Il est sans doute légitime de penser que Marcel Bigeard est une vieille ganache - on nous l'a tant seriné ! - ayant perdu la mémoire (les crevettes de Bigeard), et qu'il ferait mieux de la fermer : c'est d'ailleurs ce que pourrait lui suggérer son passé de longue appartenance à la Grande Muette.
Et cependant, on ne peut pas ne pas infiniment respecter un homme qui a demandé que ses cendres, au moment venu, soient répandues dans la cuvette de Diên Biên Phu, afin qu'elles séjournent pour l'éternité au milieu des restes de tous les combattants ayant péri dans cette épouvantable empoignade - le mot est faible.
On ne peut pas, non plus, oublier l'intégrité et le désintéressement d'un Ministre ayant demandé à quitter son portefeuille, lorsqu'il estima achevée la mission qui lui avait été confiée.
Enfin, nombre de ses amères réflexions devraient trouver quelque écho chez nous…
Cet extrait est délivré sous la rubrique "Nous l'avons tant aimé" car il résume assez bien ce qu'on peut penser du règne mitterrandien - exactement ce qu'en pensait un Jean-Marie Domenach, avec d'autres mots…...

 

 

Aujourd'hui, en jetant un regard en arrière sur celte première partie de l'après-guerre, celle qui correspond, pour résumer, à la Libération, la reconstruction, les deux guerres de décolonisation et le retour de De Gaulle au pouvoir en 58, quel sentiment me semble dominer l'histoire, puisqu'on peut déjà parler d'histoire ?

Le sentiment d'une France qui savait encore se battre. D'une France, comme je l'ai dit, où l'effort était le maître mot de la réussite et qui restait consciente qu'on ne fait rien de grand sans force morale. La force morale qui est tout à la fois l'essence du combat et la première valeur qui devrait guider notre quotidien.

Voilà pourquoi, avant d'aller plus loin, j'aimerais rendre hommage à des combattants de l'ombre, mais aussi aux rares femmes de Diên Biên Phu, comme Geneviève de Galard, qui ont participé très largement à l'histoire de France de la deuxième moitié du xxe siècle.

Parmi les quelques femmes présentes dans la cuvette, Geneviève de Galard, "l'ange de Diên Biên Phu", passée à la postérité depuis longtemps, a été vraiment courageuse. Elle a été un soutien moral, bien sûr, un soutien psychologique extrêmement important pour ces hommes qui voyaient leurs camarades mourir les uns après les autres.

Nullement préparée à ces combats, elle ne l'était pas davantage pour aider les blessés à aller vers la mort. Sa présence à nos côtés dans les camps retranchés, durant six semaines, lui a permis d'être pénétrée par les souffrances qu'elle a pu y voir et de continuer à les perpétuer, aujourd'hui encore, dans les mémoires. Elle donne des conférences à travers la France entière et m'a fait l'honneur de venir me rendre visite à Toul, lors d'une de ses tournées.

La deuxième partie de l'après-guerre se distingue, pour moi, par l'expansion économique foudroyante en parallèle avec l'apparition de la société de consommation. Puis Mai 68, qui entraîne la rupture de la hiérarchie des valeurs, suivie de l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981 et de Jacques Chirac en 1995.

Quatorze ans de Mitterrand, dix ans de Chirac ! Un quart de siècle où le déclin s'est emballé !

Au cours de ces années-là, j'ai vraiment compris que ma France était en train de "ficher le camp" et que je risquais, de plus en plus, d'apparaître comme un dinosaure, un homme d'une espèce préhistorique comme on n'en fait plus.

Peut-être ne suis-je plus en phase avec cette époque, à moins que ce ne soit elle qui ne corresponde plus à l'idée que je me suis toujours faite de la vie et de la dignité de l'homme.

L'expansion économique, qui s'accélère à partir des années cinquante, marque un changement radical de société, aussi radical qu'a pu l'être l'apparition de l'électricité, de l'eau courante ou du téléphone. Changement radical parce qu'il apporte une prospérité, un confort matériel dont, enfant, dans ma ville de Lorraine, je ne pouvais même pas rêver.

Mais il y le revers de la médaille. Avec ce développement économique à marche forcée, qui a vraiment fait entrer la France dans le XXe siècle, apparaissent des symptômes inquiétants.

L'individualisme, le règne du fric, le profit à toute force, le chacun pour soi, une société où seuls les loisirs comptent et détournent beaucoup d'entre nous, les jeunes notamment, des valeurs d'effort et de combat.

Une société qui se contente d'être matérialiste, d'où l'esprit est absent, et qui donne comme but suprême à nos concitoyens l'accumulation de biens de toutes sortes. C'est ce que l'on appelle la société de consommation.

Dans ma jeunesse, à Toul, dans les années trente, l'achat était un acte réfléchi, pensé, souvent même exceptionnel. Les marchandises ne s'étalaient pas aux devantures des magasins, offertes à la vue de tous dans l'unique but de les tenter, les provoquer.

Les commerces, beaucoup moins nombreux qu'aujourd'hui, étaient modestes, très loin du clinquant actuel. Et ce que l'on venait y chercher, il fallait en quelque sorte le mériter, dans des magasins qui, de nos jours, passeraient pour des musées dignes d'être jetés aux oubliettes.

Je repense à ces papeteries, par exemple, dont l'odeur mêlée d'encre et de papier me poursuit encore. Sombre, en désordre, peut-être, mais où le patron connaissait parfaitement l'emplacement de la moindre gomme, du moindre crayon.

Que sont devenues les merceries que fréquentait ma mère ? Des merceries ! En trouve-t-on encore beaucoup aujourd'hui ? J'en doute. Pour le moindre bobinot de fil, il faut aller dans des grands magasins où on vous vend un lot de six bobines de couleurs différentes, dont vous n'avez pas besoin !

Ceux qui n'ont pas connu l'avant-guerre ne peuvent pas se faire une idée du choc qu'a représenté, pour des hommes de ma génération, le développement de ces commerces en tous genres, l'apparition des hypermarchés, où l'on trouve tout et en toute saison. L'expression choisie pour définir cette évolution, "société de consommation", est vraiment adéquate.

Seulement notre société y a perdu une partie de son âme et on a parfois l'impression que l'acte de vie le plus important, pour beaucoup de nos contemporains, c'est l'acte d'achat.

Aujourd'hui la sortie du week-end n'est plus le pique-nique en famille au bord de la rivière ou en forêt, ou la visite chez la grand-mère. Non, c'est plutôt la razzia à l'hypermarché bâti à la sortie de la ville dans un immense complexe de gros commerces et de fast-foods.

Ce n'est pas ce qu'on m'a enseigné, ce n'est pas dans ces valeurs-là que j'ai été élevé.

Ce bouleversement social, sans précédent, a provoqué un contrecoup: Mai 68. À en croire les jeunes leaders étudiants, on allait changer de société, jeter à bas tout ce saint-frusquin "petit-bourgeois".

Et on a vu ce qu'on a vu. Des illuminés, loin des réalités, coupés du pays dont les préoccupations étaient encore celles du travail pour profiter dans sa courte vie de la récompense méritée de ses efforts.

J'étais loin de France en 68. Mais je n'allais pas tarder à constater les ravages causés dans les esprits par ce printemps où cette "révolte" étudiante d'un nouveau genre allait transformer les esprits pour accéder, soi-disant, à toutes les prétendues libertés; liberté de ne rien faire, liberté de ne plus respecter la République et ses représentants, à commencer par ceux chargés du maintien de l'ordre.

Or, sans discipline, sans ordre, il n'y a plus de démocratie possible, donc plus de liberté !

C'est avec Mai 68 que, pour la première fois, des idées de subversion ont pu s'infiltrer dans la société avec une absence de réaction quasi totale de la part de cette même société qui paraissait tétanisée, assommée !

Les gauchistes prétendaient avoir le monopole de la liberté, de l'avenir, de la jeunesse et de l'intelligence. Ils jouissaient du prestige un peu romantique de tous les révoltés. Alors peu à peu, mais rapidement tout de même, un consensus mou s'est installé dans la société française. Pas touche à 68 ! Ce mois de mai est devenu un peu comme la Grande Guerre, ou comme la Résistance. Une référence obligée, qu'on ne peut contester sans passer pour un vieux réactionnaire, pour un "fasciste", pour employer l'insulte la plus prisée à cette époque.

Mai 68, la France en crève encore. Surtout depuis 1981, depuis l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand. C'est à ce moment-là que les quelques "résistants", bien faibles d'ailleurs, que notre société avait réussi à sauver, contre l'esprit de mai 68, ont baissé les bras et ont abandonné la bataille, donc abandonné la France.

1981 a pris la relève de Mai 68 pour l'installer comme la seule pensée officielle, bénéficiant de l'autorité du pouvoir. Mais quand on réfléchit un peu, on s'aperçoit que la plupart des meneurs de l'époque sont revenus en masse au conformisme social le plus traditionnel, ne rêvant que d'influence, de pouvoir, d'argent et de plaisir sans effort. Voilà le véritable héritage de 1968, quand on le passe au crible de l'observation et de l'expérience du temps.

Et même après les deux septennats de François Mitterrand, l'empreinte était profonde. Et Jacques Chirac n'est pas homme à lutter contre ce raz de marée des mentalités. Depuis sa première élection à la présidence de la République, il aura même plutôt contribué, par son immobilisme, à ancrer encore plus durablement et profondément cet état d'esprit dans la tête de nombreux Français, de plus en plus désemparés. [pp. 51-54]

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Autres citations :

"Adieu ma France... Tu n'es plus celle que j'ai connue, le pays du respect des valeurs, de l'hymne et du drapeau, le pays de la fierté d'être français. Adieu ma France des trafics en tous genres, du chômage, de l'islamisme, de la polygamie, du laxisme, de la permissivité, de la famille décomposée... Adieu ma France réduite à l'état d'urgence, ma France déconstruite, en guerre avec elle-même. Je veux, néanmoins, demeurer optimiste et croire en ton sursaut. Mais qui te sauvera ?"

Constitution européenne : "Ce texte, j'ai voté contre, parce qu'à mes yeux il ne répond pas à l'attente des citoyens de l'Union européenne. Je revois Chirac et Schröder, se tenant la main, se congratulant d'être les leaders de l'Europe. Or la France et l'Allemagne étaient malades. L'association de deux malades n'a jamais donné la santé !"

Turquie : "Pour moi, la Turquie est le prochain enjeu majeur de l'islamisme. La Turquie est une puissance en partie européenne, qui souhaite s'intégrer très rapidement à la construction politique qui lie vingt cinq États du Vieux Continent.
La Turquie, le rêve inespéré de tout islamiste. À contaminer de toute urgence ! Les grandes manœuvres ont d'ailleurs déjà commencé. On le sait, le parti au pouvoir à Ankara se définit comme " islamiste modéré ". Je ne vois pas très bien en quoi consiste un islamisme qui serait "modéré", mais enfin passons.
La Turquie, c'est le cheval de Troie du fondamentalisme pour tenir l'Europe sous sa coupe, pour faire peser sur notre continent une épée de Damoclès tellement efficace que les Européens préféreront une assimilation, lente et sournoise, à un combat qui ne semble plus à leur hauteur. Voilà pourquoi je m'oppose résolument, totalement, absolument à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne et même à l'ouverture de négociations allant dans ce sens.
Parlons en, des "négociations" !
J'aimerais que l'on m'explique comment "négocier" avec un pays qui se refuse à reconnaître officiellement l'un des États membres de l'organisation dans laquelle il aspire à entrer. Je veux parler de Chypre, bien évidemment. Comment négocier avec un État qui se refuse tout aussi obstinément à reconnaître ses responsabilités dans le génocide qui décima les Arméniens en 1915 ? Et comment négocier avec un pays qui, le plus officiellement du monde, déclare qu'il entend rejeter l'héritage laïc d'Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, pour lui substituer une constitution fondamentaliste ? Quand on me dit que la Turquie est "mûre" pour rejoindre l'Europe, cela me fait bondir.
L'Europe, je le crains, paiera très cher son aveuglement. Il est temps, grand temps d'arrêter de jouer avec le feu. Et plus largement, prenons toutes les mesures d'urgence pour arrêter ce cancer de l'islamisme qui gangrène le monde
".

Islamisme : "Oui c'est sérieux ! Très sérieux même, car le voile n'est qu'une étape, la première, pour imposer à la France, comme à tous les pays occidentaux, des conceptions qui sont radicalement étrangères à notre identité, à notre histoire et à notre culture.
On commence par le voile puis on risque de finir par accepter que certaines femmes adultères soient lapidées. À ce rythme on tolérera un jour la polygamie et, pourquoi pas, l'excision ! Eh bien, je prends le pari qu'en France, d'ici quelques années, les idolâtres du politiquement correct feront passer pour un acte de racisme insupportable le fait de refuser à des musulmans français ou vivant en France de s'adresser à des tribunaux religieux, appliquant un droit à la fois moyenâgeux et inhumain
".

Immigration : "Si un immigré a, bien entendu, des droits, il a aussi des devoirs et l'immigré qui ne veut pas s'intégrer à la culture de son pays d'accueil ne fait que scier la branche sur laquelle, pourtant, il veut s'asseoir. Je reviens sur ma consternation le soir du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002, lorsque j'ai vu une cohorte de jeunes des banlieues, issus de l'immigration maghrébine, brandir et agiter fièrement, place de la République, devant le couple Chirac, des drapeaux algérien et marocain.
Je reviens sur cet événement car cette image, en quelque sorte, résume tout. L'oubli du patriotisme et la disparition de l'identité française. Le danger que fait peser sur l'avenir de notre pays le refus de s'intégrer de millions d'immigrés, ou de leur progéniture. La perte de prestige moral d'une fonction dont le titulaire devrait pourtant être au dessus de tout soupçon. Et aussi, bien sûr, la confusion des valeurs dans un pays qui va à vau l'eau, que plus rien ne structure de manière cohérente, qui semble ne plus avoir d'avenir en tant que nation.
Je reviens également sur l'ascendant que prend, chaque jour un peu plus, l'islam dans notre pays, mais surtout l'islamisme. Qui aurait pu prévoir cela dans ma jeunesse ? Qui aurait imaginé le bouleversement de notre nation ? La nation est, pour moi, une idée essentielle, fondatrice dans la vie en commun d'un pays. On bâtit un État à partir d'un sentiment national, partagé par les habitants du pays considéré
".

Terrorisme islamiste : "Arrêtons-nous encore sur le problème du terrorisme islamiste. L'Europe, l'Europe des 25, croit être une forteresse imprenable, tellement bien défendue qu'aucun danger ne peut la menacer. Elle est fière de sa puissance économique, de sa richesse, du niveau de vie de ses habitants, de ses institutions politiques, des démocraties qui fonctionnent plutôt bien, même si évidemment beaucoup de choses sont perfectibles.
Eh bien l'Europe, ce colosse aux pieds d'argile, ce "tigre de papier" comme diraient les Chinois, se trompe. Elle est en guerre, déjà, mais elle ne veut pas le voir, elle ne veut pas le savoir. Elle se croit protégée, prémunie contre toute attaque et refuse de se confronter à la réalité des faits.
Or cette réalité, c'est qu'elle est encerclée, infiltrée. Une guerre sournoise de subversion souterraine s'insinue un peu plus chaque jour. Pour ne pas en être conscient, il faudrait être aveugle ou stupide. Faut il rappeler le nombre de réseaux islamistes qui trouvent en Europe des bases arrière accueillantes et complaisantes ? J'en ai déjà parlé dans certains chapitres précédents. Et si j'aborde à nouveau ce thème en fin de livre, c'est pour bien insister sur l'ampleur de ce danger car j'ai souvent l'impression que les Français ne veulent pas y prêter attention. Un peu la politique de l'autruche : on ne veut pas regarder en face, la menace qui plane
".

Repentance : "La France est la risée du monde entier. Et parmi nos attitudes, pour le moins discutables, parmi les nombreuses "repentances", comme on jargonne aujourd'hui, la plus récente vaut le détour.
C'était à Madagascar, un pays que je connais bien pour y avoir vécu lorsque je commandais les forces françaises de l'océan Indien. En visite officielle dans ce pays, en juillet 2005, Chirac a présenté les excuses de la France pour la répression musclée de l'insurrection de 1947, répression que je me refuse à qualifier de "massacres". Cela donnait, dans le texte : "Il faut évoquer les pages sombres de notre histoire commune et avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial".
Mais pourquoi aller se coucher comme ça, alors que tout le monde sait qu'il s'agissait d'une autre époque ? Pourquoi éprouver le besoin de se repentir, quand les autres ne le font pas, quand les autres, de plus, ne l'exigent pas et comprennent mieux la situation que nous ne la comprenons nous mêmes ?
La réponse du président malgache Ravalomanana en est la meilleure preuve : "C'est du passé. Je suis né en 1949, et non en 1947. Je pense à l'avenir. Ce n'est pas une source de blocage pour travailler ensemble". (...)
".

Réagir : "Alors, la France est elle prête à l'affrontement ?
J'ai bien peur que non. Et cela pour plusieurs raisons. La toute première, c'est que la France n'est plus une société homogène et structurée. Le corps social du pays n'est plus sain. Qu'est ce qu'un corps social sain ? Une population qui sait conserver la mémoire du passé et des combats collectifs qui ont été menés. Ce n'est plus le cas de notre pays. La transmission ne se fait plus et les commémorations les plus solennelles font plutôt rire qu'autre chose.
Qu'il s'agisse de la fête nationale, le 14 Juillet, ou du souvenir des deux guerres mondiales, le 11 novembre et le 8 mai, de la guerre d'Indochine, ou de celle d'Algérie, de moins en moins de Français se sentent concernés.
Je souhaite vivre encore dans une société française fière de ses racines et de sa spécificité. Et ce n'est pas une question de couleur de peau. C'est une question d'état d'esprit, d'attitude. Aujourd'hui, défendre l'identité française vous fait souvent suspecter d'être un suppôt du Front national, ce qui n'est absolument pas le cas en ce qui me concerne. J'ai du respect pour un Le Pen, tout comme pour Arlette Laguillier parce que tous deux sont adeptes de ma devise "Être et durer" !
La seule protection réellement efficace qui vaille, c'est de sortir la France de son inertie, de sa surdité et de son aveuglement.
Je ne cesse de l'écrire tout au long de ces pages, la France est entrée dans un processus de déliquescence. J'ai l'impression tenace que, si le cours des choses ne change pas radicalement, le pays va à sa perte. Qu'il est en voie de désagrégation et que ce n'est pas son identité seule qui est menacée, mais bel et bien jusqu'à son existence. Et je le répète, sans craindre de lasser le lecteur, la France va traverser une crise très profonde, à la fois politique, économique et surtout, morale.
C'est donc à un réarmement moral du pays que je veux appeler en rédigeant ces pages, afin de conjurer la menace qui risque de nous engloutir corps et biens. Je pourrais, sur les affaires, rédiger des livres entiers. Mais en résumé, que faut il retenir de ce constat ? Tout simplement que, pour sortir la France de sa torpeur, l'une des toutes premières conditions est de restaurer la morale publique dans le pays.
Morale publique sans laquelle rien ne peut être fait de durable, car les Français n'ont plus confiance dans les hommes qui les gouvernent actuellement. Ils les prennent pour des margoulins et croient que ces responsables politiques pensent d'abord à eux, avant de se soucier du bien commun et du sort de leurs concitoyens.
Nos dirigeants doivent être des gens propres, irréprochables, ce ne sera qu'à cette seule condition qu'on pourra au moins les écouter et les prendre au sérieux.
La démission est allée trop loin, dans tous les domaines, pour que la France n'ait pas besoin d'un choc salvateur, susceptible de lui permettre de retrouver sa vraie vocation
".

 

 

 

© Marcel Bigeard, Adieu, ma France, Éditions du Rocher, 2006, 253 p, - Extraits pour l'essentiel tirés du chapitre : La France depuis 1945

 

[Le général Marcel Bigeard est mort vendredi 18 juin (tout un symbole !) 2010, à Toul, à 94 ans. Il avait commencé sa carrière en tant que simple soldat, en 1936, et l'a terminée avec le grade de général de corps d'armée, en 1976]

 

 

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