Soixante-neuf ans ont passé... Pour commémorer l'immonde tuerie, je publie cette année un exemplaire des lettres (il doit y en avoir pas loin du demi-millier) reçues par les diverses autorités ayant eu à connaître de l'Affaire de Lurs. La plupart sont anonymes. Ce n'était pas le cas de celle-ci, qui rend un vibrant hommage au fils Clovis. Tout en confondant les divers rôles entre le destinataire désigné, l'Avocat général Calixte Rozan (1909-2000) et le Procureur de la République (Louis Sabatier)...

 

 

Genève, le 30 novembre [1954]

 

Monsieur l'Avocat général des Assises de Digne

 

Toutes mes félicitations pour la manière dont vous avez conduit les débats, dans l'Affaire Dominici, et bravo pour la condamnation de cet ignoble individu.

Tout le monde ose espérer que la châtiment ira jusqu'au bout. Vu pour ce qu'il a fait, il n'a droit à aucune pitié.
Comme vous, Monsieur le Procureur, nous sommes persuadé qu'il a agit [sic] seul dans son horrible crime.
Je ne comprends pas qu'il y aie [sic] encore des doutes : puisque lui-même a avoué.
Et son fils Clovis en a fait un cas de conscience : en faisant abstraction à tout lien de parenté. C'est le seul honorable dans cette famille. À celui-là seulement on doit lever son chapeau.
Je suis moi-même père de famille : c'est la raison de ma lettre.
Avec mes salutations distinguées.

 

Monsieur Ch. Meier