrétienne. Il ouvre la filiation et, en tant que tel, il intéresse la société tout entière. C'est la raison pour laquelle l'État le réglemente et le protège - jusqu'ici".
Permettre à deux personnes de même sexe de se marier, c'est vider le mariage de son contenu, c'est faire croire à des enfants qu'ils ont deux papas ou deux mamans, c'est mettre sur le même plan une union ouverte à la vie et une union par nature stérile, c'est institutionnaliser un mensonge.
Bref, c'est le bouleversement, en profondeur, d'une société. Cela vaut peut-être le coup d'y réfléchir ?

 


 

 

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On sera particulièrement édifié, s'agissant de la parole d'un socialiste, en allant prendre connaissance des paroles verbales de Mme Guigou (Garde des Sceaux socialiste du gouvernement Jospin) prononcées à l'Assemblée début novembre 1998, lors de la discussion sur le Pacs : "[...] Mais je dis avec la plus grande fermeté que ce droit [à la vie sexuelle de son choix] ne doit pas être confondu avec un hypothétique droit à l'enfant, etc. etc."...