
Excuses publiques
Le "Canard" (n') a (pas) reçu de M. Chabrol, reporter à l'"Humanité", la lettre suivante,
Monsieur le Rédacteur en Chef,
J'ai appris avec la stupéfaction que vous devinez le dénouement de l'affaire de Lurs. Ainsi, c'était le vieux Gaston ! Ainsi, c'était un Dominici ! J'ai bonne mine.
Dès les premières semaines de l'enquête, j'avais pris fait et cause pour cette famille bien pensante - dans le sens où je l'entends. Je m'étais rendu chez les Dominici, m'étais fait photographier à leur table, avais recueilli leurs protestations indignées, notamment celles du vieux. Et, bien entendu, j'avais, avec eux, accablé de sarcasmes celui que j'appelais "le commissaire Tournenrond".
Tout cela n'est rien. Et d'ailleurs, qui ne s'est pas trompé ?
Mais là où j'ai "attigé", c'est quand je m'en suis pris aux victimes elles-mêmes, ne particulier à l'infortuné Sir Jack Drummond. Dans un article de l'Humanité-Dimanche, que vous aviez eu raison de relever (voir le Canard du 17 septembre 1952), je me livrais à des insinuations d'une rare perfidie, laissant entendre, par exemple, que la présence en ces parages de Sir Jack était insolite, voire suspecte ; que le savant anglais avait eu des contacts criminels avec les nazis ; qu'il était un espion, etc.
Peut-être m'avez-vous pris alors pour un maquilleur de crime, un brouilleur de pistes. Il est certain, en tous cas, que mon attitude a fait le plus grand tort à mon Parti, car on a pu s'imaginer que j'agissais par ordre. Non, je n'étais qu'un pauvre coïon se croyant très malin. Je demande pardon à la mémoire des pitoyables victimes, je demande pardon aussi à ceux de mes lecteurs que j'ai pu faire marcher. Ils y sont allés franco, eux.
Veuillez croire, etc.
Signé : PAS-FORT-CHABROL
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