Le 10 mai 1977 (quatre années, jour pour jour, avant le triomphe électoral de la Gauche), le ministre Robert Boulin (dont on connaît, par ailleurs, le destin tragique et aujourd'hui encore très controversé) brandit au cours d'une émission une page de l'Humanité, consacrée au chiffrage par le P. C. du programme commun.

Il déclara :

 

"Les signataires du programme commun prévoient, tenez-vous bien, 450 milliards de dépenses supplémentaires pour financer le programme commun. Ce chiffre sera atteint grâce à 298 milliards de mesures nouvelles et 149 milliards sur les ressources budgétaires obtenues grâce à des économies réalisées en particulier par la "lutte contre le gaspillage matériel et financier... Le programme commun est un programme-bidon et parfaitement inflationniste".

 

L'ineffable Georges Marchais, l'ancien travailleur volontaire en Allemagne, devait d'ailleurs s'en prendre aux divers commentateurs qui avaient analysé les "propositions chiffrées" du P. C. : "on ne sait plus, déclara-t-il, s'il faut attribuer leur mauvaise lecture de notre document à un excès de fébrilité ou, plus simplement, à leur inexpérience en matière économique". Pour ce qui est de l'expérience dans le domaine économique (comme dans beaucoup d'autres), le cher Georges se posait, c'est vrai, un peu là...

 

Quelques jours plus tard, au cours du fameux débat qui l'opposait au Premier ministre Raymond Barre, Mitterrand ne fut guère moins convaincu, à défaut d'être convaincant.

 

Quel fut le résultat des courses ?

 

En dépit de l'aplomb du gros Mauroy, le rougeaud de Lille, déclarant imperturbablement que tous les clignotants étaient au vert, le gouvernement de la Gauche, pas encore plurielle, procéda à plusieurs fortes dévaluations, fit appel aux emprunts internationaux, dut faire face à un incroyable accroissement du chômage, imposa le blocage des prix et des salaires (et un strict contrôle des changes), enregistra un déficit commercial record. Après l'avertissement du Fonds monétaire international (et ceux des Delors et Cie, qui criaient casse-cou depuis longtemps), le troisième gouvernement Mauroy, au début mars 1983, dut introduire une politique de rigueur, procéder à une nouvelle dévaluation, casser l'échelle mobile des prix et des salaires (Ah ! Si la Droite s'était risquée à un pareil geste !)...

 

Qui donc avait raison, dès 1977 ?