Un poème oublié, égaré dans les pages d'une ancienne livraison de la Revue Esprit. Modeste, il n'aura jamais la ferveur que le public voue au texte au titre éponyme de Eugène Émile-Paul Grindel (1895-1952), "Sur mes cahiers d'écolier..." ; mais il mérite tout de même d'être tiré de l'oubli : c'est pourquoi le voici.

 

J'ai poinçonné mon cœur à ton chiffre ; j'ai lié mon poignet à l'arbre de ta vertu.

Liberté que j'aime.

J'ai collé ma bouche à ta vitre d'hiver ; mes lèvres que le givre a scellées sur ta transparence demeurent entr'ouvertes.

Je connais ton sang que les blessures abandonnent,

Liberté que j'aime.

Liberté je mets pour toi mes larmes au silence.

Tendre chose pour quoi je veux me battre comme un prince pour défendre l'honneur d'une infante, inconnue mais promise.

Liberté à ton honneur je me lie.

Ce n'est pas à ma mort que je veux parler de toi, c'est dans ce moment où ma poitrine reçoit les aubes blanches d'une saison nouvelle.

Que la nuit vienne en ta présence et seulement je dormirai.

 

 

© Georges Berger, in Esprit n° 4, 1959

 

 


 

 

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