Quelques textes ressortissant au domaine de la rentrée scolaire, dont ces "Propos de rentrée" qui furent, en mon jeune temps, mon second texte publié...

 

"la tête un peu penchée, mais le cœur plein d'espoir"

(D.R. Lawrence, l'amant de Lady Chatterley)

 

 

Il y a ce temps gris, qui n'est pas fait pour mettre le cœur en joie. Il y a aussi ces souliers pointus, auxquels on a été infidèle durant tout l'été, et qui vous le font chèrement payer...

Et puis cette cour, qu'on avait quittée de sol battu, et qu'on retrouve goudronnée. L'herbe y poussait naguère, tout à loisir.

"Mais une cour non goudronnée à notre époque ? Allons, la campagne ne doit pas être en retard sur la ville, que diable !"

Et l'aggloméré a recouvert le sol battu, mais aussi les timides plates-bandes que nous avions créées. Seuls, trois tilleuls résistent, le tronc enserré dans la plaque noire ; et le sapin, "gardien de notre classe", dira un élève.

Enfin, les voilà serrés contre le portail ; on a beau n'être plus tout à fait débutant, on n'en a pas moins le cœur un peu ralenti. Non pas tant, d'ailleurs, à cause des nouveaux, puisqu'on ne les connaît pas. Bien plutôt, on se demande si toutes ces têtes connues, si magnifiques de vie et de création l'année dernière, n'ont pas été goudronnées, elles aussi, au temps des vacances ; et l'espace de quelques secondes, l'angoisse nous en fait des visages connus-inconnus : serons-nous à même de nous comprendre encore ? Aurons-nous cet esprit de coopérative qui était notre vie de chaque jour ? Vont-ils m'aider à faire démarrer "les autres" dans le sens que nous désirons ? Ou faudra-t-il tout reprendre à zéro ?

Ils ne m'ont pas laissé longtemps dans l'incertitude. La porte ouverte, déjà je suis entouré : "M'sieur, pendant les vacances..." et ils parlent et se racontent, avec naturel et confiance. Allons bon, ils n'ont pas désappris que vivre et exister, c'est d'abord communiquer : "Les cantonniers, ils nous ont sacrément arrangé les fleurs ; il va falloir..." Et ils sont prêts à revêtir la tunique de Sisyphe, avec courage, sans rancœur.

Mais là, je le sais, je les aiderai à se forger, en plus, une solide espérance...

À peine entré, Gilbert vérifie l'état de sa girouette ; à cause de la pluie, le bois est gonflé , la flèche tourne mal : "il va falloir desserrer la vis, et puis la graisser un peu". Humble action de la main, mais qui, je te l'assure, te rapportera le centuple d'un verbe conjugué à tous les temps de tous les modes !

C'est donc bien vrai, l'Éducation du Travail, ça existe ! Je la retrouve, agissante dès la rentrée.

J'en oublie mon mal aux pieds, avec d'autant plus de facilité que j'aperçois quelques pousses vertes perçant le bitume. Et je m'apprête à faire quelques pas, confiant en la Vie que Freinet nous a fait découvrir, quand Pascal m'arrête : "M'sieur, pour mon moteur de l'année passée, j'ai trouvé un rotor tout monté ; maintenant, ça va certainement marcher !"

Oh oui, mon petit Pascal, tu ne crois pas si bien dire, c'est ma foi vrai que ça va certainement marcher...

 

 

© S. H., article publié en Éditorial de la Revue des Amis de l’École Freinet, section de l'Isère (Institut Dauphinois de l’École Moderne), 1965

 

 

II. Instructions en vue de la rentrée des classes

 

Il n'apparaît ni utile ni souhaitable de bouleverser l'enseignement primaire. On ne saurait, notamment, toucher qu'avec une extrême prudence à la partie de la scolarité qui s'étend jusqu'au voisinage de la 12e année et qui correspond à l'âge des acquisitions de base : lecture et écriture de la langue maternelle, calcul. Des progrès peuvent être réalisés, certes, mais sans modification importante de l'organisation actuelle.

MÉTHODES

À l'école primaire on donne encore trop souvent un enseignement d'autorité qui laisse peu d'initiative à l'élève. Il est recommandé, au contraire, de donner chaque fois que c'est possible un enseignement concret mettant les élèves en face des faits et d'utiliser les méthodes actives qui donnent des résultats très intéressants à l'école maternelle.
Le fossé profond qui sépare celle-ci du cours préparatoire de l'école primaire et qui déroute le jeune écolier doit être comblé. Il peut l'être de deux façons :
1° En installant le cours préparatoire à l'école maternelle, avec obligation pour la plupart des enfants de lire couramment et de calculer correctement à 7 ans ;
2° En confiant le cours préparatoire à des institutrices dans les écoles de garçons à plusieurs classes.
Ainsi, pour bon nombre d'élèves, les méthodes actives sont appliquées jusqu'à 7 ans au moins. Elles méritent d'être appliquées plus tard et elles le sont dans beaucoup d'écoles. Mais l'efficacité d'une méthode dépendant essentiellement de la valeur de celui qui l'applique, la généralisation des méthodes actives ne pourra se faire que progressivement après une préparation méthodique des maîtres. Cette tâche incombera surtout aux écoles normales qui commenceront à fonctionner régulièrement, selon la nouvelle formule, le 1er octobre 1947. Dès cette année, des stages d'initiation rapide seront organisés... [...]

 

Circulaire du 18 juillet 1945 (Extraits)

 

 

III. Deux dates pour la rentrée...

 

"Ayant gardé une âme d’enfant et de merveilleux souvenirs de ma longue carrière d’enseignant, j’attendais avec impatience le jour de la rentrée. J’attendais de retrouver dans les quotidiens locaux de belles images d’écoliers réjouis ou craintifs, mais vite consolés... Ils allaient revoir ou découvrir leur école, leur collège, leurs enseignants et leurs copains.

Hélas ! J’avais dû me tromper de film. Les images illustrant la rentrée, n’ont été que des images d’adultes. Des portraits de parents occupant, exigeant, manifestant... séquestrant... Il y en avait partout : dans les classes et dans les cours ; dans les rues et sur les places. Ils se faisaient parfois accompagner par un bambin ou par une fillette à qui l’on avait confié l’extrémité d’une banderole. Ces enfants demandaient aussi : une place à l’école, une classe, un maître. À vrai dire, ils paraissaient surtout se demander ce qu’ils faisaient là (...) Que faire ?

Il ne faut pas poser un problème sans suggérer une possible solution. Voici la mienne. Dès l’année prochaine, il faut fixer DEUX dates officielles pour la rentrée scolaire : la première sera la rentrée des parents qui paraissent les plus pressés. Pendant un ou deux jours, ils occuperont, paraderont, exigeront... Quelques enseignants volontaires pourraient, même, accepter d’être séquestrés !"

 

 

X., octobre 2002

 

 

IV. Pacific Back to School

 

J'ai le cœur serré, c'est la rentrée des classes, et je songe au petit garçon qui traversait le jardin du Luxembourg. Le Livre de mon ami me revient en mémoire…[…]
"Je vais vous dire ce que me rappellent tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.
Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau.
Ma pensée seule le voit ; car ce petit bonhomme est une ombre ; c’est l’ombre du moi que j’étais il y a vingt-cinq ans ; vraiment, il m’intéresse, ce petit : quand il existait, je ne me souciais guère de lui ; mais, maintenant qu’il n’est plus, je l’aime bien […].
Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures, ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le cœur un peu serré : c’était la rentrée
".

Oui, je songe au petit garçon que j'étais il y a bien plus de vingt-cinq ans, partant pour l'école avec son chapeau rigolo, aussi comique que le tricycle qui l'avait tant amusé en dépit de son état de vétusté avancée. Mais tout cela est si loin, et je ne suis pas en Haute-Provence, où je suis né, mais bien à 9 500 kilomètres de là, chez l'ex-gouverneur Schwarzenegger pour être précis. Et ce n'est pas au bord de la Grande Bleue, mais Gault Street, sur les rivages du terrible Océan dit Pacifique, que je chemine. Et je ferme la marche d'un paquet d'années, exactement l'âge de de Gaulle lorsqu'il reprit le pouvoir…

Devant moi, deux petites filles tenant leurs parents par la main s'en vont résolument vers leur premier jour de la grande école, qui débute ici par ce que nous appelons la Grande Section de maternelle. Et nous rejoignons bientôt un flot important se dirigeant, petites menottes dans les mains maternelles, vers le nouvel horizon. Cette jeune génération "rentre" donc, avec les pépiements d'une volière. Ces enfants qui s'avancent en grappes joyeuses ne connaissent pas leur bonheur, et c'est très bien ainsi. Et pourtant, ayant tout connu avant l'heure, auront-ils encore l'occasion de s'émerveiller ? Fasse en tout cas le ciel qu'on ne leur lâche pas la main trop tôt, comme cela m'est arrivé, car la blessure en est inguérissable. Et comme le remarque le Narrateur au début de La Recherche, "je me mettais à penser, à sentir, choses si tristes". Nostalgie, nostalgie, allons ressaisissons-nous, que diable !
Les parents étant cordialement invités à assister à la première séance de classe, je note qu'à part mon fils, la gent masculine brille par son absence : l'école n'intéresse pas plus les papas dits sérieux aux États-Unis que chez nous. Et je passe en revue les petits élèves, il est hélas assez clair qu'ils ne sont pas tous, loin de là, de futurs Prix Nobel, dans ce pays qui en constitue pourtant l'extraordinaire vivier. En particulier l'enfant dont la mère, poitrine généreuse et généreusement offerte - à son sujet, plutôt que de gros coquins, je parlerais volontiers, avec Voltaire, de grands pendards – et bariolée de tatouages me paraît assez éloignée du souci de l'avenir de sa progéniture. Et quelles incroyables différences dans la maîtrise de la motricité fine ! Si mes petites filles ont acquis au jardin d'enfants – qui leur a été si profitable – l'essentiel de l'élégance et de la précision du geste, nombreux sont ceux qui tiennent le crayon de telle façon qu'on les croirait en train d'extirper la chair délicieuse d'une pomme de terre en robe des champs, ou qui ressemblent au sculpteur travaillant à la gouge à la métamorphose de sa pièce de bois.
Et j'écoute, plus attentivement que d'autres je pense, ayant derrière moi un sacré entraînement, ce qui se passe. Je ne suis plus le petit garçon qui partait pour l'école, et c'était la guerre, avec un viatique important - sachant déjà lire couramment, et maîtrisant les additions avec retenue ! - mais dans les délices de l'incognito, je suis l'homme au bord de la vieillesse dont la fonction fut longtemps de visiter les classes, et c'est la paix. Comme toujours, je le fais avec sympathie, et même avec empathie, car l'art est difficile. Et je soupèse cette maîtresse aux traits masculins, aux cheveux filasse, au pantalon trop large, qui met trop souvent ses deux mains dans ses poches - une soixante-huitarde attardée, sans doute, faune qui pullule dans le coinsteau - mais qui m'apparaît tout de même attentive à tous et à chacun, à la bavarde, issue de mon sang, dont elle sait réfréner l'ardeur locutoire, comme à la timorée, qui pleure doucement à l'écart, et qu'elle essaie d'intéresser à la modeste vie du groupe – très aidée en cela par l'auxiliaire pédagogique (ici nommée grand-mère !).

Pourtant, j'avais discrètement jeté un œil sur son cahier-journal, particulièrement exsangue, et j'avais noté que la salle elle-même était bien impersonnelle. Certes, en début d'année, cela peut sembler acceptable, mais pourquoi la visite de la classe contiguë produit-elle immédiatement sur moi, par effet de contraste, une impression particulièrement favorable ? Parce qu'on y sent une implication magistrale infiniment plus grande ? Parce que les murs révèlent une vie pédagogique fort riche, un bain de lecture comme on disait de mon temps, facilitateur du premier apprentissage lexique ? Et pourtant, ceci expliquant peut-être cela, le maître qui s'active devant moi se tape la classe la plus difficile, à telle enseigne qu'il s'adresse à ses élèves, alternativement en américain et en espagnol (ce qui n'a rien d'étonnant lorsque l'on se souvient que les Latinos représentent plus du tiers de la population de l'État). Et dire que les deux enseignants, comme chez nous en France, seront sans nul doute payés de la même façon… Le mérite, vous dis-je ; un authentique homme de gauche avait beaucoup parlé là-dessus, et contre l'égalitarisme, il fut évidemment atrocement vilipendé par son camp ; c'était un chasseur de papillons (il aurait été à la fête, ici), c'était Laurent Schwartz. Il nous manque.
La classe finie, les pères sont plus nombreux à venir chercher leurs enfants. Je constate qu'un seul personnage est en short dans la cour de l'école, et c'est moi : le Gringo serait-il, pour une fois, le Belge de service ? Quoi qu'il en soit, après avoir eu l'insigne privilège de participer puis d'assister à tant de rentrées, peut-être le temps est-il venu de commencer à préparer, doucement, sereinement, sa sortie...

 

© S. H., in Bloc Notes du samedi 3 septembre 2011

 

 

V. Last, but not least : propos de rentrée au début du XXe, en pleine "Grande Guerre"...

 

 

Oh ! nous les connaissons les jours de rentrée, pour en avoir vécu de nombreux au cours d'une carrière déjà longue ! À la date qui ramène l'ouverture de nos classes, nous évoquons ceux qui sont déjà passés et les voici qui défilent dans notre souvenir.

C'est aux jours de Ferry et des laïcisations ; la rentrée sent la bataille ; un étroit blocus enserre la laïque ; nous sommes anxieux dans l'attente incertaine des élèves. Voici les premiers, ce sont les papas qui les conduisent la voix haute et le teint encore chaud d'une dernière discussion que vient de clore dans le ménage un acte brusque d'autorité. Pas de longs discours ; une forte poignée de main nous dit la confiance du père dans l'école nouvelle. Nous sommes certains de la justifier. Il faut voir avec quelle ardeur on s'y emploie et quel juvénile enthousiasme il se dépense à rendre l'école attrayante vivante, patriote et républicaine.

Chaque rentrée nouvelle nous apporte des surprises agréables. Malgré menaces et pression, nos écoles se garnissent. Ce sont les mamans elles-mêmes qui nous présentent maintenant les jeunes recrues, non point sans mille recommandations que nous écoutons avec complaisance, laissant à l'expérience et aux résultats le soin de répondre pour nous.

Enfin vient le véritable succès, non pas que du jour au lendemain se fussent évanouis les préjugés et tue la calomnie, mais une saine appréciation des principes, une meilleure connaissance des programmes et les résultats obtenus emportèrent les dernières hésitations. Les rentrées se firent plus régulières, plus nombreuses. Les gros effectifs nous donnèrent alors d'autres soucis : classes surchargées, locaux insuffisants, personnel trop restreint. En même temps nous avions à nous plaindre que la sympathie des parents pour les maîtres laïques les amenât à trop se décharger sur eux d'une tâche qui doit être commune pour sortir tous ses effets. Comme les ruisseaux vont à la rivière, les enfants nous arrivaient maintenant seuls, avec en main le carnet de famille. De la même façon d'ailleurs ils allaient parfois se faire inscrire au patronage hostile à l'école qu'ils fréquentaient. Nous constations de fâcheux résultats : la discipline rendue plus difficile, un certain éloignement, une confiance moins entière de la part des élèves, parfois même une hostilité sournoisement préparée et entretenue par des gens habiles. Nous en étions à regretter les jours de bataille ouverte. Il fallait secouer l'indolence des familles et c'était délicat, car autant il est facile pour les maîtres de s'expliquer sur ce qui se passe dans leur école, d'exprimer leurs doléances au sujet de la conduite ou de l'application de certains élèves qui ne leur donnent pas complète satisfaction, autant ils se trouvent gênés quand il s'agit d'incriminer des actions et des responsabilités extra-scolaires. Ils risquent trop que leurs observations ne soient imputées à des sentiments qui sont au-dessous d'eux et de leur rôle. Ils savent aussi quelle exploitation en serait faite.

Il y a quelque trente ans, les pères qui nous honoraient de leur confiance avaient une foi simple et entière en l'école laïque. "Travaille, petit, écoute bien ton maître, il fera de toi un homme. Ah ! si j'avais eu les facilités que la République te donne". Combien de fois les avons-nous entendues, ces paroles, aux jours de rentrée d'alors. Quant aux mères, encore dans les transes des combats soutenus, elles dissimulaient mal leur inquiétude. "N'est-ce pas, monsieur, il pourra quand même bien faire sa première communion ?" Mais, ce cap franchi, leur ambition prenait vite des ailes : "Il aura son brevet, n'est-ce pas, et alors nous lui trouverons une place où il peinera moins que son père ?"

La poursuite des titres et des places créa l'illusion dont tant sont revenus désappointés et contribua à cette indifférence des familles que nous avons constatée et regrettée. Nous avons, certes, quelque responsabilité dans ce leurre des succès aux examens, mais combien plus il en reste à la charge des pouvoirs publics, des organisations patronales ou ouvrières qui n'ont su ni organiser ni prévoir l'apprentissage d'une main-d'œuvre intelligente, capable de grandir à la fois l'artisan et le métier.

Le temps n'est pas aux récriminations, il nous presse d'agir. Le passé ne nous appartient qu'en ce qu'il peut nous fournir des leçons pour l'avenir. Est-ce une illusion ? il nous semble déjà en sentir les effets. Nos dernières rentrées ont quelque chose de nouveau et d'impressionnant. Les mères accompagnent leurs enfants ; actuelles ou lointaines, leurs préoccupations sont caractérisées par un sens pratique débarrassé des prétentions que tant de fois nous avions entendu exprimer sur les projets d'avenir concernant les enfants. L'angoisse présente fait mieux apprécier la quiétude et le bonheur des jours de paix passés : "Nous en ferons un bon ouvrier comme son père !" C'est vraiment un langage nouveau, il n'est pas rare.

Mais rien n'est émouvant comme ces jeunes mères, veuves de la guerre, qui veulent que leurs enfants viennent s'asseoir sur les bancs où s'assirent les pères, afin d'y prendre quelque chose de leur âme, de leur droiture et de leur courage.

L'école est sanctuaire autant que la chapelle.

Elle saura pieusement conserver le souvenir des braves pour l'édification de leurs propres enfants et des générations qui suivront. Le Livre d'Or de chaque école devient pour elle un inappréciable trésor d'éducation.

La sagesse des mères s'est communiquée à leurs enfants qui veulent faire comme papa ou maman. Les maîtres qui élevèrent les parents sont déjà pour eux des membres de la famille, et l'école, un peu leur maison ; c'est pourquoi les orphelins surtout les trouvent si accueillants, si pleins d'affection.

Chers petits orphelins de la guerre, nos cœurs répondront aux vôtres, nous nous réjouissons déjà de pouvoir vous témoigner quelques préférences dont nul de vos camarades ne songera jamais à se montrer jaloux.

 

E. Montjotin, Carnet des Maîtres, "Jours de rentrée", in L'École et la Vie, 29 septembre 1917