Cannes, jeudi 26 février 1903

 

Mon cher père,

 

Rien ne pouvait nous faire plus de plaisir, à Germaine et à moi, que d'apprendre tous les jours que votre santé allait de mieux en mieux.

Je n'avais jamais été très inquiet de votre état général, le Docteur C. m'ayant rassuré et dit qu'il ne craignait aucune complication. Mais il était bien temps que je vous débarrasse de tous les soucis occasionnés par notre mariage, et je tiens à vous dire combien je vous suis reconnaissant de tout ce que vous avez fait pour moi à cette occasion.

Vous savez, mon cher père, quel inestimable cadeau vous m'avez fait en me donnant votre fille, et je n'en veux pour preuve que l'affection dont vous l'avez toujours entourée, et qu'elle vous rend de tout cœur.

Je suis sûr qu'entourés de parents comme ma mère et vous, et nous aimant aussi tendrement, Germaine et moi nous supporterons vaillamment toutes les petites épreuves de la vie, si Dieu nous en envoie, et qu'en tous les cas, nous vous rendrons toujours bien heureux.

J'espère que, bientôt, une nouvelle petite famille pourra vous égayer et vous faire repenser aux années passées, avec joie et consolation dans vos petits enfants. Ne trouvez-vous pas que Mémène fera la plus délicieuse des mamans !

En tous les cas, elle est la plus adorable des épouses et je l'aime plus tous les jours.

Je vous embrasse de tout cœur, sans oublier ma mère.

 

Albert