Cette courte étude sur le caractère d'Alceste peut intéresser les élèves de Première

 

 

 

I. Le franc-parleur

 

- Un idéal : toujours dire la vérité.

- Il veut changer le monde.

- N'y parvenant pas, il ne lui reste qu'à le quitter.


 

 

II. L'atrabilaire

 

- Dominé par son indignation, il ne peut se contenir.

- De même, il ne peut s'empêcher d'aimer Célimène.

- Il n'est pas complètement ridicule, parce qu'il reste lucide.

 

 

III. L'être d'élite

 

- Il sait voir la valeur de toutes choses : vers d'Oronte, politesses de Cour ...

- Passionné de justice, de noblesse de cœur.

- Sentiment un peu naïf de sa propre valeur.

 

 

IV. Conclusion

 

Le personnage vit après Molière (type littéraire et humain ; cf. la réaction de Rousseau).

 

 

 

COMPLÉMENTS POUR L'ÉTUDE (ET LA DISCUSSION) DU PERSONNAGE

 

Alceste devant :

- les conventions sociales ;

- l'amitié ;

- l'amour.

 

Pourquoi ne supporte-t-il personne ?

(il supporterait quelqu'un d'aussi intransigeant que lui).

 

Pourquoi est-ce qu'il jure ?

- C'est à la mode (v. 567, 575) ;

- mais chez lui c'est sincère.

 

C'est plutôt le Parrhésiaste (= franc-parleur) que le Misanthrope (v. 1087, 1165, 1574).

- Franchise.

- Refus des nuances.

- Volonté d'imposer le bien (moralité, justice) - ou, sinon, de se retirer du monde.

- Haine de la médiocrité, du toc (la politesse passe-partout, les sonnets plats ... ).

- Or il est clairvoyant : il voit le monde tel qu'il est*.

- C'est parce qu'il est lucide qu'il est jaloux : à juste titre.

- Caractère d'élite, culte du beau, du vrai, du juste.

- Aristocratie : je veux qu'on me distingue. Il est le seul véritable aristocrate dans cette société de haute noblesse.

- Orgueil naïf : le monde a les yeux fixés sur lui (aux yeux de l'univers, v. 200 ; vous pouvez parler haut, v. 750). Fait la leçon.

- Il subit une injustice évidente : cela indignera le monde, et fera la preuve qu'il a raison. Il y a du masochisme aussi là-dedans (le plaisir de perdre mon procès, v. 196).

- Tout d'une pièce : c'est pourquoi il éprouve pour Célimène une grande passion, au lieu de la simple galanterie en usage dans ce milieu (cf. les amours accommodantes d'Éliante et Philinte, IV, I).

*

Une anecdote du XVIIIe siècle: l'abbé Mongant, précepteur du fils du Régent, se plaignait d'avoir des "vapeurs". C'est une terrible maladie, disait-il : elle fait voir les choses telles qu'elles sont.

Marivaux imagine le "monde vrai", où chacun dit réellement ce qu'il pense ; mais il en tire une morale de prudence, et non de colère. Cette dernière était réservée à Jean-Jacques.

Goldoni n'osa pas lire à Rousseau sa pièce "le Bourru bienfaisant", de peur qu'il y vît une allusion à son caractère.

 

 

© J.-P. Delbègue, Agrégé des Lettres, in Les Humanités Hatier n° 470, novembre 1971.

 

 


 

 

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