Celui qui ne fait rien n'est pas loin de mal faire, dit un vieux proverbe.

 

Vous vous gendarmez parfois - et en vain - pour faire rester vos enfants tranquilles. N'avez-vous pas remarqué qu'ils ne sont jamais aussi calmes que lorsqu'ils sont absorbés par le travail.

Mais encore faut-il qu'ils puissent travailler.

Vous avez vos tiroirs et vos caisses à outils. Pourquoi vos enfants n'auraient-ils pas les leurs ? Sachez leur réserver des rayons ou un placard pour ranger livres, cahiers, fiches, boîtes de collections ; une petite table particulière, ou du moins un coin libre de la grande table, avec un éclairage normal, pour qu'ils puissent travailler le soir ; un petit atelier avec établi et outils au fond du corridor ou dans le grenier.

Vous n'aimez pas qu'on vous dérange quand vous lisez. Respectez vous-mêmes le travail de vos enfants : arrêtez votre radio, éloignez le petit frère, suspendez les inutiles discussions.

Faites mieux : aidez humainement vos enfants. Nous ne vous disons certes pas de faire leurs devoirs. Ils n'auront d'ailleurs plus de ces devoirs dont on a hâte de se débarrasser et qu'on ne fait que par crainte de la mauvaise note ou des punitions. Mais pour écrire leurs textes, pour conduire leurs enquêtes, pour préparer leurs conférences, pour aménager et classer leurs collections, pour accomplir leur plan de travail, ils seront normalement amenés à vous interroger, à demander peut-être votre aide et votre concours. Ne les leur refusez pas.

 

"Le travail est une prière" a chanté le poète. Aidez, facilitez, considérez, respectez le travail de vos enfants comme vous aimez qu'on respecte et que l'on considère votre propre travail. Ce faisant, vous nous aiderez à obtenir de vos élèves la discipline, l'ordre et le respect sans lesquels il ne saurait y avoir de véritable éducation.

 

C. Freinet, in Appel aux parents, BEM, 1970

 

 


 

 

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