Il est une voix qui parle en nous ; quand elle nous approuve, nous sommes heureux ; quand elle nous désapprouve, nous sommes malheureux : c'est la voix de la conscience.

 

Francinet, resté seul, se remit au travail.

Il éprouvait une vive colère d'avoir été traité de lâche par Aimée ; il éprouvait une honte plus vive encore en songeant qu'il avait mérité ce nom.

L'habitude de ne jamais mentir lui avait donné une grande droiture de conscience. Il ne s'excusait pas plus en lui-même de ses fautes qu'il ne cherchait à s'en excuser devant autrui. Il ne se dit donc pas pour se justifier, comme l'auraient fait bien des enfants, qu'il n'avait pas réfléchi avant de jeter sa pierre, qu'il avait seulement agi par étourderie, qu'il n'avait pas eu un seul instant la lâche pensée de se cacher pour faire ce mauvais coup. Non, il se dit simplement que son action était très mauvaise, ce qui était vrai.

Il en ressentit une humiliation d'autant plus grande qu'Aimée, au lieu de vouloir qu'il fût puni par le contremaître, avait demandé qu'on fût bon pour lui. Si elle avait fait cela par douceur, Francinet lui eût demandé tout de suite le pardon de sa faute ; mais la petite fille lui avait parlé avec tant de mépris que Francinet ne voyait pas de réconciliation possible. Il se sentit alors châtié par l'orgueil de cette enfant d'une façon si dure, qu'il ne put s'empêcher de pleurer amèrement.