Punir, c'est infliger une douleur dont le souvenir persiste comme un avertissement de ne plus tomber dans la même faute. La nature de cette douleur dépend de la nature de l'être à qui elle s'adresse : elle sera nécessairement physique pour l'être matériel, pour celui qui ne vit et ne sent que par le corps ; mais dans cet ordre même, combien de degrés, depuis le coup de fouet qui fait hurler le chien ou qui ensanglante le dos de l'esclave, jusqu'à la privation de la friandise dont a été au moins menacé le plus gâté des enfants ! Pour celui dont on a su cultiver et affiner la nature morale, la punition peut être purement morale.

Si je me rappelle bien les jours de mon enfance, ce qui m'a toujours le plus puni dans une punition, c'est l'idée que j'étais puni.

 

E. A., in Revue pédagogique n° 15, 1er semestre 1885