L'étude en commun est plus douce.

 

Huit jours après, Francinet, vêtu d'habits bien propres, prenait sa première leçon en compagnie d'Aimée et de son frère Henri, qui était de retour de son voyage.

Henri était, comme sa sœur, un enfant studieux et bien élevé ; il traita vite Francinet en camarade.

M. Edmond, le précepteur des deux enfants, était un ancien instituteur qui, à force de travail, avait appris par lui-même une multitude de choses, les langues anciennes et les sciences modernes.

Il ne manqua pas, en bon maître qu'il était, d'établir entre ses trois écoliers l'égalité la plus parfaite. Il ne montrait ses plus grands égards qu'à celui qui travaillait le mieux, et ne dispensait ses approbations que suivant le mérite.

Quoique Francinet fût bien en retard, puisqu'il savait à peine lire, il mit tant d'ardeur au travail et il était d'ailleurs si intelligent, que la distance qui le séparait des deux autres enfants diminua assez vite.

L'excellent M. Edmond s'arrangea d'ailleurs de façon à remplacer, autant que possible, pendant la première année, les devoirs écrits par des leçons orales, ce qui rétablissait l'égalité entre les trois élèves.

Lorsqu'il faisait beau temps, les leçons se prenaient au grand air, sur la pelouse de la cour.

Parfois aussi, M. Edmond emmenait nos jeunes amis faire une promenade à la campagne ; le long du chemin, il les instruisait, et la route en paraissait mille fois plus agréable.

Enfin, lorsqu'il pleuvait, les enfants se réunissaient dans une salle d'étude semblable à l'école où M. Edmond enseignait autrefois. Il y avait là un grand tableau noir, sur lequel M. Edmond traçait des problèmes, des figures de dessin linéaire et des modèles d'écriture. Sur les murs, on voyait des cartes de géographie où les enfants s'exerçaient à trouver la place des villes et des contrées. Tout cela émerveillait le jeune Francinet, qui prenait un grand goût à l'étude.

L'arrangement de cette existence nouvelle n'avait pas fait perdre de vue à Aimée les pensées sérieuses que sa première entrevue avec Francinet avait éveillées en son âme.

Elle roulait dans sa petite tête de grosses questions dont elle voulait avoir la réponse, et un beau jour, après voir bien mis en ordre ses idées, elle demanda à M. Edmond la permission de l'interroger. Henri et Francinet étaient présents ; ils ne manquèrent pas de se mêler au débat, et voici la conversation qui a eu lieu.