Il ne sera sans doute pas inutile de comparer ce texte à la Charte de l'École moderne (Pau 1968, c'est loin, et j'y étais), d'une rédaction très antérieure, et qui a cependant bien vieilli, je trouve. Et vous ?

 

 

[La Société Pédagogique Romande (SPR) est l'organisation professionnelle de la Suisse francophone (Suisse romande) qui représente les enseignants de ce que nous nommons l'école primaire. La SPR fut fondée en 1864 sous le nom de Société des Instituteurs Romands. Elle devint Société Pédagogique Romande en 1889, lorsque les institutrices furent statutairement admises comme membres de la société. Son organe de presse, L'Éducateur, a vu le jour en 1865. Dès le début de son activité, la SPR a mis au centre de ses préoccupations le bien des enfants, spécialement ceux des classes sociales défavorisées, la recherche des progrès en pédagogie, l'amélioration du statut et de la formation du corps enseignant. Un congrès est régulièrement organisé depuis 1866. Les rapports, édités à cette occasion, apportent des idées nouvelles qui ont souvent influencé l'évolution de l'école. Aujourd'hui La SPR compte actuellement 8000 membres. Elle regroupe les sept associations ou syndicats d'enseignants des sept cantons francophones (ou en partie francophone) de la Suisse romande. Elle est reconnue interlocutrice des autorités scolaires].

 

 

Avertissement

 

Lorsqu'à la fin du XIXe et au début du XXe siècle les membres de la SPR, au cours de leurs congrès retraçaient le portrait du maître idéal, définissant également ses droits et devoirs, ils ne songeaient pas à la rédaction d'une charte professionnelle, pourtant les principes énoncés auraient pu figurer en bonne place dans un véritable code d'éthique ou de déontologie.

En 1948, un projet de Charte des éducateurs fut présenté au Congrès de la FIAI (Fédération internationale des associations d'instituteurs) et publié dans le bulletin corporatif de la SPR. A la même époque, l'UNESCO inscrivait au nombre de ses préoccupations la rédaction d'une sorte de code des droits et devoirs pour les éducateurs du monde entier.

Un comité d'entente des fédérations internationales d'enseignants présentait en 1994 un nouveau texte pour la Charte des éducateurs dont s'inspirera l'UNESCO.

Malgré une publication dans l’Éducateur, le texte ne trouva aucun écho auprès des enseignants romands. Sans doute l'idée était-elle encore trop novatrice puisqu'il a fallu attendre le congrès de 1995 pour que la décision de rédiger un texte soit enfin prise.

Le code de déontologie de la SPR se réfère à deux textes essentiels : la Convention internationale relative aux droits de l'enfant et la Recommandation O.I.T.- UNESCO concernant la condition du personnel enseignant.

Cette Recommandation, adoptée par une conférence intergouvernementale spéciale en 1966 et reconnue par la plupart des gouvernements, offre à la profession enseignante une véritable Charte qui définit les droits et les devoirs des enseignants et les conditions leur permettant d'exercer leurs fonctions dans les meilleurs conditions possibles, en insistant notamment sur
- la durée du travail
- les effectifs de classe
- la sécurité de l'emploi
- les possibilités de perfectionnement offertes aux enseignants
- la reconnaissance des organisations d'enseignants qui négocient les traitement et les conditions travail et qui sont associées à l'élaboration de la politique scolaire.


Le masculin utilisé dans ce texte est purement grammatical et recouvre des termes génériques convenant aussi bien à des hommes qu'à des femmes.

 

 

Préambule

 

 

Le code de déontologie des enseignants membres de la SPR énonce des principes généraux. Il se fonde sur la Convention Internationale relative aux droits de l'enfant et sur la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant O.I.U.- UNESCO de 1966. Son rôle est de donner une base de référence commune. Chaque disposition doit être interprétée en tenant compte de l'ensemble du texte qui reste ouvert à la réflexion personnelle de chacun.


Comme professionnel de l'éducation, l'enseignant place l'intérêt de l'enfant au centre de ses préoccupations, afin de l'aider à devenir un citoyen autonome et solidaire, responsable de son avenir.


 

L'enseignant respecte les droits fondamentaux de l'enfant
Il favorise l'épanouissement de la personnalité de l'enfant.
Il met tout en œuvre pour un développement optimal de l'enfant.
Il contribue à la socialisation de l'enfant et à son intégration au sein de la classe ; il associe les élèves à l'élaboration des règles nécessaires à la vie commune.


Il est à l'écoute de l'enfant et des informations le concernant. Il l'assiste si son intégrité physique ou morale est menacée.
Il évite toute forme de discrimination.
Il se garde de tout fanatisme et prosélytisme.
Il pratique un esprit de tolérance et s'efforce de le communiquer à ses élèves.


L'enseignant agit en professionnel de l'éducation

 


Il fait preuve de conscience professionnelle en toute occasion.
Il se tient au courant de l'évolution des idées pédagogiques ; il veille à développer constamment ses connaissances et compétences.
Il respecte le devoir de réserve ou le secret de fonction lié à la profession.
Il manifeste curiosité intellectuelle et ouverture au monde.
Il sait se mettre en question ; il pratique son auto-évaluation.
Il soutient les options pédagogiques de son association professionnelle.
Il fait preuve de sens critique, d'autonomie, et sait prendre ses responsabilités.
Il recherche un avis ou une aide extérieure s'il se trouve en difficulté.
Il intervient auprès d'un collègue qui ne respecterait pas les règles d'éthique ou de tout autre membre des personnels de l'école qui nuirait aux intérêts de l'enfant. Il refuse la "loi du silence".
L'enseignant contribue à créer un esprit de collégialité au sein de son établissement.
Il travaille à la construction d'une collaboration avec les collègues et les autres intervenants de l'école.
Il participe à l'élaboration des règles de son établissement et contribue à les faire respecter.
Il tient compte avec objectivité des points de vue et des compétences de ses collègues.
Il respecte le travail de ses collègues et évite de rendre publiques d'éventuelles divergences.
Il participe à la défense des collègues injustement accusés.
Il soutient les collègues en difficulté ; il participe activement à la recherche de solutions.

 

L'enseignant collabore le plus étroitement possible avec les parents.
Il se garde de toute forme de discrimination en rapport avec la nationalité, l'appartenance ethnique, le niveau social, la religion, les opinions politiques, l'infirmité, la maladie.
Il seconde les parents dans leur tâche éducative.
Il est à l'écoute des parents et s'efforce de maintenir le dialogue.
Il expose clairement ses objectifs pédagogiques et sait au besoin les adapter aux situations particulières de l'enfant.
Il n'abuse pas du pouvoir que lui confère sa profession.

 


L'enseignant défend l'école publique en tant qu'institution démocratique.

 


Il s'efforce de donner une image objective de l'école.
Il contribue à la mise en valeur de la profession enseignante.
Il soutient l'élaboration et l'adoption de projets susceptibles d'amener une amélioration dans l'éducation.
Il s'efforce de corriger les inégalités de chances de réussite scolaire des élèves.
L'enseignant s'efforce de respecter le présent code de déontologie.

 

 

Adopté par l'Assemblée des délégués de la SPE, le 14 juin 1997.