Trois documents oubliés, ou délaissés, mais si vivants ! Et vrais.

Le premier a été publié par... La Poste (mais oui !), pour accompagner une série de timbres exaltant l'écriture (avec une incroyable trouvaille : écrire, voilà un verbe sujet à compléments).
Le second est extrait d'un ancien numéro des Cahiers pédagogiques.
Quant au troisième, plus scolaire, il est emprunté à la Maîtrise du français, ouvrage capital (assez inspiré de notre Plan Rouchette) publié en Suisse il y a près de trente ans. Puissent-ils, l'un ou l'autre, galvaniser nombre d'énergies découragées, permettre un nouveau départ aux collègues, surtout en début d'année scolaire !

 

 

 

I

 

Dans un monde où la communication rapide tient lieu de dogme, le téléphone a tout naturellement conquis la première place. Mais les mots échangés par le câble téléphonique n'ont qu'une vie éphémère. À peine prononcés, ils sont précipités dans l'oubli, bousculés par leurs congénères proclamant eux aussi leur droit à l'existence. Triste sort que celui de ces paroles volatiles qui ne laisseront rien à la postérité. Heureux statut que celui des mots couchés sur le papier, lus et relus, appelés à conserver notre mémoire. Écrire, voilà un verbe sujet à compléments. Il est révolu le temps des moines qui se livraient au dur labeur de la copie. "Le travail est rude, disait l'un d'eux : il brouille la vue, courbe le dos, écrase le ventre et les côtes, tenaille les reins et laisse tout le corps douloureux". Encore au XIXe siècle, éducateurs et médecins étudient-ils avec soin la position du corps et du cahier afin d'éviter les déformations osseuses et les risques de myopie. La crampe de la main est une véritable obsession ; en témoignent les dizaines de brevets qui furent déposés pour des appareils destinés à lutter contre cet autre mal du siècle. Pour certains, l'écriture est, au contraire, une source de jouissance corporelle : "Dans l'écriture, dit Roland Barthes, mon corps jouit de tracer, d'inciser rythmiquement une surface vierge..." Le choix de la plume n'est pas indifférent à l'épistolier. La plume d'oie a longtemps été l'instrument privilégié de l'écrivain. Mais, pour les occasions exceptionnelles, on recommandait l'usage de la plume de paon ou de pélican. Malheureusement, les modestes volatiles n'ont pas fait le poids devant les Sergent-major, bataillon de plumes au caractère d'acier. À leur tour, ces dernières céderont le pas à la bille du stylo. Au-delà des sensations physiques procurées par le geste de l'écriture, il y a, dans l'acte même, une source de plaisir qu'étendent à l'infini les mille et un événements heureux qui ponctuent notre existence. La vie, en effet, multiplie les occasions d'écrire. Quoi de plus délicieux que d'annoncer une naissance, un mariage, la réussite à un examen ? À la joie d'écrire une lettre répond le plaisir de sa lecture. En effet, placé sous le signe du partage, le plaisir de l'épistolier se prolonge à l'idée que la bonne nouvelle provoquera une joie intense chez son destinataire. Rien ne remplace la force des mots et rien n'est plus simple que d'envoyer ses félicitations, ses vœux, souhaiter une bonne fête ou un joyeux anniversaire. Veut-on déclarer sa flamme à l'être aimé dans le silence ? Prendre la plume est le moyen le plus sûr pour y parvenir. La lettre affranchit de la timidité : l'amoureux transi dévoilera plus facilement ses sentiments par la médiation du facteur que devant sa belle. C'est une partie de soi-même que l'on met à l'intérieur de la lettre. Combien de jeunes gens n'ont-ils pas gardé sur leur cœur la missive parfumée ? Enfin il n'est peut-être pas d'acte plus social que d'écrire une lettre. La correspondance épistolaire rapproche les familles dont les liens se sont distendus en raison des obligations professionnelles, du départ au régiment ou de la nécessité de ville. Écrire rompt la solitude et apporte le réconfort. Nul besoin de talent pour écrire une lettre, il faut surtout du cœur... À chacun son style. C'est avec leurs mots que douze artistes de la bande dessinée ont décliné le plaisir d'écrire. Douze timbres-poste qui sont comme un appel à lutter contre l'oubli...

 

 

II

 

affiche analyse annale anthologie
aperçu article auto-collant bibliographie
billet biographie brochure bulletin
carte carte postale catalogue chronique
circulaire communication communiqué compte-rendu
convocation cours curriculum vitae dépêche
dépliant développement dialogue discours rédigé
éditorial emballage essai étiquette
étude exposé feuilleton formulaire
gazette guide histoire hypotypose
illustré imprimé information journal
journal intime lettre livret magazine
manuel mémoire mémoires message
mode d'emploi monographie morceaux choisis narration
note notice nouvelle pancarte
pièce de théâtre plan pneumatique polycopié
portrait précis programme prospectus
publication rapport recette recueil
reportage résumé roman scénario
scène schéma synopsis télégramme
télex télex thèse tract
traité      

 

 

III

 

I. ÊTRE CAPABLE D'ENCODER DES ÉNONCÉS ÉCRITS

 

1. Produire des phrases selon le code écrit (ponctuation, manipulations à l'intérieur de la phrase, enchâssements).

2. Produire et articuler des syntagmes (permutations, commutations, rapports syntaxe-sens, usage adéquat du lexique).

3. Maîtriser le système de transcription (orthographe).

 

II. ÊTRE CAPABLE DE SE FAIRE COMPRENDRE

 

1. Organiser ses idées (plan logique ou chronologique, idées principales, choix des détails).

2. Maîtriser les registres de langue (adaptation à la situation de communication).

3. Produire des actes de parole (s'impliquer).

 

III. ÊTRE CAPABLE DE S'EXPRIMER

 

1. Se dire (sensations, impressions, opinions).

2. Décrire (présence, absence, imaginaire).

3. Expliciter l'oral et l'écrit (prise de notes, résumé d'une discussion, d'un texte, paraphrase, commentaire d'un film, d'une émission, ou prouvant la compréhension d'une lecture).

4. Jouer avec les mots (sons, graphies, rythmes, structures, sens).

 

IV. VOULOIR S'AFFIRMER

 

1. Écrire spontanément (pour les autres ou pour soi).

2. Aimer s'exprimer (sur soi et sur les autres).

3. Valoriser la forme du message (prendre conscience de son propre style).