I. Conte de Noël

 

Concerne le cycle III - il s'agit d'une épreuve (début des années soixante) pour l'examen d'entrée en sixième, le C.E.P. et le concours des bourses

 

I. Document de départ

 

[…] Le Père Noël conta à l'oiseau son embarras. Le roitelet pencha sa tête fine, roula son petit œil malicieux, et dit :

- Père Noël, il ne faut pas qu'Annette ait du chagrin. Puisque tu ne peux, cette fois, aller toi-même lui porter ton présent de Noël nous allons, nous, les animaux de la forêt, lui préparer le nôtre.

Le petit oiseau ébouriffa ses plumes et voleta parmi les arbres. Il alla réveiller le renard, les araignées, l'écureuil, les souris, la pie, le rossignol, le grillon et jusqu'aux vers luisants qui dormaient depuis longtemps. Et tous, ils furent contents lorsqu'ils surent ce qu'ils avaient à faire.

Le renard apporta silencieusement, dans la maison, un beau petit sapin qui avait été coupé au bord de la clairière, et le dressa devant la cheminée, près des sabots ; les araignées lancèrent, d'une branche à l'autre de l'arbre, des fils que le roitelet demanda à la lune d'argenter les vers luisants se dispersèrent parmi les aiguilles de sapin et firent briller bien fort leurs petites lumières.

L'écureuil rapporta, du creux d'un arbre où il les avait cachées, beaucoup de petites noisettes qu'il mit dans l'un des sabots ; et les souris roulèrent dans l'autre des noix dont elles avaient fait provision pour l'hiver.

Et la pie, qu'apporta-t-elle ? La pie alla chercher, au plus profond de son nid, trois assiettes de poupée, qu'elle avait dérobées dans un jardin et les déposa au pied de l'arbre.

Alors, lorsque tout fut prêt, au petit matin, le rossignol et le grillon firent entendre une jolie chanson qui éveilla doucement Annette.

La petite fille ouvrit les yeux et vit, devant l'âtre où rougeoyaient encore les braises chaudes, le bel arbre brillant et illuminé de petites lumières clignotantes ; elle aperçut les sabots remplis ; elle découvrit près d'eux le joli cadeau et elle battit des mains... C'était le plus beau Noël qu'elle ait jamais eu.

 

[Edmée Arma, Le merveilleux Noël dans la forêt, Éditions Ouvrières].

 

[Edmée ARMA, "écrivain français pour la jeunesse", née en 1908, a publié de nombreux contes traduits du finnois, et contribué à rassembler avec son époux, des florilèges de vieilles chansons françaises]

 

II. Préparation lexicographique du texte

 

Il y a 150 mots dans ce texte, dont 122 différents (sans les mots-outils : il y a par ailleurs 187 occurrences de mots-outils - dont 66 différents, soit 55, 49 % du texte).

4 occurrences : arbre, Noël

3 occurrences : sabots, pie

2 occurrences : père, oiseau, roitelet, Annette, parmi, renard, araignées, écureuil, rossignol, grillon, vers, luisants, apporta, beau, sapin, devant, près, lumières

1 occurrence : aiguilles, alors, animaux, aperçut, arbres, argenter, assiettes, âtre, battit, beaucoup, bel, bord, braises, branche, brillant (briller), cachées, cadeau, chagrin, chanson, chaudes, cheminée, chercher, clairière, clignotantes, conta, contents, coupé, creux, découvrit, demanda, déposa, depuis, dérobées, dispersèrent, dont, dormaient, doucement, dressa, ébouriffa, embarras, encore, entendre, eux, éveilla, faut, fille, fils, fine, fois, forêt, fort, hiver, illuminé, jamais, jardin, joli (jolie), jusqu, lancèrent, longtemps, lorsqu (lorsque), lune, mains, maison, malicieux, matin, mit, nid, noisettes, noix, nôtre, œil, ouvrit, pencha, pied, plumes, porter, poupée, préparer, présent, prêt, profond, provision, puisque, rapporta, remplis, réveiller, rougeoyaient, roula (roulèrent), silencieusement, tête, ton, trois, voleta, yeux.

 

 

III. Lisibilité

 

Le texte est plutôt accessible en fin d'élémentaire : un niveau de lisibilité de 10, 79 le place au niveau de la classe de sixième. J'imagine que c'est à cause de la longueur des phrases (mots par phrases : 18, 67 ; pourcentage de mots absents du vocabulaire fondamental : 6, 85 %).

 

 

IV. Questions (entrée en sixième)

 

1. VOCABULAIRE.

 

- a) Pourquoi le texte est-il intitulé "Conte" ? Donnez des mots de la même famille.

 

- b) Remplacez le verbe "ébouriffa" (Le petit oiseau ébouriffa ses plumes) par un autre verbe de même signification.

 

- c) L'arbre était "illuminé de petites lumières clignotantes". Expliquez ce dernier mot. Est-il employé au sens propre ou au sens figuré ? Précisez chacun des sens du verbe clignoter.

 

2. CONJUGAISON.

 

- a) Relevez dans le quatrième paragraphe (Le renard... lumières) un verbe à la voix active, un verbe à la voix passive, un verbe à la voix pronominale ; indiquez leur sujet.

 

- b) À quel temps est conjugué dans ce paragraphe le verbe couper ? Conjuguez le verbe à toutes les personnes de ce temps.

 

- c) À quel mode et à quel temps est le dernier verbe du texte ?

 

3. ANALYSE.

 

- a) Dans la deuxième phrase du deuxième paragraphe, relevez les noms en les distinguant. Indiquez leur genre et leur nombre. (Puisque tu ne peux...)

 

- b) Relevez dans le quatrième paragraphe (Le renard.., lumières) les pronoms relatifs ; donnez leur antécédent et indiquez leur fonction.

 

- c) Dans le deuxième paragraphe, le mot lui est employé deux fois. Que représente ce mot ? Quelle est sa nature et quelle est sa fonction ?

 

4. INTELLIGENCE DU TEXTE.

 

- Pourquoi, pour Annette, est-ce le plus beau Noël qu'elle ait jamais eu ? Comment manifeste-t-elle sa joie ? Imaginez - car on ne le dit pas dans le texte - pourquoi tous les animaux "furent contents", et indiquez comment, à leur façon, ils voulurent être gentils avec la petite fille.

 

 

V. Questions (Certificat d'études primaires et Concours des Bourses)

 

ORTHOGRAPHE.

 

- a) Cette fois ; des noix. Écrivez dix noms en ois et cinq noms en oix. Le son oi à la fin de certains mots s'écrit aussi oit : écrivez cinq mots en oit.

 

- b) Donnez les homonymes du mot conte. Placez-les dans une courte phrase.

 

- c) Verbe rougeoyer. Connaissez-vous d'autres verbes en oyer ? Écrivez ces verbes à la 1e personne du singulier et à la 1e personne du pluriel de l'indicatif présent.

 

ANALYSE.

 

- a) Fonction du groupe : les animaux de la forêt.

 

 

- b) Analyse logique de la phrase : L'écureuil rapporta.. pour l'hiver.

 

 

II. Un hiver rigoureux

 

L'hiver cette année-là, fut terrible. Dès la fin de novembre, les neiges arrivèrent après une semaine de gelées. On voyait de loin les gros nuages venir du nord ; et la blanche descente des flocons commença.

En une nuit, toute la plaine fut ensevelie.

Les fermes, isolées dans leurs cours carrées, derrière leurs rideaux de grands arbres poudrés de frimas, semblaient s'endormir sous l'accumulation de cette mousse épaisse et légère.

Aucun bruit ne traversait plus la campagne immobile. Seuls les corbeaux, par bandes, décrivaient de longs festons dans le ciel, cherchant leur vie inutilement, s'abattant tous ensemble sur les champs livides et piquant la neige de leurs grands becs.

On n'entendait rien que le glissement vague et continu de cette poussière tombant toujours.

Cela dura huit jours pleins, puis l'avalanche s'arrêta. La terre avait sur le dos un manteau épais de cinq pieds.

Et, pendant trois semaines ensuite, un ciel, clair comme un cristal bleu le jour, et, la nuit, tout semé d'étoiles qu'on aurait crues de givre, tant le vaste espace était rigoureux, s'étendit sur la nappe unie, dure et luisante des neiges.

La plaine, les haies, les ormes des clôtures, tout semblait mort, tué par le froid. Ni hommes ni bêtes ne sortaient plus : seules les cheminées des chaumières en chemise blanche révélaient la vie cachée, par les minces filets de fumée qui montaient droit dans l'air glacial.

De temps en temps on entendait craquer les arbres, comme si leurs membres de bois se fussent brisés sous l'écorce ; et, parfois, une grosse branche se détachait et tombait, l'invincible gelée pétrifiant la sève et cassant les fibres.

Les habitations semées çà et là par les champs semblaient éloignées de cent lieues les unes des autres.

On vivait comme on pouvait.

 

[Extrait de Guy de Maupassant, Un souvenir de Noël, conte publié à l'origine dans Le Gaulois du 25 décembre 1882].

 

 

III. Magie de la neige

 

Oh ! Ces journées de neige, quelle transformation subite elles opéraient en nous, autour de nous ! Et quel frémissement courait sur les bancs de la classe dès les premiers flocons ! La lumière se retirait. Tout devenait terne : le plâtre des façades prenait une couleur grise, fanée, les arbres paraissaient plus noirs. Par un inexplicable phénomène, la craie elle-même perdait, entre nos doigts, son éclat, son rayonnement. Nous avions l'impression de toucher à une minute solennelle. Dehors, quand nous levions la tête, c'était presque une ivresse de recevoir sur la figure, sans savoir où elles se poseraient, ces mille petites abeilles blanches dont le froid nous piquait le visage, avec une si furtive, une si délicate précision qu'elles semblaient avoir choisi, tout en tourbillonnant, la place où elles nous atteindraient. Le ciel n'était plus gris ; il était roux, opaque. Et, peu à peu, les grilles du collège, les branches, les bancs, les toits devenaient d'autres branches, d'autres bancs, d'autres toits. Selon la direction du vent, la neige se plaquait contre une palissade ou contre un vieux mur et, derrière, nous apercevions un espace vide, encore intact. Mais le vent cessait. Alors elle tombait plus vite, et recouvrait tout uniformément de sa blancheur duveteuse comme si elle avait profité de ce moment d'inattention pour s'installer, en dominatrice, pour s'infiltrer jusqu'entre les fentes des persiennes, sous les tuiles, sous les bâches des voitures, sous des hangars et même dans des recoins de greniers en passant par un carreau cassé. Quand elle n'avait pas cessé à midi, nous savions que les heures de cours passeraient sans qu'il survînt le moindre ennui et sembleraient se volatiliser, que le prof' lui aussi, regarderait par intervalles, si elle allait tomber, si elle tombait encore. Il y avait dans l'air un miracle. Le prof' disait : - Elle monte ! Bientôt vingt centimètres !

 

[Extrait de © Francis Carco, À voix basse, Albin Michel, 1938]

 

 

 

IV. Travaux éventuels d'ordre lexical

 

1. Préparation lexicographique du texte "Un hiver rigoureux".

 

Il y a 304 mots dans ce texte, dont 195 différents.

 

On recense d'abord 141 occurrences de mots-outils (dont 46 différents), soit 46 % du texte :

 


15 : de
14 : les
11 : et, la
6 : on, l', le
5 : des
4 : s', par, leurs
3 : en, cette, comme, dans, sur, une, un
2 : plus, fut, se, grands, ne, tout
1 : autres, avait, aurait, d', du, était, fussent, hommes, jour (jours), leur, n', pouvait, que (qu'), qui, si, unes, tous, toute, venir, voyait.

 

Il y a d'autre part 163 mots 'pleins' (dont 149 différents) :


2 : là, neiges, blanche, nuit, plaine, arbres, semblaient, sous, ciel, vie, champs, entendait, ni, temps
1 : tombait, détachait, branche, grosse, parfois, écorce, brisés, bois, craquer, membres, invincible, glacial, air, droit, montaient, fumée, filets, minces, cachée, révélaient, chemise, chaumières, cheminées, seules, bêtes, sortaient, gelée, froid, tué, mort, semblait, clôtures, ormes, haies, luisante, dure, unie, nappe, étendit, rigoureux, espace, vaste, tant, givre, crues, étoiles, semé, bleu, cristal, clair, ensuite, semaines, trois, pendant, pieds, cinq, épais, manteau, dos, terre, arrêta, avalanche, puis, pleins, huit, dura, cela, toujours, tombant, poussière, continu, vague, rien, glissement, pétrifiant, becs, neige, livides, piquant, sève, ensemble, inutilement, abattant, cassant, cherchant, fibres, festons, longs, décrivaient, bandes, corbeaux, seuls, immobile, campagne, traversait, bruit, aucun, légère, épaisse, accumulation, mousse, habitations, endormir, semées, poudrés, frimas, çà, rideaux, derrière, carrées, cours, isolées, ensevelie, fermes, éloignées, cent, commença, descente, flocons, lieues, nord, nuages, gros, loin, gelées, semaine, arrivèrent, après, vivait, novembre, fin, terrible, dès, hiver, année.

 


Ou, par ordre alphabétique :


abattant, accumulation, air, année, après, arbres, arrêta, arrivèrent, aucun, avalanche, bandes, becs, bêtes, blanche, bleu, bois, branche, brisés, bruit, çà, cachée, campagne, carrées, cassant, cela, cent, champs, chaumières, cheminées, chemise, cherchant, ciel, cinq, clair, clôtures, commença, continu, corbeaux, cours, craquer, cristal, crues, décrivaient, derrière, dès, descente, détachait, dos, droit, dura, dure, écorce, éloignées, endormir, ensemble, ensevelie, ensuite, entendait, épais, épaisse, espace, étendit, étoiles, fermes, festons, fibres, filets, fin, flocons, frimas, froid, fumée, gelée, gelées, givre, glacial, glissement, gros (grosse), habitations, haies, hiver, huit, immobile, inutilement, invincible, isolées, là, légère, lieues, livides, loin, longs, luisante, manteau, membres, minces, montaient, mort, mousse, nappe, neige, neiges, ni, nord, novembre, nuages, nuit, ormes, parfois, pendant, pétrifiant, pieds, piquant, plaine, pleins, poudrés, poussière, puis, révélaient, rideaux, rien, rigoureux, semaine, semaines, semblaient, semblait, semé, semées, seules, seuls, sève, sortaient, sous, tant, temps, terre, terrible, tombait, tombant, toujours, traversait, trois, tué, unie, vague, vaste, vie, vivait.

 

2. Lisibilité

 

Ce texte est, statistiquement, accessible un peu au-delà du CM2 ; son niveau de lisibilité est de 12, 70, avec une moyenne de 16 mots par phrases, et 11, 18 % de mots absents du vocabulaire fondamental.

 

3. Explicitation du texte

 

On pourra faire relever la durée décrite dans le texte, la sensation d'isolement, de mort apparente, que nous suggère l'auteur. On fera rechercher le seul indice de vie : les cheminées qui fument.

On pourra aussi tenter un rapprochement avec le second texte (celui de Carco), qui présente le point de vue d'écoliers. On fera rechercher le changement d'attitude (de la part des élèves), le changement des couleurs, le changement dans le paysage. De là, le rapprochement deviendra opposition : tout est triste, morne, dans le premier texte, tandis que l'arrivée de la neige est joyeusement vécue par tous chez Carco.

 

4. Vocabulaire divers : sens propre, sens figuré, etc.

 

Arriver : le courrier est arrivé - Depuis plusieurs années, cet homme politique fait tout pour arriver (cf. approcher, accourir, surgir)

 

Commencer : le maçon doit commencer les travaux la semaine prochaine (attaquer, entreprendre)

- j'ai commencé la lecture de ce roman (se mettre à lire)

- Cette symphonie commence par un allegro (débute)

===> Cf. aussi : se mettre à (entamer une discussion, une partie...)

 

Monter dans le train (prendre)

- le chemin monte (grimpe)

- les malfrats ont monté un coup (combiner)

- elle est très montée contre moi (en colère)

- les prix montent (augmenter)

 

Cour :

- la cour de la ferme, la cour de récréation : un espace clos (sens propre)

- le roi Louis XIV était entouré d'une importante cour

- la cour de justice

- ce jeune homme fait une cour assidue à sa voisine de table (faire la cour : pop. baratiner)

 


Homonymes

- le cours de l'or

- le cours d'eau

- le cours du professeur : j'ai raté le dernier cours de math, peux-tu me prêter ton cahier (leçon) ?

- le cours privé : Ma voisine fréquente un cours privé (école)

- le cours de la maladie (déroulement, durée - sa maladie suit son cours)

- en cours de route, nous avons dû stopper à cause d'une crevaison ; au cours de l'année (durant)

- les Aixois aiment beaucoup à se promener le long du cours Mirabeau (une allée)

- un capitaine au long cours

- Cours ! Galope !


- C'est bien court !
- Devant la remarque du juge, le malfaiteur a été pris de court
- Il a beaucoup plu ; les courts de tennis sont impraticables.


Famille du mot cour
courette
arrière-cour
basse-cour
courtisan.....


Séries homonymes (cf. Thimonnier)

Terreur (lat. terror) terrible, terroriste, terrifier
&

 

Terre (lat. terra), avec les préfixes at-, sou-, etc.

 

5. Travail sur image(s)

 

 

 

Pour compléter ou illustrer la lecture des deux textes proposés, on pourra aussi travailler sur des tableaux représentant des paysages de neige, faciles à se procurer en diapositives. À titre d'exemple, sont proposés ici le Tarbes, de Maurice Utrillo, et le Tilleuls sous la neige, de Maurice de Vlaminck. On pourra travailler sur la lumière dans les deux tableaux, sur la représentation des arbres, sur la diversité des perspectives : plutôt en profondeur, chez Utrillo, plutôt "en long", chez de Vlaminck...