Publié sous l'intertitre "Suffisance", ce court entrefilet nous paraît décrire à merveille l'agacement qui saisit les étrangers chaque fois que nous étalons avec beaucoup d'impudicité - et d'imposture, pensent-ils, peut-être pas complètement à tort - notre complexe de supériorité. Histoire belge... à méditer, ô combien ! Surtout au moment où la peste brune est en passe de supplanter la rouge

 

 

On raconte en Belgique l'anecdote suivante :

"Pourquoi les Français aiment-ils tellement les histoires belges ?

- Parce que ce sont les seules qu'ils comprennent !"

Cette histoire recèle une part de vérité que les Français feraient bien de méditer. Il s'agit de ces "Français moyens", bardés de certitudes et toujours convaincus de la supériorité de leur pays - gastronomique, intellectuelle, touristique, amoureuse, etc. Il y a aussi, certes, des "Belges moyens", des Anglais, des Américains..., mais peu atteignent un tel degré dans le complexe de supériorité.

Ce comportement d'autosatisfaction béate est très répandu dans la classe politique française.

N'en doutez pas : ceux qui, à l'étranger, écoutent ou regardent les hommes politiques français, si contents d'eux-mêmes et si méprisants à l'égard de leurs adversaires, ne manquent pas de les mettre tous dans le même sac, celui où ils mettent les "Français moyens", béret sur la tête et baguette sous le bras, un peu touchants et ridicules.

Dommage pour l'image de la France : on voit trop peu les Français intelligents, dignes, nuancés, tolérants. Il n'en manque pas, pourtant !

 

 

© Ér. L., lecteur bruxellois, in Le Monde du 23 juin 1988

 


 


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