"Ce n'est pas en Une du Canard, pas vraiment déchaîné ce matin, mais du Monde, plus que jamais gardien de l'intégrité morale de la politique et, dans une moindre mesure, du Figaro, qui a flairé la bonne diversion, que s'étalent les dernières « révélations » sur l'affaire du financement des partis politiques entre 1990 et 1995, par le biais des marchés publics des lycées d'Île-de-France. Dans Libé, en revanche, pas une ligne.

Le Monde publie donc, sans qu'on sache comment il se les est procurés, de larges extraits des «déclarations faites devant la police et les juges d'instruction par les responsables du financement des trois formations concernées » – Louise-Yvonne Casetta pour le RPR, Jean-Pierre Thomas pour le PR (devenu DL) et Gérard Peybernès pour le PS – et en conclut qu' « une entente financière secrète entre des partis politiques de bords opposés [...] telle semble avoir été la véritable nature du système mis en place, entre 1988 et 1996, autour des marchés de construction et de rénovation des lycées d'Île-de-France ».

Une affaire d'autant plus monstrueuse que « cette entente entre adversaires politiques pour truquer des appels d'offre en échange de dons des entreprises a eu lieu à une époque où les partis bénéficiaient des premières lois de financement public [1988, 1990, 1993 et 1995, ndrl] ».

Tout le monde en a profité, le PC étant cité « par allusions », et plutôt deux fois qu'une : « un chiffre permet d'évaluer la dimension du 'système' ainsi constitué : sur les 28 milliards de francs que représentaient les marchés des lycées, 2 % auraient été détournés à des fins politiques ».

 

Le Monde appelle au départ des magouilleurs".

 

 

Voilà où nous en sommes, dans notre République bananière gangrenée. Et l'autre a beau dire, la corruption, c'est du passé, chacun rigolera et pensera, mon œil ! Mais lorsqu'il a ajouté je suis stupéfait et... profondément blessé, et même : j'peux pas y croire, alors c'est nous qui avons été stupéfaits, et même stupéfiés. Et profondément blessés qu'on nous prenne pour des gogos. Comme a dit l'excellent Monsieur Barre (on le qualifiait jadis, avec un mépris condescendant, de "professeur"), «dès qu'il y a soupçon, il vaut mieux partir ».

Mais ils ne partiront pas. Et si cela ne se passait que dans les hautes sphères... Mais non, à tous les niveaux, jusqu'à celui de l'humble commune... Pour ne rien dire du bien triste Papamadit...

Alors, peut-être est-ce le moment de lire ou relire d'autres textes, présents sur ce même site, et en particulier :

- Les Suisses sont-ils fous ? d'Henri Amouroux.

- Démocratie française : le renouveau, ou la mort de Nicolas Baverez.

- Dignité électorale de Gilbert Record.

 

Première partie de ce texte, d'après © le Petit Journal de ce mercredi 13 décembre 2000]
[© Dessin de Plantu in Le Monde du 12 décembre 2000

 

 


 


Texte soumis aux droits d'auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.