Ainsi donc, on nous annonce que Jack Lang, jamais en retard d'une mesure médiatique, veut remettre la Marseillaise à l'ordre du jour ; de la part d'un dandy anarcho-bisexuel, c'est pas mal... Dans le cadre du plan "une chorale par école", un livre-CD sur "La Marseillaise" (ce livret s'ouvre d'ailleurs sur la Marianne métisse de Jean-Paul Goude, mais à quel titre ?) sera diffusé dans les établissements scolaires de France et Lang a fait appel (pour écrire le livret) à l'historien (aixois) Michel Vovelle, qui n'est certes pas la moitié d'un con.
Espérons qu'avec l'appui de cette autorité incontestable, Lang connaîtra plus de succès que son prédécesseur Chevènement à ce même poste : on se souvient peut-être qu'il y a quinze ans, la tentative de ce dernier, en complète symbiose d'ailleurs avec sa personnalité gaullo-patriote, non seulement resta lettre morte, mais encore fut moquée : la chaîne A2 n'avait pas hésité à présenter le témoignage d'un prof d'école normale qui préférait apprendre, à ses élèves-enseignants, le Pont d'Avignon...
Le "Chant de guerre pour l'armée du Rhin", composé à Strasbourg le 25 avril 1792, au lendemain de la déclaration de guerre à la Hongrie, comprend sept couplets. Gageons que la version Lang-Goude-Vovelle ne produit que les six premiers. Et pourtant une des premières éditions gravées du chant de Claude Rouget de Lisle (au Musée de l'Histoire de France - Archives nationales) comporte bien sept couplets, le dernier étant en quelque sorte l'aboutissement et la justification des six autres (c'est pourquoi toutes les éditions - souvent contradictoires entre elles - du "texte intégral" me donnent à sourire). Le produire ici, afin de le faire connaître - et peut-être apprendre - me paraît plus important que la Marseillaise de Goude. Mais bof, ce que j'en dis... Au fait, je signale à tout hasard comme fort estimable l'ouvrage d'Hervé Luxardo consacré à l'Histoire de "La Marseillaise" (chez Plon, 1990, 242 p. 20 €)]

 

 

Que l'amitié, que la patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux
Ayons toujours l'âme nourrie
Des feux qu'ils inspirent tous deux [bis]
Soyons unis, tout est possible,
Nos vils ennemis tomberont
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :

Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons...

 

 

Note du 16 février 2003 : lorsque j'ai mis en ligne ce septième couplet, voici dix mois, il était totalement inconnu sur le Web (sinon, je ne l'aurais pas déposé). Aujourd'hui, il fleurit dans quatre ou cinq endroits différents, sans qu'on ait daigné m'avertir. La Marseillaise est notre bien commun, n'est-ce pas ? Alors, sourions...