Ils s’en foutent, de la République...

Comme s'il n'y en avait pas assez avec la médiatisation de la plainte de la Grande Mosquée de Paris contre Michel Houellebecq et ses propos "très graves" [sic] issus de son dialogue avec Michel Onfray ("deux penseurs stars de l’extrême-droite qui se lâchent" a-t-on pu écrire par ailleurs sur ces deux personnes de bonne foi), voilà qu'on nous remet sur le tapis une nouvelle polémique, peut-être plus dure encore que celle qui touche l'auteur de "Soumission". À cet égard, il est sans doute opportun de rappeler que cet écrivain, déjà attaqué il y a vingt ans par plusieurs associations islamiques pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence […] et injure envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion déterminée, en l’espèce, l’Islam", avait été relaxé - plus exactement je crois, les dites associations avaient été déboutées (à l'audience, Houellebecq avait, entre autres, déclaré : "Je n'ai jamais manifesté le moindre mépris pour les Musulmans, mais j'ai toujours autant de mépris pour l'Islam"). Qu'en sera-t-il, cette fois ?

La nouvelle polémique, donc, porte sur la teneur d'un dialogue entendu sur la chaîne CNews, dans un débat intitulé "Comment dire stop à la violence des jeunes ?" Au cours de ce débat, le journaliste Jean-Claude Dassier s'était écrié : "Mais les musulmans, ils s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire, enfin !", ce à quoi son contradicteur avait répondu finement : "On leur apprendra ce que c’est, la République", tandis que Dassier enfonçait le clou : "On ne va pas y arriver parce que c’est trop compliqué : les cultures sont trop éloignées l’une de l’autre - ou l’une des autres - et on va tout doucement vers une société communautaire à l’anglaise ou à l’américaine". Certes, Dassier, ce n'est pas de la plume d'oie, ni celle de corbeau, ni celle de vautour...
Mais tout de même, n'est-ce pas là, exprimé sans aucun doute de façon plus brutale, la même chose que le "on ne peut pas mélanger l"huile et le vinaigre" du général De Gaulle ? La même constatation que la remarque désabusée de l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, quittant ses fonctions en disant : "Aujourd’hui on vit côte à côte... Je crains que demain on vive face à face" ?

Qu'on le veuille ou non, les Musulmans ont l'intime conviction d'appartenir d'abord à l'oumma - on s'en était aperçu au moment où l'oumma tout entière s'était bruyamment réjouie lors de l'attentat contre les Twin Towers de Manhattan, et j'en avais moi-même été témoin, dans un tout petit village provençal. Bref, je reviens à mon propos, ce qui dit Dassier a soulevé l'indignation des musulmans, mais aussi de leurs idiots utiles, car quelle boue on a déversée sur lui !
Alors, sans autre commentaire de ma part, je tiens à citer quelques lignes d'un autre ministre de l'Intérieur, sans doute bien oublié aujourd'hui - et c'est regrettable, Michel Poniatowski. Dans son ouvrage, Que survive la France (publié aux Éditions du Rocher en 1991), on peut lire, aux pp. 99-106, ceci :

Si l'identité de l'Islam et celle du monde arabe ne se confondent pas, en revanche elles se conjuguent sur le mode explosif [...]. L'Islam est à la fois une religion, une conception de la cité et une civilisation, constituant pour l'individu une explicarion totale de son existence [...]. Le Coran est universel et s'adresse au genre humain dans son entier. Tout enfant naît musulman car l'Islam est la religion naturelle, ce sont ses parents qui en font un juif ou un chrétien [...]. Pratiquement aucun des éléments qui constituent le statut de la femme musulmane n'est transférable à notre société, à notre droit ni à notre code civil. La femme musulmane n'a qu'une seule solution si elle veut devenir française, "se résigner" à la liberté pour elle­-même et pour ses enfants et à l'égalité avec les hommes. La femme en France a tous les droits que lui donne la loi de notre pays et il n'est pas imaginable que l'application du droit coranique puisse les limiter comme certains intrégristes voudraient nous le faire admettre [...]. Pour le musulman orthodoxe, l'histoire n'a qu'un sens : l'Islam doit telle une marée recouvrir le monde. La notion de démocratie est blasphématoire et absurde. La seule légitimité politique réside dans le pouvoir religieux, dans les versets du Coran... Le système occidental en devient haïssable [...]. Les droits de l'homme sont pour le musulman un non­sens et la Déclaration universelle de ses droits blasphématoire, car elle place au même rang les croyants et les infidèles. Notre Déclaration des Droits de l'homme matérialiste et païenne est incompatible avec la chari'a révélée au prophète et, pour un immigré musulman, admettre la totalité du code des lois françaises et accepter notre démocratie sont une trahison de la foi de ses pères. Tel est le point de vue du musulman orthodoxe et, pour tout dire, intégriste.
Pour nous, admettre ces principes, c'est admettre l'existence d'une seconde nation sur notre sol, ce qui n'est ni raisonnable ni acceptable et encore moins prudent.
Tôt ou tard, il y aura affrontements et ils seront violents
".

Plus de trente  années après leur publication, ces lignes conservent toute leur acuité. "Ponia" n'était pas seulement un homme courageux (un sacré et vrai résistant) et pétri de culture. C'était aussi un remarquable visionnaire.

 

PS -  16 ans, de Philippe Lioret

Ce film m'a littéralement bouleversé, car toute la tragédie de la condition humaine y est condensée. D'abord, le moins important peut-être, parce que passager : la désinvolture des ados face à la scolarité, quand nous étions nous-mêmes si passionnés, le plus souvent, par les cours (je me souviens, durant les récréations de Première, tandis que nous découvrions Les Provinciales, de discussions passionnées sur les jésuites et les jansénistes !)
Et surtout l'incommunicabilité, d'une façon générale : entre les êtres, entre les générations, entre les cultures (ce qui renvoie évidemment à ce qu'on a pu lire supra).
Et lorsque survient, par miracle, par grâce, un évènement gratuit, pur, alors c'est immanquablement "Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire".

Un film exceptionnel

Commentaires

1. Le jeudi, 5 janvier 2023, 16:00 par Nicolas

Analyse on ne peut plus pertinente de ce danger qui vole au dessus de nos têtes et qui se pose silencieusement sur le sol des pays à asservir, puis se développe comme un virus.
Nous avons les antidotes, mais pas les médecins.
Merci à l'auteur de participer au souci de rester éveiller tant qu'on le peut.

2. Le mardi, 31 janvier 2023, 17:59 par Nicolas

Je viens de relire les mots de Poniatowski et je me rends compte du chemin insidieux que les "islamistes" ont parcouru dans notre pays endormi.
Aujourd'hui notre grand Ponia ne pourrait plus écrire cela sans être taxé d'incitation à la haine ..etc... Mais que cet article est le bienvenu ! Merci Samuel...

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