Jamais on n'a autant parlé, et avec raison, je me hâte de le dire, de la nécessité d'une hygiène salutaire pour les petits enfants, et jamais pourtant les besoins de leur nature mobile n'ont été plus méconnus qu'ils ne le sont aujourd'hui dans un trop grand nombre de cas ; les maîtresses n'apportent pas toujours ni le tact, ni la mesure, ni la prudence nécessaire dans le travail, souvent hors de proportion, qu'elles exigent de si jeunes enfants.

Ils sont parfois véritablement surmenés : ils lisent trop tôt, dans des livres trop difficiles quelquefois ; ils écrivent sur des cahiers, font des narrations, des devoirs de grammaire, et subissent des leçons d'histoire de France que la plupart du temps ils ne comprennent pas, il faut le reconnaître, et qui ne répondent en aucune façon aux intentions patriotiques qui ont inspiré les nouveaux règlements.

En un mot, le régime de l'école primaire tend à se substituer presque partout à l'éducation maternelle, si favorable à l'accroissement des forces physiques et à l'éclosion normale des facultés des enfants.

Cette dépendance déplorable semble irrésistible ; les maîtresses intelligentes la condamnent, et cependant elles y cèdent trop souvent par un zèle mal compris, ne voulant pas présenter moins de résultats que certaines de leurs collègues, et par faiblesse pour la vanité des parents, dont les exigences sont excessives ; enfin une sorte de pression exercée par les autorités locales les fait aussi dévier de la vraie voie.

Des améliorations notables ont été réalisées dans les locaux, et bien des communes déjà ont fait généreusement des sacrifices pour satisfaire aux prescriptions du règlement. Un certain nombre d'écoles maternelles, outre le mobilier ordinaire, possèdent de petites tables qui ont permis d'organiser commodément les travaux manuels, quelques jeux éducatifs de Frœbel, et de commencer les exercices de dessin.

 

M. L., in Revue pédagogique, 1885