ou : les risques du métier...

 

Vienne, le 7 février 1841

 

Monsieur le Recteur,

 

Hier, 6 février, je me rendis à Vergnoz par un temps affreux. Arrivé sur les bois de la Varaire, je fus obligé de m'arrêter, ne pouvant me hasarder à traverser une rivière prête à sortir de son lit. J'eusse vivement désiré me diriger d'un autre côté pour ne pas interrompre ma tournée, mais les habitants du pays m'en ont détourné, affirmant que les chemins étaient impraticables, que je m'exposerais inutilement à des dangers réels.

Je pris donc un guide pour me conduire à la grand'route, d'où j'ai pu arriver à Vienne.

Il suffira de vous dire, Monsieur le Recteur, pour vous donner une idée des chemins de ce pays, que mon cheval s'est abattu deux fois. Il n'en est rien résulté de fâcheux pour moi, si ce n'est le désagrément de n'avoir pu encore visiter que vingt-cinq communes.

J'attendrai donc, en résidence, que le temps se soit un peu remis au beau, et je recommencerai ma tournée dans les cantons situés au nord de Vienne parce que, m'a-t-on dit, les chemins en sont moins mauvais.

Agréez, je vous prie, l'assurance des sentiments respectueux avec lesquels
J'ai l'honneur d'être,
Monsieur le Recteur,
Votre très humble et très obéissant serviteur

 

Le sous-Inspecteur départemental de l'Isère,

 

AdI