Le 14 mars 1837, Victor Hugo écrivait un texte léger, Guitare (repris dans Les Rayons et les Ombres).
Défense de déposer de la musique au pied de mes vers, avait-il averti par ailleurs. Par bonheur pour nous, Georges Brassens n'a pas obtempéré. Et le texte du père Hugo nous est surtout connu à partir de Gastibelza, l'homme à la carabine...
Quoi qu'il en soit, un contemporain a repris le rythme des vers hugoliens, pour nous donner un texte fort agréable, mais certainement peu connu (levez le doigt, vous qui étiez au courant, que je vous donne votre Danette !). Désormais, le voici pour tous...

 

 

Le vent qui souffle à travers la montagne
Me rendra fou.

 

Je veux partir, je veux prendre la porte,
Je veux aller

Là où ce vent n'a plus de feuilles mortes
À râteler

Plus haut que l'ombre aux vieilles salles basses
Où le feu roux

Pour la veillée éclaire des mains lasses
Sur les genoux ;

Aller plus haut que le col et l'auberge
Que ces cantons

Où la pastoure à la cape de serge
Paît ses moutons ;

Que les sentiers où chargés de deux bannes,
Sous les fayards,

Le mulet grimpe au gris des feux de fanes
Faisant brouillard.

Ce vent me prend, me pousse par l'épaule,
Me met dehors,

La tête en l'air, le cœur à la venvole,
Le diable au corps.

Il faut partir et prendre la campagne
En loup-garou :

Le vent qui souffle à travers la montagne
M'a rendu fou.

 

Henri Pourrat