Monsieur et précieux ami,

 

Pardonnez au peu d'ordre ainsi qu'à la brièveté peut-être impolie de ma lettre ; mais ma cruelle situation ne me sert que trop d'excuse. Vos consolations ont provoqué en moi de nouvelles larmes, et c'est une nouvelle reconnaissance que je vous ai, puisqu'elles m'ont un peu soulagée du fardeau de mes regrets. Mes sentiments religieux, je l'espère, ainsi que ce que je dois à mes enfants, me feront prendre le dessus sur ma douleur ; mais c'est du temps seul, ce grand médecin de l'âme, que j'attends quelque adoucissement à mes chagrins. Au sein de ma douleur, il m'est bien doux d'avoir un ami qui compatit à mes peines ; et si quelque chose pouvait me consoler, ce serait le généreux et délicat intérêt que vous avez la bonté de me témoigner. Je sens toute la valeur de vos procédés, et vous prie de croire qu'il m'est doux de penser que dans mes malheurs il m'est resté dans votre attachement un refuge aussi précieux ; mais pour le moment je ne puis que vous remercier de vos officieuses intentions. Veuillez bien agréer l'assurance du parfait dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

Votre très-humble,

 

(Date)  (Signature).