La suppression des devoirs à la maison est, par essence, une mesure éminemment démocratique (du moins au niveau primaire). Elle ressemble, pour moi, à cette obligation qui nous était faite, de porter une blouse (grise), afin que nos vêtements ne pussent trahir nos origines sociales (encore que les chaussures, elles, ne pouvaient guère être dissimulées). Aujourd'hui, il n'y a plus de blouses, et les classes populaires gaspillent l'allocation de rentrée (et d'autres allocations) en vêtements Chevignon ou autres copies. Oh ! Le progrès !
Pendant ce temps, l'administration de l'Éducation nationale a été infoutue de faire appliquer ses propres circulaires - du moins les avait-elle promulguées, ce qui est incontestablement à verser à son crédit. Jusqu'au jour où une décision subreptice est venue supprimer le noble texte sur les Études dirigées, avec un jésuitisme qui force l'admiration - ou le mépris, à votre convenance. Du coup, on peut continuer à donner des devoirs à la maison. Ça n'est plus interdit, puisque les textes qui prohibaient cette pédagogie de classe ont été abrogés. Alors, qui ment, à ce sujet ? Certainement pas Claude Allègre, en dépit de tous les horions dont on l'a couvert.
On notera, pour la petite histoire, que "jadis" seuls le Président de la République et quelques Ministres avaient droit de signer de leurs prénom + nom en entier : la gauche a changé tout cela ; aujourd'hui, le dernier sous-fifre fait de même : quel progrès ! quelle avancée sociale !
Toujours pour la petite histoire, on notera également que "jadis", les textes officiels étaient complétés ; aujourd'hui, ils sont abrogés sans autre forme de procès, et tel texte, à l'honneur la veille, est foutu au rancart du jour au lendemain : oh quel progrès !
Bref, la Suppression des devoirs écrits à la maison : encore un serpent de mer.

 

 

 

A. 1912 - Circulaire (novembre 1912) - Académie de la Haute-Marne

 

R. P. 1913, 1, pp. 185-186

(l'Inspecteur d'Académie de la Haute-Marne)

Objet : suppression des devoirs écrits dans la famille.

L'inspecteur d'académie

 

Mes chers collaborateurs,

 

J'ai appelé déjà votre attention sur les devoirs écrits faits dans la famille. Je vous ai dit que l'utilité en était fort contestable, qu'ils risquaient, après une journée scolaire de six heures, de fatiguer l'enfant, que les conditions matérielles où ils sont la plupart du temps exécutés, pouvaient les rendre nuisibles à la santé de nos élèves ; et je vous ai recommandé de les donner très courts, si vous ne les supprimiez pas tout à fait.

J'estime, expériences faites, que leur suppression absolue s'impose.

Elle s'impose, pour les raisons que je viens de rappeler brièvement, dans l'intérêt des enfants, qui sont exposés, dès le cours préparatoire, à un surmenage anormal. Car ce n'est pas seulement les plus grands élèves qui ont à faire de ces devoirs : j'ai vu des bambins de six ans astreints à copier, le soir, des listes de mots, ou à chiffrer des opérations interminables, et dont les maîtres s'excusaient sur le désir des parents.

Elle s'impose, dans l'intérêt des études. Les enfants ne peuvent que travailler mal dans des conditions défectueuses. Ils y oublient les méthodes de l'école. Et l'éducation même n'est pas sans en être fâcheusement touchée. Il est impossible en effet que le maître contrôle toujours, et toujours sérieusement, les devoirs faits à la maison. L'enfant s'habitue alors à bâcler un travail, à qui le maître ne peut pas accorder l'attention nécessaire, et à se contenter d'une besogne matérielle et machinale, pourvu qu'elle ait une certaine correction extérieure.

Elle s'impose encore, cette suppression, dans l'intérêt des maîtres. Vous avez mieux à faire, pour votre santé et pour votre classe, que de “ mettre du rouge ” sur des cahiers. Réservez vos corrections aux travaux faits sous votre direction et votre surveillance. Et vous cesserez, par surcroît, d'être exposés à des plaintes et à des réclamations : des tâches sont parfois mal dosées, ou on trouve qu'elles le sont ; il arrive que l'on compare d'école à école, de commune à commune, les manières de faire différentes des maîtres... Pourquoi donc conserver cette routine des devoirs à la maison, qui n'a que des avantages très minces et très problématiques, pour des inconvénients assurés ?

Entendez bien, cependant, que je n'interdis pas toute occupation dans la famille après la classe du soir : il ne s'agit que des exercices écrits. Je verrais au contraire avec plaisir que vous donniez comme tâche à vos élèves, avec une leçon à apprendre, tantôt la préparation de la lecture du lendemain, dont ils vous rendraient compte, tantôt un petit dessin d'imagination dont vous leur auriez indiqué le thème, tantôt un travail manuel intéressant... Et vous satisferiez ainsi, sans dommage ni surcharge pour personne, et avec un profit éducatif réel, aux désirs des familles qui demandent qu'on occupe un peu leurs enfants après l'école.

Vous voudrez donc bien, sous bénéfice des observations précédentes, supprimer absolument les devoirs écrits dans la famille. Cette circulaire sera appliquée, sans exception, à partir du 1er janvier 1913.

[Org. : Revue pédagogique (1913, 1, pp. 185-186), avec l'introduction suivante : “Nous croyons intéressant de signaler une innovation de M. Blanguernon, inspecteur d'académie de la Haute-Marne, qui, estimant plus fâcheuse qu'utile la pratique des devoirs faits à la maison les a supprimés complètement, dans son département, depuis le 1er janvier dernier. M. Blanguernon a exposé les motifs de sa détermination dans la circulaire suivante, adressée aux inspecteurs primaires de la Haute-Marne”].

Texte emprunté au CD "Pédagogie de la lecture", CNDP, 1996

 

 

B. 1956 - Arrêté du 23 novembre

 

 

B.O.E.N. n° 42 du 29 novembre 1956

(Cabinet du Ministre, Affaires générales)

Objet : Modification des horaires dans les cours élémentaire, moyen et supérieur des Écoles primaires élémentaires.

Article premier. - Les horaires des cours élémentaire, moyen et supérieur des Écoles primaires élémentaires sont modifiés conformément aux dispositions du tableau annexé au présent arrêté.

Art. 2. - Ces horaires sont applicables immédiatement.

Art. 3. - Le Directeur général de l'Enseignement du Premier Degré est chargé de l'exécution du présent arrêté qui sera publié au Journal Officiel de la République française.

Signé : R. Billères

 

HORAIRES DES ÉCOLES PRIMAIRES ÉLÉMENTAIRES
Discipline Cours élémentaire Cours moyen et supérieur
Morale 1 h 1 h
Lecture et Langue française 10 h ½ 9 h
Écriture 1 h 0 h
Histoire et Géographie 1 h 1 h ½
Calcul 3 h ½ 5 h
Exercices d'observation 1 h 1 h ½
Dessin ou travail manuel 1 h 1 h
Chant 1 h 1 h
Devoirs 5 h 5 h
Plein air et éducation physique (1) 2 h ½ 2 h ½
Récréations 2 h ½ 2 h ½
Total 30 h 30 h
     
(1) Les séances d'Éducation Physique seront placées immédiatement avant ou après une récréation, afin de ne pas être trop écourtées par les changements de tenue.

 

 

C. 1956 - Circulaire du 29 décembre

 

Objet : Application de l'arrêté du 23 novembre 1956 relatif à la suppression des devoirs à la maison.

(B.O.E.N. n° 1 du 7 janvier 1956)

aux Recteurs (pour information) ; aux Inspecteurs d'Académie (pour exécution).

L'arrêté du 23 novembre 1956 (B.O. n° 42 du 29-11-56, p. 3005 ; 100-Pr-& II a, p. 9) aménage les horaires des cours élémentaires et moyens des écoles primaires de façon à dégager cinq heures par semaine pour la rédaction des devoirs.

 

I. SUPPRESSION DES DEVOIRS À LA MAISON OU EN ÉTUDE

 

Principes

Des études récentes sur les problèmes relatifs à l'efficacité du travail scolaire dans ses rapports avec la santé des enfants ont mis en évidence l'excès du travail écrit généralement exigé des élèves. En effet, le développement normal physiologique et intellectuel d'un enfant de moins de 11 ans s'accommode mal d'une journée de travail trop longue. Six heures de classe bien employées constituent un maximum au-delà duquel un supplément de travail soutenu ne peut qu'apporter une fatigue préjudiciable à la santé physique et à l'équilibre nerveux des enfants. Enfin, le travail écrit, fait hors de la classe, hors de la présence du maître et dans des conditions matérielles et psychologiques souvent mauvaises, ne présente qu'un intérêt éducatif limité.

En conséquence, aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif et les inspecteurs départementaux de l'enseignement du premier degré sont invités à veiller à son application stricte.

Elle ne doit entraîner ni la suppression pure et simple des devoirs, ni une détérioration de l'enseignement des disciplines principales. Elle doit par ailleurs être effective et contrôlable.

Les dispositions suivantes ont pour objet de répondre à cette triple obligation :

1° Des devoirs continueront à être donnés. Il convient de noter que le mot devoir doit être entendu dans sa définition courante. Le "devoir" se distingue de "l'exercice" en ce que, tandis que celui-ci permet de s'assurer sur-le-champ si une leçon a été comprise, celui-là permet, en outre, de mesurer l'acquis de l'élève et de contrôler ses qualités de réflexion, d'imagination et de jugement. Il exige de l'enfant un effort personnel et soutenu, une mise en forme et "au propre" utiles à sa formation - à celle de son esprit comme à celle de son caractère : il ne saurait être question de le priver des bénéfices qu'il peut en retirer. La longueur du devoir sera évidemment réglée selon le temps dont l'élève disposera pour le faire, recopie soignée comprise.

2° Dès maintenant, les devoirs portent essentiellement sur les disciplines principales. Il continuera à en être ainsi et si une petite partie du temps réservé sera employée à l'exécution de croquis géographiques, de dessins relatifs aux leçons d'observation, de lignes d'écriture, etc., la part de beaucoup la plus importante sera réservée à l'étude du français et du calcul. Ces disciplines conserveront ainsi et renforceront encore leur position dominante dans l'enseignement primaire élémentaire.

3° Ces devoirs, qu'on ne fera plus hors de la classe, c'est pendant la classe qu'ils seront faits. Dans quelles conditions et à quels moments ? Il est évident tout d'abord qu'un régime différent sera institué s'il s'agit de classes homogènes ou bien de classes à plusieurs cours. Dans celles-ci l'obligation où se trouve le maître d'occuper une division pendant que son attention s'attache à une autre a pour conséquence d'ouvrir au travail écrit des possibilités et du temps qui rendent facile l'exécution des devoirs.

Dans les classes homogènes où chaque minute a pour chaque élève son emploi, il fallait trouver ces possibilités et ce temps. Les horaires ont été à cette fin allégés et redistribués. Les heures disponibles ainsi obtenues, il m'est apparu qu'il convenait de les répartir de manière, d'une part, à ne pas rompre le déroulement de la classe, et d'autre part, à marquer leur caractère propre de telle sorte que l'élève ait le sentiment d'être appelé à un effort personnel et autonome, d'accomplir un devoir au sens plein et traditionnel du mot. C'est pour satisfaire cette double exigence que chaque séance d'une demi-journée comportera à un moment qui pourra varier selon les nécessités de l'emploi du temps, mais qui aura sa place marquée dans l'horaire, une demi-heure consacrée à l'élaboration des devoirs sous le contrôle actif et vigilant du maître.

4° Ces devoirs, que l'on fait désormais en classe, seront corrigés en classe. Cela ne dispense pas le maître de reprendre après la classe les cahiers des élèves pour noter les exercices et s'assurer qu'il n'a pas commis d'erreurs dans ses corrections. Mais on ne saurait trop insister sur les bénéfices que retire l'enfant d'un contrôle qu'il est appelé à faire lui-même de son propre travail. Quant au maître, si au cours de l'élaboration son intervention, sans cesser d'être active, doit rester discrète, la correction lui permettra de savoir si ses leçons ont porté, si les notions ont été assimilées, si les règles ont été comprises. La correction d'un devoir, pour être éducative, doit suivre immédiatement son exécution. Le temps affermit les acquisitions de l'esprit, les mauvaises comme les bonnes, et il faut éviter l'enracinement des erreurs.

Ces dispositions sont d'ailleurs conformes aux prescriptions de l'arrêté organique de 1887 qui disait : "La correction des devoirs et la récitation des leçons ont lieu pendant les heures de classe auxquelles se rapportent ces devoirs et ces leçons. Dans la règle, les devoirs sont corrigés au tableau noir en même temps que se fait la visite des cahiers" (Il est fait exception cependant pour la rédaction dont la correction, demandant plus d'attention et de soin de la part du maître, sera faite en dehors de la classe).

Cahier de devoirs : Il est indispensable de réunir dans un même cahier - le cahier de devoirs du jour - les exercices écrits de la journée. Ce cahier, une fois terminé, sera communiqué aux familles, qui seront ainsi tenues au courant du travail de leur enfant, de ses progrès, de ses faiblesses.

 

II. LES NOUVEAUX HORAIRES

 

Il ne semble pas que la réduction de certains horaires puisse créer des difficultés insolubles. La morale (¼ d'heure), le dessin ou le travail manuel (½ heure), le chant (¼ d'heure) ont des programmes qui peuvent s'inscrire sans peine dans les nouveaux horaires.

En histoire et en géographie, l'horaire est réduit d'une demi-heure. Si l'on veut bien suivre les conseils de modération par lesquels débutent les programmes et que reprennent les instructions, si l'on veut bien, comme on y est expressément invité, faire un choix entre les faits à étudier, non seulement l'enseignement de l'histoire et de la géographie ne souffrira pas de la réduction des horaires, mais peut-être y gagnera-t-il en simplicité et, par là-même, en intérêt et en efficacité.

Les exercices d'observation sont réduits d'une demi-heure au cours moyen. On n'oubliera pas que le programme, à ce cours, débute par une remarque importante : "N. B. : le maître ne se croira pas tenu de traiter toutes les questions mentionnées ci-après. Quelques observations bien conduites valent mieux que l'examen superficiel de nombreux faits". Les maîtres, en attendant une refonte et un allégement des programmes d'histoire, de géographie et de sciences d'observation, voudront bien s'inspirer de ces sages conseils.

L'enseignement ne perdra rien à cet allégement. N'oublions pas, au surplus, la latitude laissée au maître de prendre un peu de temps sur les cinq heures réservées en principe aux devoirs pour l'exécution des croquis géographiques ou scientifiques. La réduction effective de l'horaire, aussi bien en histoire et géographie qu'en sciences, n'atteindra donc pas la demi-heure.

Reste l'écriture, dont on regrettera peut-être la disparition à l'horaire du cours moyen. Mais il est possible de rectifier et de perfectionner la calligraphie des enfants pendant les heures consacrées aux devoirs : faire un problème par écrit, par exemple, ce n'est pas seulement résoudre une difficulté arithmétique, ce n'est pas seulement rédiger en bon français une solution correcte, c'est aussi écrire proprement, bien disposer opérations et solution. Et puis, il n'est pas interdit de faire copier, pendant l'heure de devoirs, la maxime par laquelle s'est résumée la leçon de morale du jour, et d'exiger pour cette copie une calligraphie parfaite.

Au total, il est permis d'espérer que les nouveaux horaires, en dégageant chaque semaine 5 heures pour la rédaction des devoirs, vont accroître très sensiblement l'efficacité de l'enseignement du français et du calcul dans les deux cours où doivent se prendre les habitudes de bien lire, bien écrire et bien compter, où doivent s'inscrire profondément et sûrement dans l'esprit de nos petits élèves les notions fondamentales nécessaires à toute culture extérieure.

Libérés des devoirs du soir, les enfants de 7 à 11 ans pourront consacrer plus aisément le temps nécessaire à l'étude des leçons, étude qu'il conviendra de borner selon l'âge de nos élèves, à la mémorisation de très courts résumés ou de quelques vers de la récitation, à la lecture d'une demi-page ou d'une page.

 

III. LES ÉTUDES DU SOIR

 

Reste le cas des élèves qui fréquentent les études du soir.

Les études du soir, rappelons-le, si elles n'ont rien d'obligatoire, correspondent en bien des milieux à une nécessité sociale. Travail extérieur de la mère, conditions médiocres de logement, autant de justifications du maintien et du développement des études. Il n'est pas jusqu'à l'introduction au foyer familial des signes nouveaux du progrès (radio, télévision), qui pour de tout autres raisons, ne plaide en leur faveur.

Mais, exonérées de l'exécution des devoirs, les études sont-elles destinées à devenir de simples garderies ? S'y résigner serait, malgré leur rôle social, les condamner à brève échéance. Il faut donc qu'elles conservent leur fonction éducative et que, sans être indispensable à l'instruction des enfants, le temps que ceux-ci y passeront ne soit pas, et même ne semble pas être du temps perdu.

Vue sous cet angle, que sera donc l'étude du soir ? Elle aura pour objet essentiel l'étude des leçons. Le maître surveillant s'assurera que le texte de la leçon est compris. Au besoin des interrogations orales rapides, des interrogations par procédé La Martinière précéderont et appelleront les explications nécessaires.

C'est à ces occupations que sera employée la première partie de l'étude du soir. Le reste en sera consacré soit à des occupations individuelles, soit à des occupations collectives.

En ce qui concerne les premières, nous n'en voyons guère de plus profitable que la lecture d'un livre de la bibliothèque, d'un livre récréatif et attrayant, capable d'intéresser des enfants tout en contribuant à leur éducation. La littérature enfantine, tant française qu'étrangère, offre un choix plus que suffisant d'ouvrages de cette sorte. Ainsi sera encouragé chez les élèves le goût de la lecture, goût qu'ils auront des chances de conserver.

Je ne verrais qu'avantages à ce que de temps en temps un élève soit invité à raconter à ses camarades le livre qu'il vient de lire. Ce serait un excellent exercice d'élocution.

Un effort nouveau sera fait pour enrichir les bibliothèques existantes et pour en créer partout où il n'en existe pas encore.

On peut recommander également, et cette énumération n'a qu'une valeur indicative, les travaux à l'aiguille, le tricot, la broderie pour les filles ; les jeux de meccano, le bricol-bois, la linogravure pour les garçons ; en un mot, toutes les activités susceptibles de contribuer au développement de l'habileté manuelle, de l'attention, du goût et de la réflexion.

L'étude du soir peut également être utilisée pour des activités collectives, que l'équipement sans cesse amélioré des écoles permet maintenant de réaliser : projection de films, audition de disques, le cas échéant même, quand les programmes d'émission le permettent, radio et télévision, utilisées à l'école avec discernement en vue de la formation morale et intellectuelle des enfants.

Certains maîtres estimeront peut-être souhaitable d'organiser une chorale avec leurs élèves. L'étude du soir leur offre maintenant le temps qui leur manquait.

Enfin, la coopérative scolaire peut fournir de nombreuses occupations utiles et récréatives : collections diverses (herbier, insectes, roches), choix de gravures pour la décoration de la classe, etc. L'énumération n'est pas limitative. Connaissant l'ingéniosité des maîtres, nous sommes convaincus qu'ils sauront mettre à profit le temps qui leur est donné pour élargir leur activité, développer le sens moral, social et civique de l'enfant et trouver le moyen de les distraire en les éduquant, dans une discipline d'autant plus aisée que les enfants seront davantage occupés et intéressés.

En tout état de cause, dans le cadre de ces instructions, la plus large initiative est laissée à MM. les Inspecteurs d'Académie qui, dès réception de la présente circulaire, inviteront le comité technique paritaire départemental à étudier, dans le cadre des règles établies par les présentes instructions, l'organisation et le contenu des études du soir, dont ils établiront ensuite le règlement. Ainsi comprises, ces études contribueront à faire aimer l'école, à la rendre pour les enfants plus vivante et plus aimable.

Pour le Ministre et par autorisation :

Le Directeur général de l'Enseignement du Premier degré,

A. Beslais

 

 

D. 1958 - Circulaire du 28 janvier

 

Objet : Application de l'arrêté du 23 novembre 1956 relatif à la suppression des devoirs à la maison.

(B.O.E.N. n° 6 du 6 février 1958 - Premier Degré, 2e Bureau)

aux Recteurs (pour information) ; aux Inspecteurs d'Académie (pour exécution).

Par arrêté du 23 novembre 1956 (B. O. n° 42 du 29-11-56, p. 3005 ; 100-Pr-& II a, p. 9), il a été procédé à un aménagement des horaires des cours élémentaires et moyens des écoles primaires, de façon à dégager cinq heures par semaine pour la rédaction des devoirs, et par circulaire du 29 décembre 1956 B. O. n° 1 du 3-1-57, p. 63 ; 100-Pr-& II/b 2, p. 119), les mesures d'application de ce texte ont été portées à votre connaissance, notamment en ce qui concerne la suppression des devoirs à la maison ou en étude.

Je vous prie de vouloir bien rappeler à tous les instituteurs de votre département le caractère impératif des prescriptions de ma circulaire du 29 décembre 1956 et prier MM. les Inspecteurs primaires de veiller à son exacte application.

Pour le Ministre et par autorisation :

Le Directeur général de l'Enseignement du Premier degré,

A. Beslais

 

 

E. 1962 - Circulaire du 14 mai

 

Objet : Instructions réglant l'emploi du cahier de devoirs mensuels dans les classes élémentaires (cours moyen 1e et 2e années).

(B.O.. n° 20 du 31 mai 1962 - Personnel, bureau P 7)

aux Recteurs ; aux Inspecteurs d'Académie.

À consulter éventuellement ici

 

 

F. 1964 - Circulaire n° 64-496 du 17 décembre

 

Objet : Interdiction des devoirs à la maison pour les élèves des classes primaires.

(B.O.E.N. n° 1 du 7 janvier 1965 - Premier Degré, 2e Bureau)

Texte adressé aux Recteurs ; aux Inspecteurs d'académie et aux Chefs d'établissements.

Mon attention a été appelée sur le travail des élèves à la maison ou en étude, d'une part dans les cours élémentaires et moyens, d'autre part au cours préparatoire.

L’arrêté du 23 novembre 1956 et la circulaire du 29 décembre 1956 ont précisé qu'aux cours élémentaires et moyens les devoirs doivent être faits dans l'horaire normal de classe et non plus à la maison ou en étude.

Le silence de ces textes en ce qui concerne le cours préparatoire où cette question ne semblait pouvoir se poser y a encouragé la pratique des devoirs à la maison qui venaient précisément d'être supprimés dans les classes supérieures.

Je tiens à préciser que l'interdiction formelle de donner des travaux écrits à exécuter hors de la classe s'applique également aux élèves des cours préparatoires et vise, d'une façon plus générale, l'ensemble des élèves de l'école primaire.

Le Ministre de l'Éducation nationale,


Ch. Fouchet

 

 

G. 1971 - Circulaire n° 71-38 du 28 janvier

 

Objet : Interdiction, dans l'enseignement élémentaire, des devoirs écrits à faire à la maison ou en étude.

(B.O.E.N. n° 5 du 4 février 1971 - Établissements d'enseignement élémentaire et secondaire : Bureau D.E.S.C.O. 2)

aux Recteurs, aux Inspecteurs d'Académie, aux Inspecteurs départementaux de l'Éducation nationale.

La circulaire du 29 décembre 1956 publiée en application de l'arrêté du 23 novembre 1956 relatif à la suppression des devoirs du soir rédigés à la maison ou en étude, a fait l'objet de rappels successifs et sans ambiguïté.

Je tiens à préciser que l'arrêté du 7 août 1969 aménageant la semaine scolaire, et sa circulaire d'application du 2 septembre 1969 ne modifient pas, sur ce point, l'arrêté et la circulaire de 1956 : il reste interdit, dans l'enseignement élémentaire, de donner des travaux écrits à exécuter à la maison ou en étude. Les raisons sur lesquelles se fondait cette interdiction dans les textes de 1956 gardent aujourd'hui toute leur valeur. Il est bien entendu que les devoirs ne sont pas pour autant supprimés, car il n'est pas de pédagogie sans contrôle ni d'acquisition de connaissances qui n'exige des applications écrites ; mais c'est en classe qu'ils doivent être rédigés et corrigés, non en étude ou à la maison.

À l'exclusion des devoirs écrits, il ne manque pas de tâches et d'activités : leçons à apprendre, lecture, étude de quelques mots nouveaux, petites enquêtes, etc., auxquelles les élèves peuvent, après la classe de l'après-midi, se livrer avec profit.

Là où existent des études du soir, ces activités seront, selon les cas, individuelles ou collectives. Quels que soient leurs modalités et leur objet, elles doivent rester éducative [sic] et contribuer au plein épanouissement de l'enfant.

Pour le Ministre et par délégation :

Le Directeur délégué aux enseignements élémentaire et secondaire,

H. Gauthier [† fin octobre 2009 à l’âge de 92 ans]

 

 

H. 1986 - Circulaire n° 86-083 du 25 février

 

Objet : les études à l'école, au collège, au lycée : un élément important de la pédagogie de la réussite

(B.O.E.N. n°10 du 13 mars 1986 - Éducation nationale : DEGS)

Texte adressé aux recteurs, aux inspecteurs d'académie.

La réussite des élèves dépend en large partie de leur capacité à organiser leur travail personnel et à en maîtriser les méthodes. Aussi convient-il d'apporter la plus grande attention au développement de cette capacité dans le cadre des cours comme dans celui des activités qui les prolongent.

Les études répondent à cet objectif, en contribuant à mettre en œuvre une pédagogie de la réussite, notamment pour les enfants dont l'environnement éducatif ne réunit pas les conditions les plus favorables.

Dès la présente année scolaire, des études devront être mises en place partout où les possibilités existent. II conviendra de les développer de façon substantielle à partir de la rentrée prochaine.

La présente circulaire a pour but d'indiquer les diverses formes que peuvent prendre les études à l'école, au collège et au lycée et de préciser leurs modalités d'organisation.

 

 

I. - DES POSSIBILITÉS DIVERSES : ÉTUDES SURVEILLÉES, ÉTUDES DIRIGÉES

 

Outre les apports méthodologiques dans le cadre des enseignements, les séances d'initiation ou d'entraînement au travail en centre de documentation, conduites par le documentaliste et l'assistance que les enseignants fournissent selon des modalités diverses, l'aide au travail des élèves peut prendre la forme d'études surveillées ou dirigées.

Les études surveillées remplissent d'abord un rôle d'accueil. Elles permettent d'assurer l'encadrement des élèves.

À cette fonction, les études dirigées ajoutent un soutien didactique (remise à niveau disciplinaire), une aide méthodologique (exercices d'entraînement, organisation du travail, acquisition de méthodes, utilisation d'outils documentaires) et une stimulation psychologique (goût du travail autonome).

L'efficacité des études dirigées suppose une étroite liaison avec les activités d'enseignement et une concertation entre les enseignants et ceux qui assument la responsabilité de ces études.

Les solutions retenues doivent être adaptées au niveau de la scolarité et aux problèmes rencontrés. Un même élève peut suivre des études dirigées puis, les méthodes de travail acquises, des études surveillées.

 

 

II. LES ÉTUDES AU COLLÈGE ET AU LYCÉE

 

Des études surveillées pourront être organisées dans les lycées comme dans les collèges, soit à l'initiative des établissements sur les moyens dont ils disposent (maîtres d'internat - surveillants d'externat, jeunes accomplissant des travaux d'utilité collective), soit à l'initiative des collectivités territoriales dans le cadre des activités complémentaires prévues à l'article 26 de la loi du 22 juillet 1963 modifiée et de la circulaire interministérielle du 8 août 1985.

Cependant, une priorité sera accordée aux études dirigées qui devront faire l'objet de programmes bien définis. Il appartient donc aux établissements d'étudier les besoins existants, de fixer les priorités relatives aux niveaux d'enseignement et aux élèves concernés, d'établir un programme (contenu ; taille des groupes ; durée et périodicité des cycles). Ce programme, qui prolongera les activités d'enseignement, sera soumis par le chef d'établissement au conseil d'administration, pour accord, en application de l'article 16, alinéa 1 a du décret n° 85-924 du 30 août 1985. En fin d'année, un bilan des actions réalisées sera présenté à ce conseil par le chef d'établissement.

 

A) LES ÉTUDES DIRIGÉES AU COLLÈGE

 

Les études dirigées seront étroitement liées aux enseignements qu'elles prolongent et consolident. Pour prendre en compte de manière cohérente, rigoureuse et durable les difficultés spécifiques de chaque élève et combler leurs lacunes particulières, elles ne pourront être confiées qu'aux professeurs et aux documentalistes. Par ailleurs, les conseillers principaux d'éducation et les conseillers d'éducation, responsables de l'organisation des études, pourront participer à leur fonctionnement.

Exceptionnellement, les collèges pourront faire appel à des intervenants extérieurs, si les possibilités offertes par les enseignants s'avéraient insuffisantes. Ces personnels devront avoir un niveau de formation au moins équivalent au premier cycle d'études universitaires. Cette exigence sera précisée dans la convention passée entre le représentant de la collectivité territoriale et le chef d'établissement.

Trois possibilités d'organisation s'offrent aux collèges :

1. Dans le cadre des moyens fournis par l'État

L'organisation de ces activités relève de la responsabilité des établissements. Le projet établi par le chef d'établissement dans le cadre de ses compétences doit recevoir l'accord du conseil d'administration.

Pour tenir compte de leur spécificité, une heure et demie d'études dirigées équivaudra à une heure de cours dans le calcul des heures de service des professeurs.

2. Dans le cadre des PAE.

Dès la présente année scolaire, dans le cadre des moyens existants, une priorité sera donnée aux projets d'actions éducatives de type II lorsqu'ils comporteront un volet d'études dirigées, cohérent avec les autres activités du projet.

Ces projets devront respecter la méthodologie générale des PAE. Ils seront soumis à l'avis du conseil d'administration.

Si une collaboration s'instaure avec les collectivités territoriales, celles-ci pourront éventuellement apporter des moyens supplémentaires dans le cadre des procédures de cofinancement propres aux PAE.

Les études organisées dans le cadre des PAE pourront faire l'objet d'une rémunération en heures à taux spécifique, conformément aux procédures des PAE et à la réglementation en vigueur qui précise les catégories de personnels pouvant en bénéficier.

3. Dans le cadre des activités complémentaires organisées par les collectivités territoriales.

Enfin, les collectivités territoriales pourront compléter les efforts des établissements dans le cadre des possibilités qui leur sont ouvertes par l'article 26 de la loi du 22 juillet 1983 modifiée et par la circulaire interministérielle du 8 août 1985.

Le tarif de l'heure à taux spécifique constituera une référence pour les rémunérations des personnels.

 

B) LES ÉTUDES DIRIGÉES AU LYCÉE

 

Pour conduire 80 % de chaque classe d'âge au niveau du baccalauréat, c'est dès la seconde qu'il faut, dans le prolongement de l'action entreprise au collège, aider les élèves à perfectionner leurs méthodes de travail personnel. Tel est l'objectif prioritaire des études dirigées au lycée.

1. Le dispositif général

Les études dirigées seront organisées sous forme de cycles caractérisés par la référence à une ou deux disciplines (français et mathématiques notamment). Elles bénéficieront essentiellement aux élèves de seconde ou de première année de préparation au BEP proposés par le conseil de classe.

L'inscription de l'élève proposé aux études dirigées est facultative mais elle rend obligatoire la participation à l'ensemble des séances prévues.

Les études s'effectueront en groupes réduits d'une dizaine d'élèves. Les cycles seront d'une durée suffisante pour permettre des résultats significatifs.

La coordination entre les enseignements et ces activités est une condition de l'efficacité de celles-ci.

2. Les moyens

Deux possibilités s'offrent aux lycées :

a) L'organisation d'études dirigées à l'initiative des établissements pourra s'inscrire dans le cadre des projets d'actions éducatives (volet "études dirigées" des PAE de type Il) dès lors qu'elles s'intégreront à la cohérence de l'ensemble du projet. Deux catégories de moyens pourront être utilisées :

Des aides complémentaires de l'État (heures à taux spécifique pour les enseignants). dès cette année scolaire, dans le cadre des moyens existants, une priorité a été donnée aux projets d'actions éducatives comportant des études dirigées ;

Des moyens que les collectivités locales désireuses de s'associer à cet effort pourraient y consacrer.

b) Les collectivités locales peuvent en outre prendre elles-mêmes l'initiative d'organiser des études, dans le cadre des activités complémentaires prévues par l'article 26 de la loi du 22 juillet 1983 modifiée. Dans ce cas, une convention, sur laquelle le chef d'établissement sollicitera l'accord du conseil d'administration, doit être passée entre l'établissement et la collectivité locale, après accord du chef d'établissement et du conseil d'administration.

3. L'encadrement

Au lycée, l'importance de l'aspect disciplinaire rend concevable, si la disponibilité des enseignants était insuffisante, que des intervenants extérieurs encadrent des études dirigées, dès lors qu'ils ont reçu une solide formation universitaire et qu'ils sont ouverts au travail collectif avec les enseignants. Ils auront à assurer des rattrapages ponctuels et à faire acquérir des habitudes de travail.

L'encadrement sera donc assuré :

Soit, dans le cadre des PAE, par des professeurs, des documentalistes, des maîtres d'internat-surveillants d'externat, qui pourront bénéficier à ce titre d'heures à taux spécifique, conformément à la réglementation en vigueur ;

soit, si les études sont prises en charge par des collectivités territoriales, par des enseignants de l'établissement ou par des personnes appartenant ou non à l'Éducation nationale et ayant atteint un niveau de formation au moins équivalent au premier cycle d'études universitaires.

Outre la qualité de l'enseignement et l'individualisation de l'action pédagogique, l'efficacité de notre système éducatif repose sur l'aptitude des élèves au travail personnel.

Pour ceux qui ont le plus de difficultés à acquérir et à maîtriser cette capacité, les études doivent jouer un rôle essentiel. Elles contribueront à multiplier les chances de réussite.

Les directeurs d'école et chefs d'établissement consacreront une réunion du conseil d'école ou d'administration à l'élaboration d'un programme cohérent d'études pour chaque année scolaire et prendront toutes les initiatives qu'ils jugeront nécessaires pour mettre en œuvre les orientations de la présente circulaire.

Enfin, une action d'information sera engagée auprès des associations de parents d'élèves et des familles, ainsi qu'auprès des élus, dont l'action peut amplifier celle de l'État dans le cadre des nouvelles responsabilités confiées aux collectivités territoriales par les lois de décentralisation.

 

 

I. 1994 - Circulaire n° 94-226 du 6 septembre

 

Objet : Organisation des études dirigées à l'école élémentaire

(B.O.E.N. n° 33 du 15 septembre 1994 - Éducation nationale : DE C2)

Texte adressé aux recteurs d'académie, au directeur de l'académie de Paris, et aux inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux de l'Éducation nationale.

Dans les écoles élémentaires, des études dirigées, d'une durée quotidienne de trente minutes, sont mises en place, dans chaque classe, pendant le temps scolaire, à la suite des séquences d'enseignement proprement dites et avant le début des activités péri-scolaires éventuelles.

Elles ne remettent donc pas en cause les activités organisées dans le cadre des contrats d'aménagement du temps de l'enfant (CATE) ou des contrats de ville, ni les activités auxquelles les élèves pourraient participer en dehors du temps scolaire à la demande des familles, dans le cadre des études surveillées organisées par les municipalités ou les associations de parents d'élèves et de l'accompagnement scolaire assuré par le milieu associatif.

Le conseil des maîtres définira en début d'année scolaire, pour chaque école, la date à laquelle les études dirigées devront se mettre en place, en tout état de cause au cours des premières semaines.

À titre transitoire pour l'année scolaire 1994-1995, la mise en application effective de cette mesure devra intervenir pour le 1er janvier 1995 au plus tard et, dans l'attente de la mise en place prochaine de nouveaux programmes et de nouveaux horaires d'enseignement, les maîtres veilleront à maintenir l'équilibre entre les disciplines, les études dirigées ne devant conduire à négliger ou privilégier aucune matière.

Organisées et conduites par le maître, pour tous les élèves de sa classe, elles renforcent les activités d'enseignement et favorisent l'apprentissage du travail personnel. Elles contribuent à apporter à chaque élève l'aide personnalisée dont il a besoin, permettant ainsi de prévenir les risques d'échec et de réduire les difficultés provenant des inégalités des situations familiales. S'adressant à tous les élèves, elles ne doivent pas se confondre avec les activités de soutien en faveur des élèves en difficulté.

Il s'agit essentiellement de s'assurer avec précision, dans un temps différé, de l'assimilation des notions et connaissances ayant fait l'objet d'un apprentissage lors de séquences qui se sont déroulées soit dans la journée même, soit dans la semaine, soit même antérieurement. En effet, les acquis ne sont réels que lorsque les élèves sont capables de les réinvestir non seulement dans des situations analogues à celles de l'apprentissage, mais encore dans des situations différentes. C'est le but des devoirs proposés lors des études dirigées. Ils se distinguent des exercices écrits et oraux d'application réalisés à la suite d'une séquence d'enseignement, qui sont destinés à vérifier sur le champ la bonne compréhension de la leçon.

Les études dirigées constituent un temps privilégié d'apprentissage du travail autonome. Les maîtres aident les élèves à intégrer diverses méthodes et à les utiliser à bon escient.

Elles permettent en outre d'apprécier les acquis des élèves, de vérifier leurs capacités d'attention, de mémorisation, d'organisation et de réflexion. Elles tiennent donc une place particulière dans l'observation du travail des élèves.

Pour atteindre ces objectifs, tout au long de la scolarité, selon les cycles et en fonction des exigences des programmes, on veillera notamment, à ce que l'élève sache :

- Lire des textes de nature différente ;
- Lire un énoncé et réaliser un exercice ;
- Rechercher un document ;
- Rédiger un texte court ;
- Réaliser et présenter une petite enquête ;
- Repérer ses erreurs et chercher à les rectifier ;
- Présenter avec soin le travail écrit ;
- Apprendre une leçon en distinguant les différentes formes de mémorisation.

Progressivement, au cycle 3, on s'attachera également à ce que l'élève commence à acquérir les méthodes de travail propres au collège : organiser ses idées, organiser les étapes de son travail, faire un tableau, tenir et utiliser un cahier de textes...

En règle générale simples et courtes, les activités pratiquées lors des études dirigées présentent d'autant plus d'intérêt pour les élèves qu'elles ne reprennent pas à l'identique les exercices déjà effectués. Elles ne doivent constituer ni un apprentissage initial, ni une séquence d'évaluation systématique, ni une étude surveillée. Elles doivent offrir aux élèves une palette de propositions les amenant à fournir un travail personnel qu'ils apprendront à présenter et à expliciter. Au cycle 3, et particulièrement en CM2, elles peuvent être consacrées périodiquement à un travail de plus grande ampleur. Pour ce faire, le maître pourra parfois modifier la répartition hebdomadaire du temps consacré aux études dirigées.

Dans ces conditions, les élèves n'ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire. À la sortie de l'école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou des leçons à apprendre.

Un bilan spécifique annuel de l'organisation et des effets des études dirigées sera effectué dans le cadre de l'évaluation du projet d'école.

Les circulaires du 29 décembre 1956, du 28 janvier 1958 et du 28 janvier 1971 sont abrogées, ainsi que la circulaire n° 86-083 du 25 février 1986 relative aux études à l'école, au collège et au lycée, pour ce qui concerne l'école élémentaire.

Marcel Duhamel

Directeur des Écoles

 

 

J. 1995 - Lettre ministérielle (direction des écoles) n° 579 du 7 juin

 

Objet : Mise en place des études dirigées

Texte adressé aux recteurs ; au directeur de l'académie de Paris ; aux inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux de l'Éducation nationale.

Les études dirigées dans les écoles élémentaires ont fait l'objet de la circulaire n° 94-226 du 6 septembre 1994 qui en précise les conditions de mise en place, les horaires et l'organisation.

Les horaires et programmes pour l'école primaire, définis par deux arrêtés en date du 22 février 1995, font état de deux heures par semaine réservées aux études dirigées.

Une enquête récente auprès d'un certain nombre de départements a permis d'établir un premier bilan. D'une manière générale la mesure a été accueillie avec intérêt par les enseignants, principalement ceux du cycle des approfondissements, tout particulièrement lorsqu'un travail de réflexion l'a accompagnée.

En effet, des travaux ont été conduits dans de nombreux départements et circonscriptions visant à expliciter les objectifs et les modalités de mise en place des études dirigées. Vous trouverez en annexe 1 une synthèse des éléments qui me paraissent pouvoir faciliter et enrichir la réflexion engagée sur le terrain de manière à apporter des réponses diversifiées aux différents problèmes qui se posent en fonction de contextes particuliers (zone d'éducation prioritaire, zones sensibles, rurales, écoles à classe unique, classes à plusieurs niveaux…).

Il conviendra de s'interroger au sein de chaque école sur la manière d'assurer une progression cohérente des actions et des contenus des études dirigées, du CP au CM2, car leurs modalités de mise en œuvre doivent prendre en compte l'âge des élèves et leurs acquis méthodologiques.

Cette démarche de continuité doit permettre aux élèves d'acquérir progressivement, et donc de maîtriser au CM2, les méthodes de travail personnel nécessaires dans la perspectives de l'entrée en 6ème. Dans cette logique, la suppression des devoirs à la maison, à l'école élémentaire, trouve sa pleine justification.

Il est par ailleurs nécessaire de développer la concertation avec les partenaires territoriaux et associatifs, organisateurs des études surveillées, ainsi qu'une information auprès des familles.

Il s'agira, en renforçant les modalités du dialogue ainsi instauré avec les familles, d'expliquer le rôle des études dirigées. À cet effet des instruments de liaison pourront être mis à la disposition des parents, de manière à leur permettre d'avoir un regard sur le travail des enfants durant cette activité.

Enfin il y aura lieu de rappeler le rôle et la place des études dirigées par rapport aux études surveillées. Ces dernières ne sont pas supprimées car elles correspondent à un rôle de garde et d'accompagnement scolaire. Elles peuvent alors utilement s'inscrire dans le prolongement des études dirigées, et en complémentarité avec celles-ci.

[…] Je souhaite que ces éléments facilitent le travail engagé dans votre département et vous remercie de l'attention que vous voudrez bien apporter à l'enquête jointe.

Le directeur des Écoles,

Marcel Duhamel

 

 

ANNEXE 1

 


Les études dirigées : une aide pour favoriser le travail personnel
Activités de l'élève Rôle du maître

intégrer diverses méthodes de travail et apprendre à les utiliser à bon escient,

apprendre à travailler de manière autonome, gérer son temps et son espace de travail ; préparer le travail du lendemain, le planifier,

apprendre à organiser son travail seul, avec d'autres, du travail individuel au travail à deux, en groupe ou collectif,

faire des recherches documentaires,

apprendre à présenter un travail avec soin, en vue d'une restitution à la classe,

apprendre à lire des consignes,

exercer sa mémoire,

apprendre une leçon en distinguant les différentes formes de mémorisation, en imaginant les questions qui pourraient être posées sur la leçon,

permettre le transfert des connaissances, c'est-à-dire : la possibilité d'utiliser à bon escient un savoir ou un savoir-faire dans un autre contexte que celui où il a été appris,

réaliser un contrat, un plan de travail,

utiliser un outil comme référent ou comme instrument : méthode de travail, gestion du cahier de textes, du carnet de correspondance, pratique de dictionnaires différents (cycle 3),

coopérer et s'entraider entre élèves, être à l'écoute des difficultés de l'autre,

une approche de l'auto-évaluation

faciliter une réflexion de l'élève sur son propre travail,

apprendre à gérer ses erreurs en prenant en compte ses savoirs antérieurs,

un renforcement des activités d'enseignement

diversifier et développer des types de lecture en fonction de textes (lecture sélective, intégrale, résumée),

rédiger un exercice,

apprendre une leçon.

offrir aux élèves une palette de propositions pour fournir un travail personnel,

faire le point sur les façons de faire,

poursuivre un objectif déjà visé en classe, mais abordé de manière différente, proposer d'autres méthodes de travail, aider à les intégrer et à les utiliser à bon escient,

faire prendre en compte le temps moyen passé pour chacun des travaux proposés,

organiser un tableau du travail de la semaine pour servir d'indicateur sur la répartition du temps de travail et de loisir,

vérifier la compréhension d'un énoncé,

vérifier le travail réalisé,

vérifier la capacité d'attention, de mémorisation, d'organisation, de réflexion,

amener les enfants à réinvestir notions et connaissances dans des situations analogues ou différentes,

aider à la bonne utilisation d'un outil,

observer le travail des élèves, et les difficultés rencontrées pour transférer les compétences acquises dans un nouveau contexte, pour en tenir compte dans les activités d'apprentissage,

apprécier leurs acquis,

faire le point sur les résultats notamment pour déterminer le contenu des études suivantes,

s'assurer en temps différé de l'assimilation des notions et connaissances ayant fait l'objet d'un apprentissage,

proposer des séquences supplémentaires pour faire assimiler notions et connaissances.

Ce qui n'est pas du domaine des études dirigées

des exercices d'application réalisés à la suite d'une séquence d'enseignement,

un entraînement à des exercices systématiques,

un moment consacré à telle ou telle discipline parfois négligée,

des activités de soutien en faveur des enfants en difficulté,

la reprise à l'identique des exercices déjà effectués,

une séquence d'apprentissage initial,

des séquences d'évaluation systématique,

un moment de temps libre.

 

 

 

Pour finir : lettre d'un connaisseur

 

Les devoirs du soir : raison garder

 

"La question des 'devoirs du soir' à l'école élémentaire est périodiquement posée en termes polémiques. Et si elle se trouve aujourd'hui bétonnée par quatre ministres, cela ne dispense pas de poursuivre le débat, en n'oubliant pas que l'Éducation nationale a, à deux reprises en 1956 et 1971, formellement interdit les devoirs écrits hors de l'école. Le syndrome de l'échec massif, bien que battu en brèche par de nombreux rapports, est à l'origine de ce regain des devoirs du soir qui, finalement, donne mauvaise conscience à tout . Du côté associatif, on prétend répondre aux exigences de l'école. Du côté de l'école, à celles des parents. Du côté des parents, à celles de l'économie.

Comment raison garder dans cette ambiance tendue ? En admettant une bonne fois pour toutes que six heures de travail scolaire suffisent à remplir la journée d'un enfant ; qu'à l'issue de cette journée, l'enfant est fatigué, même s'il est agité, ceci confirmant cela ; que s'il n'a pas bien compris quelque chose en classe, le 'plus de la même chose' n'y peut rien dans l'immédiat, sauf à susciter l'énervement de l'adulte ; que l'accueil associatif est une excellente chose ; que cet accueil reste à inventer afin qu'il soit un accompagnement scolaire plutôt qu'un rabâchage formel coupé des apprentissages vécus à l'école. Si cet accompagnement s'adresse à des enfants qui fonctionnent bien, il leur procure le plaisir de réussir ce qu'ils savent déjà faire. Ce n'est pas nocif..."

 

M. Bellard, Inspecteur de l'Éducation nationale, Saint-Brieuc. in Ouest-France du 20 octobre 1992