Ou : Histoire d'un chantage

 

Jean-Hedern Hallier, certes, traîne un passé relativement sulfureux, mais aussi un statut de victime des "oreilles du Président". Fut-il le premier déçu du mitterrandisme ? C'est possible, mais cela ne suffit pas à mettre bas son témoignage à charge contre celui qui, selon l'expression de Jean-Marie Domenach (une conscience irréprochable, lui) : "a laissé la France dans un état de corruption et de déchéance morale qui m'inquiète beaucoup". L'ouvrage dont on va lire un court extrait a-t-il été rédigé, pour l'essentiel, dès 1982, comme l'affirme l'auteur ? Là encore, seuls les destinataires privilégiés de bonnes feuilles pourraient témoigner. La question, en tous cas, est secondaire. Le texte, soutenu par un art de l'écriture remarquable (Hallier, tout de même, était écrivain !), accumule les preuves en fouillant dans les détails les plus anodins (les évasions mitterrandiennes). Publié aux Éditions du Rocher en 1996, cet ouvrage de 190 pages constitue un réquisitoire qui se doit d'être lu. Mais il est, naturellement, devenu introuvable.

 

 

De quel bout qu'on prenne François Mitterrand, par la vie privée ou par la vie publique, par son passé contestable ou par l'échec incontestable de sa politique, on en revient toujours à la république du chantage. C'était une autre raison pour évoquer Mazarine que de la dénoncer en ses rouages invisibles : elle ne m'aurait pas suffi s'il n'y avait eu toutes les autres, que je viens d'énumérer. Sans doute ont-elles suffi, elles, à Françoise Giroud, mais pour pratiquer le chantage avec l'art consommé qu'on lui connaît des allusions, qui font frémir les seuls intéressés.

Ah, la maligne ! Elle avait beau susurrer fielleusement à Mitterrand comme à tous les autres : "Mon affection pour vous...", ce dernier continuait de faire la sourde oreille. Aucun appel du talon haut de cette opportuniste, ayant réussi d'extrême justesse son dernier retournement électoral de ragondin, ne pouvait venir à bout des réticences du prince. En mal de décorations, elle voulait effacer à tout prix son cuisant souvenir : qu'on eût démasqué jadis sa fausse médaille de la Résistance, pour des actions d'éclat tout aussi imaginaires que celles que le président s'est prêtées lui-même.

Ainsi ourdit-elle l'opération Mazarine. Elle se fit en deux temps. Avant son film, le Bon Plaisir, avec un navet du même nom, un roman à clé pour boniches, où, nul n'étant mieux servi que par soi-même, elle se décora du titre de grand écrivain sur ses placards publicitaires. Depuis quand ? Passons... Elle avait assez d'entregent pour paraître chez un grand éditeur. Pourquoi pas Gallimard, Grasset ou Flammarion ? Pourquoi un petit éditeur ? Parce qu'il portait le nom de la fillette : éditions Mazarine.

Son chantage se faisant graduellement, c'était le premier avertissement. D'autant que le livre racontait précisément l'histoire de l'enfant non reconnu d'un président de la République. Quel enfant, même s'il se travestissait ici en petit garçon ? Quel président, même s'il restait indéterminé ?

Du coup, de trente personnes au courant, il y en eut trois cents. Avec les bavardages, il y en eut trois mille. Après le film, il doit bien y avoir trente mille personnes à renifler qu'il n'y a pas de fumée sans feu... Par la faute de Françoise Giroud, les consignes de sécurité de la conservation d'un secret ont été, au sein de la société secrète, transgressées. Ainsi la première maille du manteau d'arlequin a-t-elle filé, entraînant le reste. Dès lors, j'étais en droit de dénoncer les scandales. Comment un homme de gauche, Marin Karmitz, a-t-il eu les moyens financiers de le produire ? De quelle aide a-t-il bénéficié ? Comment a-t-on pu autoriser une partie de son tournage à l'Élysée ? Dès que Mitterrand, comprenant qu'il ne s'agissait pas d'une opération à blanc, entendit la balle siffler à ses oreilles, il se hâta de lui remettre sa décoration, à la maîtresse chanteuse, les Arts et Lettres. Ah, les tricheurs ! C'était à en pleurer de rire, à l'Élysée. Deux visages liftés, face à face, solennels, se haïssant, échangeant des compliments mielleux. Si le Président avait pu l'étrangler, la Giroud, avec le cordon de l'ordre, il l'aurait fait ! Vous rendez-vous compte du spectacle ! Mieux que du Chaplin, ou du Mel Brooks, les véritables sketches de l'inconscient des êtres ! Comme il l'a décorée au titre des Arts et Lettres, ce devait être sûrement pour l'ensemble de son œuvre. À commencer par sa nouvelle "Désirée", sa première œuvrette parue dans le journal de Berlin en français de la Propagandstaffel de Goebbels, entre un discours de Hitler et un reportage sur la jeunesse aryenne à l'entraînement. Ah, la désirée ! L'indésirable venait de crocheter la République.

Puis vint le film. Comment l'empêcher ? Il n'y avait plus rien à faire. L'opération était inadmissible, mais Mitterrand n'y pouvait plus rien. Il accorda même en grinçant de ses dents limées toutes les autorisations de tournage. Personne ne s'y est trompé dans le petit milieu. L'écriture de l'homme politique, en prégénérique, demandant à Catherine Deneuve, alias Anne, de se faire avorter, contrefaisait à s'y méprendre celle de Mitterrand. Je le sais, pour avoir reçu de lui une quinzaine de missives, couvertes de ses lettres rondes marquant l'extrême dissimulation. Quelle dégueulasserie de la part de Giroud que de mettre dans la tête de Mazarine que son père ne l'a pas souhaitée ! Le moins qu'on puisse dire...

Pauvre fillette, écartelée entre les enfants qui se moquent d'elle parce qu'elle prétend être la fille du président de la République, et l'inévitable révélation tardive de son rejet paternel. La métaphysique du néant de Mitterrand, l'avortement remboursé par la Sécurité sociale... Ah ! si, au moins, Anne et François s'étaient rencontrés neuf ans plus tard, ils auraient pu aller au stage officiel organisé par la préfecture de Loire-Atlantique, sous l'égide d'Yvette Roudy. Payés par la formation permanente, ils auraient docilement suivi l'enseignement sur le "droit des parents responsables", en bons Français : comment se donner du "bon plaisir" sans risque d'avoir un enfant.

Il n'y aurait pas eu, non plus, cette affaire Giroud. Jean-Louis Trintignant jouait à merveille le rôle de Mitterrand, la même raideur engoncée, la même démarche étriquée, et ce port de tête faussement altier. Il y a même la douleur au dos - le fameux cancer, qui devient ici la conséquence d'une inversion de chaussures à talonnette.

Mille séquences rappellent la réalité, pour qui la connaît. Comme celle de l'enfant jouant dans le jardin d'un mystérieux château sous la protection des gendarmes. Il s'agit de celui de Souzy-la-Briche, où s'ébattait Mazarine, sous celle des hommes du GIGN. Quant aux scènes de ménage de la femme du Président, elles ressemblent singulièrement à celles qu'il arrive à Danielle d'avoir avec son mari. Misérables clés, pour enfoncer des portes désormais béantes !

Reste le dénouement. La fameuse lettre, exigeant de la mère de l'enfant qu'elle se fasse avorter, est en possession d'un personnage que joue remarquablement Michel Auclair - le directeur d'une lettre confidentielle. Avant de se tuer, parce que son petit ami vient de se faire descendre sur instruction du ministre de l'Intérieur, il veut faire éditer cette lettre par désespoir et vengeance. La camionnette qui emmène les exemplaires est saisie à la sortie de l'imprimerie. Comme ce livre ne sortira pas. Et comme on va bien me retrouver un de ces jours avec une balle dans la tête.

Toute similitude avec les personnages ne pourrait être que pure coïncidence. Dieu merci ! Il ne saurait y avoir de symétrie entre toutes ces situations : Michel Auclair ne joue pas plus mon rôle que je ne songe à me substituer à Mitterrand pour tenir à mon tour son propre rôle. Certes, pour créer il faut se mettre à la place de quelqu'un, mais c'est tout au contraire de la comédie, où il faut imiter. De Béatrice à Mazarine, il n'y avait qu'un pas à franchir pour que le cercle de famille s'élargît.

Il y aurait bien d'autres choses à raconter sur ce Mitterrand, mais il fallait tout de même qu'après qu'il eut écrit sur mon autre fille, celle qui a toujours été reconnue, "Ariane, merveilleux personnage, vivra toujours dans la littérature" (le Nouvel Observateur, octobre 1974), je lui en fusse un peu reconnaissant. Passe-moi le séné, tu auras la rhubarbe. Dix ans après, je m'y résigne par nos filles interposées, tendres émissaires batifolants dans les prairies du non-dit. C'est Baudelaire qui nous l'enseigne toujours :

 


La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.


(Correspondances)

Ainsi ce livre n'aurait plus fait une, mais deux heureuses, puisque j'autorise Mitterrand à prendre la phrase que voici en bande de son prochain livre : Puisse Mazarine, merveilleuse petite brunette, retrouver sa légitimité grâce à la littérature.

Tout le reste n'est que littérature.

D'autant que j'ai retenu ma plume. Des dossiers de police dont je dispose, je n'ai rien épuisé. La basse littérature qui se serait échappée de ces égouts, d'après des pièces probablement indiscutables, aurait eu beau être accablante, la reconstitution historique du personnage, ce monument en péril, me suffit amplement.

D'ailleurs, la situation de l'historien des affaires contemporaines est unique. Vingt ans après la Terreur, n'importe quel historien pouvait dire ce qu'il pensait de la Terreur. Vingt ans après le 18-Brumaire, n'importe quel historien pouvait dire ce qu'il pensait du 18-Brumaire. Vingt ans après la Terreur blanche, n'importe quel historien pouvait s'exprimer sur la Terreur blanche ; vingt ans même, pour prendre un événement plus rapproché, après Diên Biên Phu, on pouvait interpréter l'Histoire comme on le voulait. Mais quarante ans après la collaboration et la Résistance, vingt-cinq ans après l'affaire de l'Observatoire, j'ai appris, à force de menaces, de pressions et de sollicitations affectueuses, qu'on n'avait plus le droit de parler honnêtement du passé de Mitterrand, pourtant lié à l'Histoire, de sa blessure du 14 juin 1940, de ses évasions, de sa Résistance, et de l'affaire de l'Observatoire, notamment, sur laquelle j'apporte la lumière finale. D'où vient cette nuit artificielle à la place du jour de l'Histoire ?

Le risque totalitaire, c'est quand la seule mémoire digne de confiance devient celle d'un parti officiel : c'est lui qui détient le dogme du passé. Il est toujours prêt à en offrir une version nouvelle au service du présent, à l'usage des ignares. Souvenons-nous de cette série de télévision sur Jean Moulin, financée par l'INA, sortie en décembre 1983. En fait de manipulations et de grossiers truquages, on ne pouvait rêver mieux. Sur fond du célèbre discours, volontairement fragmenté, de Malraux, qu'on entend mais sans jamais voir son visage, Mitterrand arrive tout pimpant, crève l'écran, se l'approprie, comme s'il venait de le prononcer lui-même. Veut-on savoir ce que Malraux lui déclarait vraiment, avec un incommensurable mépris : "Ah ! Mitterrand, candidat de toutes les gauches, dont l'extrême droite, laissez dormir la République ! Le choix n'est nullement entre la droite et la gauche, mais entre un homme de l'Histoire et des politiciens. Mitterrand n'est pas le successeur de De Gaulle, mais de son prédécesseur. Vous avez été onze fois ministre de la IVe, vous auriez pu l'être de la IIIe, de la IIe peut-être. Ni vous ni moi n'aurions pu l'être de la première..."

Plus loin, Malraux ajoutait prophétiquement : "vous faites de l'Histoire-fiction, comme il y a de la science-fiction". Parce que nous y sommes, le passé doit être retouché en sorte que ces événements se conforment à ceux du présent. Les archives affirment le contraire ? Qu'importe, on le corrige à coups de ciseaux avec les montages de l'audiovisuel ! Qui eût cru que cette géométrie, humaine, si profondément calculée, s'écrirait sur le sable, et qu'après si peu d'années il n'en resterait plus de traces ? Sauf celles surajoutées après coup ! Puisqu'on contrôle aussi la banque des données, il n'y a qu'à les falsifier. Pour le parti officiel, il n'y a pas de falsification, au contraire ; il y a rectification de l'enregistrement erroné.

Rectification de la vraie vie de Mitterrand, telle qu'il n'aimerait pas qu'on la voit et telle qu'il veut qu'elle nous soit contée.

Par ce qu'il nous cache et ce qu'il aimerait bien qu'on lui reconnaisse, sa légitimité historique. Est-ce parce qu'en promenant Mazarine, plutôt que de songer à reconnaître l'enfant, il s'est dit qu'on ne l'avait pas assez bien reconnu lui-même ? Comment s'y prendre ? Ce qui va suivre nous plonge en plein dans un chapitre de 1984, d'Orwell - celui du ministre chargé de réécrire les articles de journaux du passé pour les rectifier. Fallait-il que la seule démocratie occidentale à rattraper un roman d'anticipation fût la France, l'année même de sa célébration ? Ce cauchemar prophétique ne s'était pas réalisé ? On respira, on encensa l'auteur de la fiction. Personne ne s'aperçut que le roman d'un François Mitterrand, c'était aussi de l'Orwell - c'est-à-dire une anticipation ridicule du totalitarisme moderne.

L'Histoire-fiction, dénoncée par André Malraux, s'est remise en marche. De même que, n'ayant pas le CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat), l'ancien garde des Sceaux Mitterrand profita de sa charge sous la IVe pour se faire avocat par un décret faussement général, il se fit faire Résistant a posteriori par un autre décret - évidemment faussement général ! Nul n'est mieux servi que par soi-même. Ainsi avait-il son mouvement de prisonniers, dont il réussit à prendre le contrôle avec force magouilles. Sauf que, créé après 1945, le MNPGD (Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés) n'ayant, et pour cause, jamais été homologué par la Résistance, Mitterrand ne trouva rien de mieux que de le reconstituer à titre posthume. Il l'inventa par décret quarante ans après. Faut le faire !

Longue marche de l'imposture historique ! Déjà en 1978, Jean Védrine avait commencé à rassembler les interviews de son monumental dossier sur les prisonniers de guerre. En juillet 1981, Mitterrand le fit diffuser gratuitement dans toutes les bibliothèques publiques. À cette falsification préparée de longue date, seulement rendue possible par la disparition des témoins gênants, il fallait le texte officiel pour qu'elle devînt enfin institutionnelle - pour tout dire, vraie pour les enfants des écoles. Jugez-en par ce décret lui-même.

Ministère de la Défense

Décret nº 84-150 du 1er mars 1984 relatif à la situation de certaines formations de la Résistance.

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre de l'Économie, des Finances et du Budget, du ministre de la Défense, du secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, des Finances et du Budget, chargé du budget, et du secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense, chargé des anciens combattants.

Vu le décret nº 75-725 du 6 août 1975 portant suppression des forclusions opposables à l'accueil des demandes de certains titres prévus par le code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre, complété par le décret nº 82-1080 du 17 décembre 1982,

Décrète : Art. 1er. - Sur demande formulée dans l'année suivant la date de publication du présent décret, les formations de la Résistance non reconnues comme telles ou non homologuées comme unités combattantes pourront, par déclaration spéciale du ministre chargé des armées, être assimilées à des réseaux et mouvements de la Résistance ou à des unités combattantes.

Cette déclaration spéciale est établie dans le premier cas après avis de la commission nationale consultative de la Résistance créée par le décret nº 70-768 du 27 août 1970 et dans le second cas après avis de la commission spéciale prévue à l'article A. 119 du code susvisé.

Art. 2. - Un arrêté interministériel définit les conditions dans lesquelles les formations précitées peuvent obtenir la déclaration spéciale visée à l'article 1er.

Art. 3. - Le ministre de l'Économie, des Finances et du Budget, le ministre de la Défense, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, des Finances et du Budget, chargé du budget, et le secrétaire d'état auprès du ministre de la Défense, chargé des anciens combattants, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 1er mars 1984.

Pierre Mauroy

Par le Premier ministre :

Le ministre de la Défense, Charles Hernu.

Le ministre de l'économie, des Finances et du Budget, Jacques Delors.

Le secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, des Finances et du Budget, chargé du budget, Henri Emmanuelli.

Le secrétaire d'État auprès du ministre et de la Défense, chargé des anciens combattants, Jean Laurain.

Il ne fallut pas moins de cinq ministres pour parapher cette minable supercherie. Hernu, Emmanuelli, Laurain, Delors et Mauroy ! Qui était derrière, gros comme une montagne et qui, pour une fois, avait oublié d'y mettre son nom ? Signé Furax. Mitterrand, ou la réalité décrétée...

À qui profitait-elle ? Au MNPGD, pardi ! Parce qu'à part les "malgré nous" alsaciens de l'armée allemande, il n'y avait personne d'autre à faire inscrire. Ô scandaleuse distorsion de l'Histoire ! Si demain on nous enseigne, contre toute évidence, que Mitterrand fut Résistant, ce sera aussi vrai que les cigognes de Strasbourg déposent les nouveau-nés dans les berceaux. Malgré nous !

Ô mouvement lazaréen ! Ô miracle de la Rose !

On rassembla les survivants autour d'un buffet somptueux au Cercle militaire, place Saint-Augustin. Mitterrand vint les saluer, que dis-je, les mordre, en vrai vampire qui se respecte. Il n'y avait plus rien à craindre. Les morts, eux, ne ressusciteraient pas pour témoigner contre sa supercherie. Quant aux vivants, zombies reclus, arthritiques, précomateux sortis tout perclus de son poème hilarant, sa Légende des siècles, il pouvait leur faire confiance : c'étaient des mordus de Mitterrand, en quête de reconnaissance, pauvres petits mazarins recuits. "Je suis une légende", titrait l'Américain Matheson. À moins que ce n'eût été un film, la Grande Illusion ? Ou du théâtre, l'Illusion comique, de Corneille ? On nomma même un liquidateur du réseau, il s'appelait Jacques Benet - aussi benêt que son nom l'indique - lequel se chargea lui-même d'un compte rendu qu'il offrit à la vente afin que personne ne puisse soupçonner Mitterrand d'avoir acheté sa Résistance grâce à des témoignages de complaisance. Rien ne manquait à la mise en scène, petits fours, embrassades gâteuses et mythomanie collective sous le gros insigne inventé pour la circonstance - un crachat, comme on dit. Craignons qu'ils n'en reviennent d'autres sur leurs tombes : les crachats de mépris des morts de la Résistance. Messieurs, comment ne pouvez-vous pas sombrer dans la honte ? En tout cas, c'est dans le ridicule. Il est vrai qu'on s'occupe comme on peut. Il faut être tout indulgence pour les palinodies du troisième âge...

Au moins, le dossier de Védrine nous fournit-il, sans l'avoir voulu, des arguments intéressants contre le président de la République. Pourtant il limite les dégâts, après les hagiographies insensées d'un Manceron, ou d'un Charles Moulin - autre membre de la conspiration présidentialo-romanesque. Ou des ouvrages plus respectables (encore qu'abusés souvent) de F. O. Giesbert, de J.-M. Borzeix, ou Cayrol. Sur cette période de 1940-1944, ils se contredisent carrément, ou bien, d'un livre à l'autre, on constate un nouvel embellissement de cette hideuse façade de carton-pâte que j'ai le regret de démolir pour rendre la douce France à ses véritables harmonies.

Mitterrand a-t-il pu s'évader trois fois ? Sur ces affiches électorales, dans la Nièvre, il ne se vantait que de deux évasions. Comment a-t-il pu s'évader une troisième fois ? Mieux que l'honorable soldat japonais perdu vingt ans sur une île du Pacifique et croyant que la Deuxième Guerre mondiale continuait, ce Mitterrand a battu tous les records ; il a attendu trente ans pour s'évader une troisième fois, grâce à une biographie de Claude Manceron.

À reprendre Védrine, on constate que Mitterrand lui a fait l'"honneur" (rien de moins : c'est le mot qu'il a employé en me parlant, l'honoré !) d'ajouter une lettre au dossier qui l'accrédite. Et encore, quelles surprises va-t-il nous réserver ? S'il n'y avait ce livre pour l'en empêcher.

J'en frémirais d'impatience : "ce récit n'est pas exhaustif, écrit Mitterrand le 23 novembre 1978, mais je n'y relève pas d'erreur".

Moi, j'en relève, en dépit de l'extraordinaire habileté du montage. À déchiffrer attentivement Védrine, la chronologie démontre, bien malgré elle, la mystification. Entre les dates de sa deuxième évasion, le 28 novembre 1941, et celle de la troisième, le 10 décembre 1941, il s'écoule seulement onze jours. Entre-temps, il aurait pu prendre le train, être arrêté à l'hôtel Cécilia, à Metz, et être ramené au camp de Boulay, annexe de l'hospice des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, transformé en hôpital militaire pour les soldats allemands. C'est possible.

En revanche, il est impossible qu'après s'être évadé avec les dénommés Barrin et Levrard du Stalag 9 A, clos de deux rangées de barbelés d'une hauteur de trois mètres, espacées d'environ quatre mètres, plus les intervalles de chevaux de frise, très denses, plus les projecteurs balayant sans cesse la grille et qui n'avaient rien à voir avec les projecteurs complaisants que Claude Manceron, quarante ans plus tard, ferait jouer sur cette escapade avortée, les Allemands eussent eu l'imprudence de le gratifier moins d'une semaine après avoir été repris d'un traitement de faveur : camp en France et surveillance plus relâchée ! Tous les prisonniers évadés étaient envoyés dans des camps de représailles situés en Allemagne orientale et en Pologne (le célèbre Rawa Ruska). Pourquoi Mitterrand aurait-il fait exception, s'il n'y avait eu une autre anguille sous roche ?

Quelle pêche miraculeuse ! Décidément, il y a bien des anguilles dans les eaux marécageuses du passé de Mitterrand. Celles du lac Balaton, en Hongrie, en 1943, étaient pleines de roseaux et de sangsues : tout petit garçon, je contemplais le ciel plein d'escadrilles de bombardiers, confettis argentés qui survolaient ce petit pays encore neutre, dernier îlot féodal devant la grande marée russe, qui s'apprêtait à recouvrir cet ultime banc de sable. Tout commençait en conte de fées, et se terminerait en tragédie. Les Allemands n'arrivèrent qu'en 1944, et les Russes, en 1945. Après, je me terrais dans les caves de Budapest assiégée pendant cinquante-quatre jours. Un de mes livres, la Cause des peuples, raconte ces années terribles et radieuses de ma vie.

Après avoir sauté sur les genoux du maréchal Pétain, je sautai sur ceux de l'amiral Horthy, le régent, garant de la monarchie hongroise. Puis je sautai sur les genoux des évadés français, ceux qui avaient réussi à fuir les fameux camps polonais de représailles. Mon père, attaché militaire à Budapest, était dans la clandestinité l'organisateur des cinquièmes colonnes de résistance en Europe de l'Est. Il commandait environ deux mille hommes. Il les entraînait au bord du lac Balaton, avant de les envoyer en Yougoslavie ou en Slovaquie se battre contre les Allemands. Une manie, me faire sauter sur les genoux. C'est là que Barrin, le "compagnon d'évasion" de Mitterrand, me fit sauter. Sauf qu'en arrivant en Hongrie il ne s'était jamais évadé avec un Mitterrand, comme les biographies de celui-ci le prétendent. Quant à ma propre biographie, tombant d'une étagère de ma bibliothèque sur ma table, elle s'ouvrit justement sur l'intermède hongrois de mon enfance. Comme le hasard n'existe pas, détective du temps retrouvé, la Cause des peuples venait à point nommé de mon enquête borgésienne : c'est en remontant une fois de plus dans mon passé que je remontai celui de Mitterrand.

En son pauvre labyrinthe de chiffres falsifiés, de faits incertains et de témoins introuvables, je n'allais pas tarder à défaire l'écheveau d'inexactitudes : parce que cet homme tombe en quenouille dès qu'on démêle ces "parts de vérité" qui finissent par tisser le manteau de notre arlequin bidonneur. Grâce à la puissance tutélaire de mon père, qui est resté leur maître à tous, je retrouvai ces évadés, les plus rudes et les plus courageux prisonniers français, des têtes brûlées, des fous, d'immenses patriotes. Tous s'étaient évadés au moins deux fois pour se retrouver en Hongrie. Barrin est mort, mais il a fait ses confidences après la guerre. Il n'a jamais connu Mitterrand. Comment aurait-il pu s'enfuir avec lui ? D'autres en savent plus long, les frères maristes de Brive. Il y avait un homme, le frère Albert, aujourd'hui retiré à Saint-Pourçain, dont le curé, l'abbé Leclerc, mort en 1965, était le compagnon de la première évasion de Mitterrand. Je sautai sur les genoux du frère Albert. Comme je sautai sur les genoux du frère Victor, sur les genoux du frère Joseph Sandoz et sur ceux du frère Eustache, sur les genoux pointus du frère Jean-Baptiste, le Basque Bonebels, l'acrobate filiforme, évadé de Rawa Ruska. Il s'était savonné le corps pour mieux glisser, tout nu, entre les barreaux de sa cellule, et sauter dans la neige quinze mètres plus bas. C'était le plus extraordinaire risque-tout de la bande, un héros qui, entre deux prières et une partie de chistera, n'ayant jamais cessé de s'entraîner contre les hauts murs des centrales pénitentiaires nazies, retournait au combat, mitraillette au poing. Cet homme qui n'a jamais menti, je l'appelai dans le couvent où il s'était retiré. J'entendis sa voix rocailleuse cascadant un gros rire à propos de Mitterrand. À la fin de notre conversation, il me dit : "Adieu, mon petit Jean-Hedern". Je restais, pour lui, ce gosse à cheval sur ses larges épaules dans les eaux du lac Balaton, Adieu, mon grand Jean-Baptiste.

Tous ces témoignages concordent. Mitterrand n'a pu s'évader trois fois. Quant à sa seconde évasion, l'implacable logique des faits la rend aussi douteuse. Si les Allemands ne l'ont pas puni comme la première fois (deux mois au cachot), c'est qu'il ne s'est même pas évadé deux fois, mais une seule, et en ratant son coup en plus, le maladroit. Aux énigmes troublantes de la vie des êtres, les réponses se font souvent tardives : les maristes s'étaient vengés d'une manière indirecte de leur ancien élève, devenu contempteur de l'école libre, François, l'enfant hybride des deux Marie (Eugène Deloncle, dit Marie, et François Marie Méténier) et des maristes du 104, rue de Vaugirard, à Paris. Bref, si Mitterrand s'était évadé deux fois, il serait arrivé lui aussi en Hongrie, dernier pays neutre, par conséquent refuge naturel des échappés des camps disciplinaires. Je l'aurais connu à sept ans, au lieu d'attendre que ce plaisir, dont je me serais volontiers dispensé, m'arrive à trente-trois ans.

Bien sûr, j'aurais aussi sauté sur ses genoux. Comme il va sauter sur ce livre.

J'ai dû aussi sauter sur les genoux de René Picard, l'actuel président des évadés de guerre. Sans le savoir, je déjeunai avec lui, le 21 mai 1981, à l'Élysée. Perdu au milieu des tablées de grands obligés ou de gros obligeants, les mordus de Mitterrand. Picard, c'était l'adjoint du lieutenant de Lanurien, l'un des bras droits de mon père, qui lança les commandos dans les neiges de Bohême sous les hautes tours des châteaux pour contes de vampire. Sans doute fut-il mordu lui aussi, sans le savoir... par la prescience mitterrandienne. Quand je lui téléphonai, il fut bien aimable. Il avait même sur sa cheminée ma photo, au bord du lac Balaton, habillé en petit marin. Mais quand nous en arrivâmes à l'épineuse question des évasions du président de la République, il parut soudain extrêmement gêné. Comment se faisait-il que Mitterrand n'eût même pas la médaille des évadés ? Cet évadé surhumain, ce fou de décorations, il les a toutes sauf deux : celle de compagnon de la Libération, attribuée aux seuls Résistants, et celle-là, qui serait sûrement à ses yeux sans prix, puisqu'elle consacrerait les plus beaux exploits, ceux qu'il s'est attribués lui-même. Picard s'enferra : il n'a pas la médaille parce qu'il faut, pour l'avoir, le témoignage de deux camarades ayant assisté à l'évasion, sans y avoir participé. Alors comment se fait-il que dans les camps où il aurait séjourné, le Stalag 9, à Kassel, à deux reprises, et le camp de Boulay, jamais personne ne l'ait vu s'évader ? Comment se fait-il que la troisième fois, si l'on en croit Manceron, l'historien officiel du septennat, un certain Galand selon Védrine, ou Baland selon Manceron, "se serait arrangé pour couvrir son évasion par des mouvements apparemment affolés de prisonniers qui semèrent la confusion" ? Comment ne s'en est-il pas trouvé un seul pour témoigner de cette troisième évasion ? Gaston Acadias, l'un de ses compagnons de Stalag, habitant de Tonnay, en Charente, affirme, lui, qu'il ne s'est jamais évadé. Comment se fait-il que même ses compagnons d'évasion n'aient pas témoigné ? Ni l'abbé Leclerc, pour sa première évasion - dont le frère Bonebels me déclara qu'il en pensait, pour d'obscures raisons, le plus grand mal ? Ce qui tendrait à démontrer que même la première évasion cache, elle aussi, une part de mystère. Ni Levrard ni Barrin pour sa seconde évasion, ni les innombrables prisonniers qui firent courir, à Boulay, le bruit de son évasion, ni le Baland, ni le Galand, selon Manceron ou Védrine, qui ne sont jamais d'accord entre eux sauf pour cirer les pompes du Mitterrand qui les cautionne tous les deux ?

En revanche, il y en a un qui aurait pu le faire, mais on l'en a empêché. Pourtant Mitterrand aurait pu se balader partout avec lui, en le présentant comme son ami. Il aurait même été son unique caution, s'il l'avait voulu. À lui tout seul, cet ancien proviseur du collège Saint-Martin, à Pontoise, du nom de Louis Amadieu, valait bien une demi-médaille des évadés, puisqu'il lui fallait, je le répète, un autre témoin pour la mériter tout entière. Il est même singulièrement curieux que, après qu'il fut interrogé au début du dossier Védrine, son témoignage, qui eût été inestimable, ne mentionnât même pas qu'il avait tenté de s'évader avec Mitterrand lors de sa prétendue troisième évasion.

Voici ce que Védrine lui a demandé de ne pas raconter. Homme désintéressé et indifférent, membre a posteriori du MNPGD, mais surtout plus sérieusement du réseau Alliance de Marie-Madeleine Fourcade, Amadieu, ce véritable Résistant, n'a pas cherché à en savoir plus. Il se contentait de faire plaisir à de vieux copains, remâchant bien étrangement ce maigre bout de gras du passé qu'ils auraient bien voulu avoir. Voici ce qu'il raconte : "Un matin, dans la cour du Stalag, il y a un appel pour décharger un wagon de pommes de terre en dehors du camp. Mitterrand, qu'on n'aurait pas cru à ce point amateur de patates, se porte aussitôt volontaire". Purée ! On se demande bien pourquoi cette subite détermination. Toujours est-il que personne d'autre parmi les prisonniers n'ayant manifesté une envie particulière de l'accompagner, on en désigne quelques-uns, parmi lesquels se trouvait Amadieu. Au cours du déchargement, Mitterrand prend ses jambes à son cou, faussant compagnie aux Allemands, qui tirent dans tous les sens, sauf dans le sien ; Amadieu se cache dans le wagon, quelques prisonniers, même, se font cartonner par les sentinelles. On savait déjà Mitterrand immense, mais pas à ce point-là.

Pourquoi cette histoire est-elle restée si soigneusement cachée ?

D'abord parce qu'elle est parfaitement ridicule, ensuite parce que c'est la plus grosse de toutes les anguilles, mais sous un sac de pommes de terre. Tout simplement, elle montre que l'évasion n'aurait pu se faire sans la complicité des Allemands. Ils l'ont permise, ils l'ont favorisée. Mais c'est Mitterrand qui a imaginé la mise en scène.

À vrai dire, on lui pardonnerait volontiers de s'être ainsi évadé, puisque, l'essentiel étant de s'en sortir, tous les moyens étaient bons, même la collusion avec l'ennemi.

L'important, c'est l'éclairage psychologique que donne l'évasion à l'individu. Mitterrand répète toujours, selon un même processus mental, la même supercherie. Sa seule finalité : se faire valoir.

Ô obscures années d'apprentissage ! Le coup monté de Boulay, c'est la répétition générale de celui de l'Observatoire en 1959.

 

© Jean-Hedern Hallier, L'honneur perdu de François Mitterrand, pp. 80-98

 

 

La récente disparition de Jean Dutourd (mi-janvier 2011) me conduit à re-parcourir quelques-unes de ses œuvres, et je trouve dans © Le siècle des lumières éteintes (chez Plon, 2001) le billet suivant, publié dans France-Soir, le 18 janvier 1997. Il me paraît avoir parfaitement sa place, ici.



Jean-Edern


Lorsque André Breton mourut en 1966, il y eut un concert de lamentations. C'était à qui pleurerait le plus fort. J'en étais abasourdi. Je me disais : "C'était bien la peine d'avoir été le pape du surréalisme, d'avoir mécontenté ou brisé tant de gens, d'avoir jeté tant d'anathèmes, d'avoir foudroyé et maudit toute sa vie durant, pour être enseveli sous les louanges comme le dernier des imbéciles !" J'écrivis sur l'événement un petit article dans lequel il y avait cette phrase : "Malheur aux cadavres sur lesquels personne ne vient cracher !" Les quelques survivants du surréalisme, les derniers fidèles de Breton, ne me le pardonnèrent jamais. Pourtant, sous ma plume, ce n'était pas une injure. Plutôt un regret.
Jean-Edern Hallier qui, en dépit de ses tribulations, avait, en somme, réussi sa vie, aura réussi également sa mort. Ce n'est pas un concert de lamentations qui l'a accompagné au tombeau, mais un charivari d'insultes. Lui, vraiment, ne pourra pas se plaindre qu'on n'ait pas craché sur sa tombe. Tous les ânes de l'intelligentsia parisienne (et il y en a) y sont allés de leur coup de pied. Un lion mort, c'est une aubaine " à profiter de suite", cela ne se rencontre pas tous les jours. La gazette la plus nécrophage lui consacra sa première page sous le titre " Le roman d'un tricheur", ce qui était, ma foi, bien choisi, attendu que l'existence de Jean-Edern, du commencement à la fin, a été le contraire d'une tricherie.
Il a été vrai, et j'oserai même dire pur en tout, qu'il s'agît de littérature ou d'action. En tant qu'écrivain, il possédait ce don si rare, qu'il publiait, article ou livre, allait jusqu'au fond des choses, et les éclairait d'une lumière incontestable. On le décore du nom de polémiste, mais c'est faux ; il était avant tout un artiste. Je veux dire par là que sa main le menait où il devait aller autant que son intelligence. Il aura été le poète lyrique de notre temps. Ce lyrisme s'épanouissait quelquefois dans l'imprécation, comme chez le père Hugo, que bien des pieds-plats du xixe siècle tenaient pour un énergumène ou un  hurluberlu, mais qui était, à sa façon, l'honneur de la France.
Quant à la politique, Jean-Edern n'a jamais volé au secours des vainqueurs, comme l'ont fait (ou auraient bien voulu le faire) ceux qui le piétinent aujourd'hui. Au contraire, on le trouvait chaque fois qu'il le fallait du côté des vaincus. Il a été avec infaillibilité le champion des causes perdues, et grâce à lui, grâce à son esprit, à son génie, elles n'ont pas été tout à fait perdues. Il a défié sans peur les puissants. Et finalement il est parvenu sinon à les terrasser, tout au moins à les démasquer. Et à cause de lui, c'est sans leur masque les authentiques imposteurs, les authentiques "tricheurs" seront jugés par l'Histoire, si tant est que l'Histoire daigne ne pas les oublier tout à fait.
Il faut dire les choses comme elles sont : avec la mort de Jean-Edern Hallier, ce n'est pas seulement la littérature française qui est en deuil, c'est aussi la morale et l'esprit français.

 

 


 

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Tourné en 1983, ce film auquel Hallier fait une grinçante allusion présente en effet de troublantes similitudes avec des réalités que la France des travailleurs ignorait scrupuleusement, et devait ignorer quelques années encore. J'ajoute deux commentaires concernant ce film, tous deux en langue anglaise. Faites un effort, ils sont assez savoureux.

 

 [Adieu la saveur ! Commentaires supprimés le 21 août 2016, sur plainte d'un connard amerloque, et après injonction de Google, "conformément au DMCA". Merci, Big Brother !]

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