Concerne la fin du cycle III et la classe de sixième.

 

Le texte de départ

 

[Comme il l'avait prévu, la diligence qui dessert chaque jour Etchezar était déjà partie depuis deux heures. Mais sans peine il ferait à pied cette longue route, du reste si familière, et ainsi, il arriverait quand même ce soir, avant la nuit close. Il alla donc s'acheter des espadrilles, la chaussure de ses courses d'autrefois. Et, de son pas rapide de montagnard, à longues enjambées nerveuses, il s'enfonça tout de suite au cœur du pays silencieux, par des routes qui étaient pour lui remplies de souvenirs].

 

 

Novembre finissait, dans un tiède rayonnement de ce soleil qui s'attarde toujours très longtemps ici, sur les pentes pyrénéennes. Depuis des jours, dans le pays basque, durait ce même ciel lumineux et pur, au-dessus des bois à demi effeuillés, au-dessus des montagnes rougies de la teinte ardente des fougères. Au bord des chemins, montaient de hautes graminées, comme au mois de mai, et de grandes fleurs en ombelle qui se trompaient de saison ; dans les haies, des troènes, des églantiers avaient refleuri, au bourdonnement des dernières abeilles; et on voyait voler de persistants papillons, à qui la mort avait fait grâce de quelques semaines. Les maisons basques émergeaient çà et là des arbres, très élevées, le toit débordant, très blanches dans leur vieillesse extrême, avec leurs auvents bruns ou verts, d'un vert ancien et fané. Et partout, sur leurs balcons de bois, séchaient les citrouilles jaune d'or, les gerbes de haricots roses ; partout, sur leurs murs, s'étageaient, comme de beaux chapelets de corail, des guirlandes de piments rouges : toutes les choses de la terre encore féconde, toutes les choses du vieux sol nourricier, amassées ainsi suivant l'usage millénaire, en prévision des mois assombris où la chaleur s'en va. Et, après les brumes de l'automne du Nord, cette limpidité de l'air, cet ensoleillement méridional, chaque détail revu de ce pays, éveillaient dans l'âme complexe de Ramuntcho des vibrations infinies, douloureusement douces. C'était la saison tardive où l'on coupe ces fougères qui forment la toison des coteaux roux. Et de grands chariots à bœufs, qui en étaient remplis, roulaient tranquillement, au beau soleil mélancolique, vers les métairies isolées, laissant au passage la traînée de leur senteur. Très lentes, par les chemins de montagne, s'en allaient ces charges énormes de fougères ; très lentes, avec des tintements de clochettes. Les boeufs attelés, indolents et forts, - coiffés tous de la traditionnelle peau de mouton couleur de bête fauve qui leur donne l'air de bisons ou d'aurochs, - traînaient ces chariots lourds, dont les roues sont des disques pleins, comme celles des chars antiques. Les bouviers, le long bâton à la main, marchaient devant, toujours sans bruit, en espadrilles, la chemise de coton rose découvrant la poitrine, la veste jetée à l'épaule gauche - et le béret de laine très enfoncé sur une face rasée, maigre, grave, à laquelle la largeur des mâchoires et des muscles du cou donne une expression de solidité massive. Ensuite, il y avait des intervalles de solitude, où l'on n'entendait plus, dans ces chemins, que le bourdonnement des mouches, à l'ombre jaunie et finissante des arbres. Ramuntcho les regardait, ces rares passants qui croisaient sa route, s'étonnant de ne pas encore rencontrer quelqu'un de connu qui s'arrêterait à lui. Mais, point de visages familiers, non. Et point d'effusion avec des amis retrouvés ; rien que de vagues bonjours, échangés avec des gens qui se retournaient un peu, croyant l'avoir vu jadis, mais ne se rappelaient plus bien et, tout de suite, se replongeaient dans l'humble rêve des champs... Et il sentait plus accentuées que jamais les différences premières entre lui et ces gens de labour.

 

[Là-bas cependant, en voici venir, un de ces chariots, dont la gerbe est si grande que les branches des chênes l'accrochent au passage. Devant, chemine le conducteur, au regard de résignation douce, large garçon paisible, roux comme les fougères, roux comme l'automne, avec une fourrure rousse embroussaillée sur sa poitrine nue ; il marche d'une allure souple et nonchalante, les bras étendus en croix le long de son aiguillon à boeufs, qu'il a posé en travers sur ses épaules. Ainsi, sans doute, au flanc de ces mêmes montagnes, marchaient ses ancêtres, laboureurs et bouviers comme lui depuis des siècles sans nombre. Et celui-là, à l'aspect de Ramuntcho, touche ses boeufs au front, les arrête d'un geste et d'un petit cri de commandement, puis vient au voyageur en lui tendant ses braves mains... Florentino ! un Florentino très changé, ayant plus de carrure encore, tout à fait homme à présent, avec je ne sais quoi de définitivement assuré et épanoui. Ils s'embrassent, les deux amis. Ensuite, ils se dévisagent en silence, gênés tout à coup par le flot des souvenirs qui remontent du fond de leur âme et qu'ils ne savent ni l'un ni l'autre exprimer].

 

 

Pierre Loti, Ramuntcho, 1893. Texte extrait des pp. 167-169, éd. Folio classique

 

 

 

Quelques suggestions pour une exploitation

 

I. Lectures variées, verbalisation, etc.

 

- on précisera le lieu et les circonstances, on procédera à l'élucidation du sens général.

 

II. Exercice "à trous" (test de closure)

 

Remplacez les lacunes (elles donnent des indications sur la longueur du mot qui manque) par les mots listés après le test (parfois, deux ou trois lignes suffisent à l'exercice, pour éviter les pertes de temps... et d'intérêt. Ne pas oublier qu'il y a souvent de "bonnes" erreurs (par exemple, l'élève ayant noté un synonyme à la place du mot utilisé par l'auteur). Enfin, les mots grammaticaux n'ont en général pas été répertoriés.

 


Novembre finissait, dans un ----- rayonnement de ce ------ qui s'attarde toujours ---- longtemps ici, sur les ----- pyrénéennes. Depuis des jours, dans -- pays basque, durait ce ---- ciel lumineux et pur, ---dessus des bois à ---- effeuillés, au-dessus des --------- rougies de la teinte ------- des fougères. Au bord --- chemins, montaient de hautes ---------, comme au mois de ---, et de grandes fleurs -- ombelle qui se trompaient -- saison ; dans les -----, des troènes, des églantiers ------- refleuri, au bourdonnement des --------- abeilles; et on ------ voler de persistants papillons, - qui la mort avait ---- grâce de quelques semaines. --- maisons basques émergeaient çà -- là des arbres, très -------, le toit débordant, très -------- dans leur vieillesse extrême, ---- leurs auvents bruns ou -----, d'un vert ancien -- fané. Et partout, sur ----- balcons de bois, séchaient --- citrouilles jaune d'or, --- gerbes de haricots roses ; partout, sur leurs murs, -'étageaient, comme de beaux --------- de corail, des guirlandes -- piments rouges : toutes --- choses de la terre ------ féconde, toutes les choses -- vieux sol nourricier, amassées ----- suivant l'usage millénaire, -- prévision des mois assombris -- la chaleur s'en --. Et, après les brumes -- l'automne du Nord, ----- limpidité de l'air, --- ensoleillement méridional, chaque détail ---- de ce pays, éveillaient ---- l'âme complexe de R-------- des vibrations infinies, douloureusement ------. C'était la saison ------- où l'on coupe --- fougères qui forment la ------ des coteaux roux. Et -- grands chariots à bœufs, --- en étaient remplis, roulaient --------------, au beau soleil mélancolique, ---- les métairies isolées, laissant -- passage la traînée de ---- senteur.

[cette - élevées - même - dernières - avec - tranquillement - chapelets - leurs - blanches - montagnes - soleil - verts - encore - tardives - revu - très - graminées - haies - aller - douces - tiède - ardente - s' - toison - ainsi - pentes - où - mai - faire - demi - leur - voir - avoir - dans - vers]

 

III. Famille de mot : douloureusement

 

     eur
 Ø    oureux
 
 DOUL
 oureusement
 in    ence
     emment
 en
DOL
 ore
     orir
 con    ler
 
DEUIL
 éances

 

IV. Essai de grille sémique

 

Les élèves connaissent mélancolique ; essayer de leur demander un mot renfermant la même idée ("affectivité négative") : douloureusement (cf. ici, sens propre et sens figuré). Rechercher d'autres para-synonymes, essayer de les classer.

 

 

    Affectivité négative Physique et moral Moral Idée de deuil
mélancolique - +   +  
triste +   +  
morne +      
douloureux + +    
lugubre +     +
funèbre + +     +

 

Réemploi :

 

Le beau soleil d'automne est (me rend) mélancolique (morose).

Devant un tel spectacle, je suis resté morne (accablé)

Les honneurs funèbres ont été rendus au Ministre par un détachement militaire (mortuaire)

Lors de son enterrement, tous les assistants arboraient des figures lugubres.

 

V. Finir

 

[Français fondamental n° 257 - Échelle Dubois-Buyse niveau CE1, échelon 12]

 

1 " un discours
un ouvrage
2 cette propriété "
l'automne finissait arrivait à son terme
3 cette histoire finira mal se terminera
tout finit ici-bas est périssable
Il faut (en) finir avec lui s'en débarrasser
4 J'ai fini de manger avoir terminé
5 Un menteur fini un fieffé -, un - achevé
6 Un homme fini épuisé, fichu

 

VI. Faire

 

Utilisez le mot juste, à la place du verbe générique.

Chaque jour, il fait ses quatre kilomètres à pied, pour venir à l'école.

Monsieur Martin ne fait pas atelier

Au collège, mon grand frère fait de l'anglais

En vacances, j'ai fait une très longue lettre à mes parents

Il a fait trois fautes dans la dictée qu'il vient de faire

Le maître nous fait travailler

Le directeur a fait une réclamation

Tous les matins, Papa se fait la barbe

Maman, elle, se fait régulièrement les ongles

Fabien fait très souvent le clown en classe ; et Pascal fait le pitre

Papa fait 1, 75 m

Le train s'arrête pour faire de l'eau

Le paquebot a fait escale à Marseille (s'est arrêté)

La marte grimpe au nid de l'écureuil et y fait ses petits

Le vieillard fit partout dans le lit

Le bébé pleure, il fait ses dents

La fermière fait de l'herbe pour ses lapins (ramasse)

Le cultivateur fait du blé, il pense que c'est encore rentable

Elle aura été à la poche pour lui faire le portefeuille

Deux et deux font quatre (égalent)

 

VII. Un mot grammatical : de

 

De, d', du, des = de les. Relations de point de départ ; d'origine ; de cause (vs à : aboutissement).

Entre deux noms : possession cause, moyen (les héritiers du défunt ; les cris de fureur ; les coups de bâton).

entre verbe et nom : départ, cause, moyen (sortir de sa maison ; ce vent vient de l'ouest ; il mourut de chagrin ; sers-toi d'un couteau !)

Gallicismes : être de garde ; être de l'avis de ; c'est à vous de décider ; ce n'est pas de jeu...)

 

VIII. La nominalisation

 

(de l'adjectif au substantif : recherche de suffixes nominalisateurs, à partir de limpide, limpidité ; solide, solidité.


-eté : étrangeté
-ie : fou, folie
-erie : fourberie
-isme : nain, nanisme
-eur (fém.) : pâleur
-ance : élégance
-ence : patience
-ise : sottise
-esse : petitesse
-itude : inquiétude.

 

 

IX. Jeter

 

[995e unité lexicale du Français fondamental - Échelle Dubois-Buyse niveau CM1, échelon 19]

 

  -er Ø -ée -on (jét) -ion (jett) -ir
Ø x x x x x
dé- x x
inter- x
pro- x x
re- x x x
sur- x x
su- x x
assu- x
ob- x
tra- x