(et si la réflexion de cet enseignant disait le vrai ?)

 

Enseignant depuis treize ans en C.E.T. puis en L.E.P., je viens de lire avec intérêt l'article de Patrick Benquet "Violences dans les collèges" (le Monde Dimanche du 24 février), Bien que je n'aie aucune expérience des C.E.S., il me semble que ce type d'établissement ne présente pas un caractère spécifique tel que ceux qui enseignent ailleurs devraient être tenus à l'écart de ce débat.

C'est pourquoi je me permettrai de faire à Patrick Benquet l'amical reproche d'avoir singulièrement épargné notre corporation ; beaucoup d'entre nous lui en sauront gré, mais il n'en reste pas moins que notre pratique n'est peut-être pas étrangère aux manifestations de violence chez les jeunes.

C'est que, dans la mesure où nous incarnons un modèle à leurs yeux, l'exemple que nous leur offrons est souvent de nature à inspirer un dégoût qui peut trouver un exutoire dans la violence. Sommes-nous assez naïfs pour croire que nos élèves ne portent aucun jugement sur notre comportement ?

Or que voient-ils fréquemment ? Des adultes mesquins, égoïstes et pusillanimes, hypocrites et obséquieux avec l'administration et les inspecteurs, mais jaloux d'une autorité sans partage sur leur classe, car il ne saurait être question de considérer l'élève comme un ami, encore moins un égal (Horresco referens !).

J'en veux pour preuve supplémentaire, dans l'article de Patrick Benquet, l'étonnant témoignage de cet enseignant "pourtant" d'extrême gauche, et militant de la C.F.D.T., qui évoque la nécessité d'un "rapport de force" comme si cette terminologie héritée des luttes sociales pouvait s'appliquer au contexte scolaire ! Moi-même, militant C.F.D.T. sommairement classé à l'extrême gauche, je me surprends à rêver de ce que l'on pourrait faire de cet immense gâchis avec un peu d'amour.

 

© J.C. S., lecteur de Le Monde, 9 mars 1980].

 

 


 

 

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