La pomme de Newton. — Découvertes astronomiques. — Les merveilles du ciel.

 

"Bienheureux celui qui étudie les cieux : il apprend à faire moins do cas de ce que le monde admire le plus ;
les œuvres de Dieu sont pour lui au-dessus de tout, et leur étude lui fournit la joie la plus pure". (Kepler, Harmonies du monde)

 

 

M. Edmond. — Pour vous montrer encore la puissance de l'attention et de la réflexion, qualités bien nécessaires aux enfants comme aux hommes, je vais vous raconter l'histoire d'une pomme qui, en tombant, suggéra à Newton une découverte admirable.


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Francinet. — Une pomme ! monsieur ; ce n'est pas possible. J'ai bien souvent mangé des pommes, et j'en ai souvent laissé tomber par terre : comment cela peut-il faire faire une découverte ?

M. Edmond. — Mon ami, c'est que, pour mettre à profit tout ce qu'on voit et observe, il faut un certain fonds de connaissances, un certain acquis. Voilà pourquoi l'instruction est si utile à tout le monde. Des hommes instruits et intelligents verront quelque chose d'intéressant et de profitable là où un ignorant ne voit rien du tout. S'ils ne sont pas des hommes de génie, comme Newton ou Galilée, ils seront du moins des hommes ingénieux et utiles.

Un jour que Newton rêvait dans son jardin, étendu sous un arbre, il vit une pomme tomber. Elle était tombée du plus haut de l'arbre et faillit lui faire mal ; car vous savez que plus un objet tombe de haut, plus il augmente de vitesse et de force en tombant.

Henri. — J'ai remarqué cela bien des fois en jouant à la balle. Lorsqu'on jette sa balle peu haut, on la reçoit dans les mains très doucement ; mais, si on la lance extrêmement haut dans l'air, elle retombe lourde comme une pierre et vous fait mal aux mains.

M. Edmond. — Précisément, mon ami. Newton, qui savait cela, se dit : "Si l'arbre avait été dix fois plus haut, cette pomme aurait pu me tuer. Et si l'arbre était haut de plusieurs lieues, ce serait bien pis encore !"

En ce moment, la lune était déjà haute sur l'horizon et planait dans le ciel pur.

"Si l'arbre était assez haut pour s'élever jusqu'à la lune, pensa Newton, la pomme serait toujours tombée vers le centre de la terre, et aurait acquis en tombant une vitesse effrayante... Mais alors, pourquoi la lune elle-même ne tombe-t-elle pas ? Elle doit cependant être pesante, elle aussi, et bien plus qu'une pomme !"

Cette pensée frappa Newton, et il chercha tout de suite quelle cause pouvait maintenir la lune ainsi suspendue dans l'espace.fr54 newton

Il se livra dès lors à des calculs dont les mathématiciens seuls peuvent concevoir la difficulté. Il sut mettre à profit les belles découvertes déjà faites avant lui par un astronome d'Allemagne, le fils d'un pauvre cabaretier, qui fut d'abord lui-même garçon de cabaret et qui devint à force de travail un grand savant : Kepler.

Vingt ans après ses premières réflexions sur la chute d'une pomme, Newton publia son immortel livre des Principes. II y explique les mouvements des astres.

La contemplation du firmament avait inspiré à Newton une profonde croyance en Dieu. Un jour qu'on lui demandait une preuve de son existence, il se découvrit et, sans rien dire, montra le ciel étoilé.

— Voilà une bien belle réponse, dit Aimée ; j'aime beaucoup ce savant, car je vois qu'il était très bon.

— Mon enfant, la vraie science rend toujours les hommes meilleurs. En effet, un esprit attentif aux choses qui l'entourent ne saurait rester indifférent à lui-même ; or, c'est l'attention portée sur nous-mêmes qui nous fait découvrir nos défauts et nous aide à nous corriger. Puisque toute la leçon s'est passée aujourd'hui à vous raconter des histoires, je vais terminer en vous donnant un exemple de constante attention à soi-même.