Stephenson, loin de profiter de ce commencement de fortune pour se reposer un peu, songea aussitôt à reprendre ses études avec plus de vigueur. Il acheta de nouveaux livres, qu'il lisait le soir au retour de sa journée.

En même temps, il envoya son petit Robert étudier à la ville voisine. Comme il ne voulait pas se séparer de lui complètement, et que la route était trop longue pour les jambes du bambin, il lui acheta un petit âne.

Robert, perché sur sa monture, partait le matin de bonne heure pour l'école, avec son panier aux provisions et son carton plein de livres. Le soir, au retour, le père et l'enfant faisaient les devoirs ensemble ; Robert répétait à son père les précieuses leçons de ses professeurs, et le père recommençait ainsi son éducation.

Cet admirable exemple d'amour de l'étude faisait comprendre au fils combien la science est précieuse. Robert se passionnait pour le travail, et il adorait son père qui lui enseignait si bien le prix du savoir. Le grand-père, quoiqu'il ne pût voir ses deux chers enfants, jouissait au milieu d'eux d'une vieillesse heureuse et paisible. L'aisance était revenue dans l'humble ménage.

Á mesure que Stephenson étudiait les livres sur les sciences, il s'attachait à découvrir des perfectionnements pour les machines. Il avait dans sa maison un petit atelier où s'étalaient des modèles de toute sorte, et il passait de longues heures à en étudier les divers mécanismes.

Il se mit à construire lui-même des machines, et il en fabriqua plusieurs pour les houillères voisines ; elles marchèrent merveilleusement.

Georges reprit alors une idée qu'il avait eue depuis sa jeunesse : c'est qu'en perfectionnant les machines à vapeur dont on se servait pour transporter les chargements, on arriverait à se passer du secours des chevaux et à franchir l'espace avec une vitesse bien plus grande. Les locomotives existaient déjà ; mais fort imparfaites, elles n'accomplissaient que deux lieues à l'heure, consommaient beaucoup de charbon, enfin faisaient un tel bruit que chevaux et bétail en étaient épouvantés. Dès qu'un troupeau ou une voiture se montrait, on était obligé d'arrêter l'effrayant chariot à vapeur pour éviter les accidents. Tout cela causait beaucoup d'ennuis et ralentissait à un tel point la vitesse que les locomotives tombaient en défaveur.

Stephenson commença à porter remède à ce bruit excessif en inventant une nouvelle espèce de tuyau. Mais il ne devait pas arriver du premier coup à réaliser entièrement l'idéal qu'il s'était proposé.