"Il nous est arrivé vingt-six fois de pénétrer, le même jour, dans un collège et dans une école élémentaire voisine ou relativement proche. Chaque fois s'est imposé à nous le contraste, parfois saisissant, entre les deux établissements.

Entre le CM2 et la sixième, tous les jeunes Français sont amenés à modifier brusquement leurs habitudes de travail, à changer de cadre et surtout d'ambiance, à se retrouver tout à coup environnés de grands alors qu'ils n'avaient autour d'eux que des petits. Rupture importante dans une scolarité.

 

Mais ce qui frappe surtout, c'est que partout la salle du CM2 est accueillante, ornée et même surchargée d'objets, de tableaux, de dessins, de fleurs : elle donne une impression de confort, d'un lieu où il fait bon vivre et travailler. Même sensation pour l'ensemble de l'école, souvent agréablement disposée, toujours bien tenue.

 

Rien de semblable dans le collège et ses salles impersonnelles. Tables, chaises, y sont déplacés à volonté, souvent malmenées pendant les mouvements d'interclasse. La salle n'y est que rarement le lieu construit pour l'accueil d'une petite communauté : c'est beaucoup plus un local où des petits enfants trouvent et occupent des sièges et des bureaux répartis dans un ordre aléatoire. Le contraste n'est pas toujours aussi net.

 

Il y a certes des collèges relativement confortables et des écoles vétustes. Mais telle est bien l'impression générale qu'on retire de ces visites".

 

©  A. Chervel, La dictée, Calmann-Lévy, 1989, pp. 85-86

 


 

 

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