"J'ai essayé d'y donner toute ma mesure. Une mesure pour rien, me souffle le diable". Max Jacob

 

 

 

Adieu l'étang et toutes mes colombes

Dans leur tour et qui mirent gentiment

Leur soyeux plumage au col blanc qui bombe

Adieu l'étang.

Adieu maison et ses toitures bleues

Où tant d'amis, dans toutes les saisons,

Pour nous revoir avaient fait quelques lieues,

Adieu maison.

Adieu le linge à la haie en piquants

Près du clocher ! Oh ! que de fois le peins-je -

Que tu connais comme t'appartenant

Adieu le linge !

Adieu lambris ! Maintes portes vitrées.

Sur le parquet miroir si bien verni

Des barreaux blancs et des couleurs diaprées

Adieu lambris !

Adieu vergers, les caveaux et les planches

Et sur l'étang notre bateau voilier

Notre servante avec sa coiffe blanche

Adieu vergers.

Adieu aussi mon fleuve clair ovale,

Adieu montagne ! Adieu arbres chéris !

C'est vous qui tous êtes ma capitale

Et non Paris.

 

Max Jacob (1876-1944), in Le laboratoire central, 1921